Les islamistes du Parti justice et développement (PJD), qui entendent bénéficier de la dynamique créée par la victoire du mouvement Ennahdha en Tunisie, ne sont pas sûrs de gagner les élections législatives. Trois facteurs l'expliquent selon de nombreux analystes. C'est parti. Le Maroc, qui organisera le 25 novembre 2011 des élections législatives, a entamé, le mercredi 3 novembre, la première étape devant conduire le royaume chérifien à renouveler la Chambre des représentants qui passe de 325 à 395 députés. Les candidats aux législatives du 25 novembre ont commencé à déposer les listes qui devront se présenter aux suffrages des Marocains; et ce pour des élections jugées historiques puisque s'inscrivant dans la lignée des réformes engagées par le roi Mohamed VI et annoncées dans son discours du 9 mars 2011. On sait que ce discours a été suivi par le référendum du 1er juillet 2011 portant sur une Constitution plus à même de répondre aux attentes du peuple marocain en instituant notamment une monarchie constitutionnelle. Le dépôt des candidatures engagé le 3 novembre devra se poursuivre jusqu'au 11 novembre. L'opération sera directement suivie par la campagne électorale, qui démarre, donc, le 12 novembre, et se termine le 23 novembre. La journée du 24 novembre sera celle, comme toutes les démocraties, dite du silence électoral. «Un Parlement issu d'élections libres et sincères» Le pays semble bien s'y être préparé: tous les partis en lice ont déjà fait connaître leur programme. Et l'Etat marocain a augmenté de 10% le financement de la campagne électorale, soit 220 millions de dirhams (10 dirhams équivalent à 1,7 dinar tunisien). Cette somme était, lors des dernières législatives de 2007, de 200 millions de dirhams. Le plafond du financement de la campagne électorale, fixé par la loi, en 2007, à 250.000 dirhams est, en outre, en augmentation, puisqu'elle passe à 350.000 de dirhams. On se souvient, à ce propos, que le souverain a été, dans son discours du 9 mars 2011, d'une grande clarté concernant ces élections: elles doivent aboutir à «un Parlement issu d'élections libres et sincères». Mais, sans doute, plus que les préparatifs engagés par le Maroc pour faire réussir ces élections, la rue marocaine et les observateurs s'interrogent sur celui qui devra gagner les élections du 25 novembre. Les regards sont pointés notamment en direction du PJD (Parti de la Justice et du développement), un parti islamiste, qui entend bénéficier de la dynamique créée par la victoire du parti Ennahadah en Tunisie. Ce dernier, qui est déjà- dans les «starting bocs» pour reprendre le titre donné à une récente dépêche de l'Agence France Presse, datée de Rabat, par le site du quotidien français Le Parisien du 2 novembre 2011, fourbit ses armes. Le PJD a lancé un programme ambitieux de 1.500 propositions devant notamment donner un réel coup d'accélérateur au développement du Maroc dans le cadre d'une politique assurant une réelle justice sociale et une lutte sans merci contre la corruption. Abdelilah Benkirane, son secrétaire général, a du reste affirmé que sont parti était prêt à «assumer la responsabilité gouvernementale». Il a promis, dans la foulée, d'augmenter de moitié le salaire minimum, et d'assurer une croissance de 7%. Le PJD n'aurait pas tellement la côte Qu'en sera-t-il réellement? De nombreux observateurs ne sont pas de l'avis que le PJD puisse gagner facilement. Ils fondent leur analyse sur trois éléments. Le premier? Le PJD ne pourra pas jouer de la fibre religieuse dans la campagne électorale. Tous les Marocains savent depuis toujours que le roi est la seule et unique garantie en matière de défense de la religion musulmane. Il est l'Emir des croyants. Deuxièmement, et si l'on croit les résultats d'une enquête d'opinion, publiée le 24 octobre 2011, et réalisée par deux institutions françaises, le Think-Tank «Institut Thomas More» et le bureau d'analyse «Tendances Opinion», le PJD n'aurait pas tellement la côte. Le parti islamiste marocain n'occuperait que la quatrième position avec 9% seulement des voix. Le recours à des instituts étrangers trouve du reste son explication dans l'interdiction faite par la loi pour les organismes marocains de publier des sondages à un mois des élections. Troisièmement, et c'est sans doute là le facteur jugé le plus important: la constitution d'un large front uni de huit partis, jugée, ici et là, de «coalition contre nature» et de «manuvre pour barrer la route aux islamistes du PJD». Cette coalition est formée du Rassemblent national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP), de l'Union constitutionnelle (UC), du Parti authenticité et modernité (PAM) (majoritaire à la Chambre des représentants), du Parti travailliste (PT), du Parti socialiste (PS), du Parti de la gauche verte (PGV) et, enfin, du Parti de la renaissance et de la vertu. Les quatre premiers partis, noyau dur de la coalition, disposent dans la Chambre pour ainsi dire sortante à eux seuls de 166 sièges sur les 325 que compte cette dernière (51%). Le PJD ne compte quant à lui que 46 députés. Nous y reviendrons.