Le choc! Car si tout le monde s'attendait à ce que Ennahdha ait une part respectable dans les résultats du vote du 23 octobre, personne ne pensait qu'elle puisse carrément 50% des voix des Tunisiens à l'étranger; ceux qui sont supposés être les plus modernistes et les plus sensibles aux tendances politiques libérales! Et les résultats à l'intérieur ne promettent rien d'autre que le haut du pavé pour R. Ghannouchi & Co. Pourtant... Think Again, comme disent les Anglo-saxons: faut-il se laisser aller à cette peur irraisonnée des islamistes qui s'est emparée de beaucoup de nos concitoyens? Nous n'allons prendre parti ni pour le 'oui', ni pour le 'non' mais simplement vous exposer quelques faits qui vous permettront peut-être de voir plus clair dans les résultats qui placent Ennahdha au-dessus du lot (et qui véhiculent les peurs dont on parlait plus haut); en vérité 5 points en tout. Le premier fait, c'est le verdict des urnes. Les Tunisiens ont choisi et il faut respecter cela... nous avons revendiqué la démocratie et celle-ci place la voix des électeurs au-dessus de tout. Que l'on ne vienne donc pas nous parler de démocratie moins un, cela n'a pas le moindre sens. Le second, c'est la Turquie. Car les Tunisiens qui ont voté pour Ennahdha avaient pris pour argent comptant les parallèles faits sciemment entre le gouvernement AKP de la Turquie et un futur gouvernement Ennahdha en Tunisie... avec tous les ingrédients que nous connaissons tous. Le troisième, ce sont les 20 ans d'exil des leaders d'Ennahdha en Grande-Bretagne. Là où tout le monde imagine que ce voisinage de R. Ghannouchi & Co. avec les Britanniques aura changé sa perception des choses pour plus de civil et moins de chariaa. Le quatrième, c'est la nature de coup d'essai qu'ont ces élections. Car Ennahdha sait pertinemment que le vote pour l'ANC (Assemblée nationale constituante) n'est que l'antichambre des trois élections radicalement plus importantes pour tenir le pouvoir: les élections municipales, législatives et la présidentielle. Le mouvement ne prendra sans doute pas le risque de faire le fou au sein de la Constituante parce qu'il sait que cela signera son arrêt de mort politique. Le cinquième point, c'est le 4ème et le 5ème Pouvoirs: la presse et la société civile (y compris la rue) dont les yeux seront braqués sur les comportements d'Ennahdha au sein de l'Assemblée et qui ne laisseront pas passer la moindre menace contre la modernité de la Tunisie. L'Assemblée a beau être un pouvoir originel et la plus haute légitimité dans le pays, elle n'est pas invulnérable à la colère des Tunisiens!