Samedi 24 décembre 2011. 10 heures. Avenue Othmane Ibnou Affane, à El Menzah VI. Pantalon en coton et pullover en laine, Nourreddine, le geste sur et le pas mesuré, a pris soin de placer quelques sapins sur le trottoir à proximité de la boutique de fleuriste qu'il tient sur cette grande avenue. Il a même installé un sapin savamment décoré de guirlandes et de boules multicolores à l'entrée de sa boutique. S'il ne se plaint pas trop, Noureddine estime, cependant, que les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Ce fut un temps où il vendait bien plus que ces 20 et 40 sapins qu'il offre au regard de ces clients entre les 20 et 24 décembre. Am Chedly, qui a maintenant près de 80 ans, fleuriste au marché Lafayette, à Tunis, est du même avis. Il se souvient en effet de ce temps ancien dans les années 60 et 70- où il lui arrivait à écouler «jusqu'à 200 sapins que lui procurait un ami commerçant à Aïn Drahem, dans le Nord-ouest du pays». Une bûche de Noël au chocolat «On rassemblait les sapins dans le grand parking de la rue de Palestine (anciennement rue Courbet) où se dresse aujourd'hui un grand centre commercial», poursuit-t-il. «Certes, le réveillon de Noël est l'occasion pour nous fleuristes de vendre des fleurs. Mais les temps sont durs de nos jours», déplore-t-il. Pas très loin de la boutique que possède Nourreddine, une pâtisserie a placé une grande table pour exposer des bûches, qui constituent sans doute les desserts les plus prisés pendant les fêtes de Noël. On y trouve pour toutes les bourses et pour tous les goûts: bûche de Noël chocolat, des bûches de Noël au thé vert, des bûches de Noël à l'ananas et à la mangue, des bûches de Noël au citron L'employé qui est en charge de la vente des bûches souligne lui aussi que le commerce n'est plus ce qu'il était. «Seuls pratiquement les étrangers ou les couples mixtes fêtent de nos jours le réveillon de Noël», rappelle-t-il. «On y rencontre, en outre, parmi les personnes qui réveillonnent, certains couples de Tunisiens 100% musulmans. Ils sont pour l'essentiel des Tunisiens qui ont longtemps vécu en Europe ou qui fêtent Noël pour faire plaisir à leurs enfants ou leurs petits-enfants installés sur le Vieux continent», assure-t-il. C'est une bûche de Noël au chocolat qu'Yvette est venue chercher dans une pâtisserie du côté de La Marsa, qui «prépare de bons gâteaux français». Yvette, 36 ans, est employée dans une entreprise française installée dans la banlieue Nord de Tunis. Française et originaire de la région marseillaise, c'est donc tout naturellement qu'elle fête Noël avec son époux Vincent, qui gère la société où elle travaille, et son fils Michel, 6 ans. Des santons de Provence Yvette a évidement installé son sapin dans la salle à manger de la coquette villa qu'elle loue à La Marsa. Un sapin qu'elle a décoré de guirlandes et de boules rouges et blanches. Avec au menu des fruits de mer, du foie gras, de la dinde et une bûche de Noël. Elle a également fait sortir les santons de Provence, des petites figurines en argile représentant la crèche de Noël où l'on observe un âne et un buf. Les cadeaux, et c'est là un des aspects importants de la fête, Yvette ne les a pas oubliés. Il faudra bien satisfaire les attentes de Michel qui «a écrit au Père Noël pour lui demander un train électrique». Un train qu'Yvette a acquis, il y a deux mois, dans un magasin d'Aix-en-Provence, et qu'elle a bien caché au regard de Michel. «Il retrouvera son train chéri, dimanche 25 décembre, au lever dans ses pantoufles. Il ne sera que content», lance-t-elle sans esquisser un léger sourire. Nous sommes toujours samedi 24 décembre 2011. Samir et Amira reçoivent dans leur villa, du côté du Kram, parents et amis pour un savoureux repas de Noël. «C'est certes Noël, mais c'est aussi une belle occasion pour se retrouver en proches, affirme la maîtresse de maison, qui s'est mise sur son trente-un: une chemisette blanche et un pantalon noir, tous de marque. La salle à manger accueille là aussi un sapin de Noël. Mais Samir et Amira ont choisi de planter un sapin en plastique qu'ils rangent une fois la fête terminée dans un carton dans la cave de leur maison. Pour le reprendre une année plus tard. Une étoile rouge Pourquoi un sapin en plastique? «Parce qu'un sapin naturel, çà contient des épines qui «salissent» le sol. Sans oublier, qu'à la longue, cela coûte bien moins cher», avoue Samir, qui vit en France, mais qui fait de fréquents allers/retours entre la France et la Tunisie où il a une entreprise. Amira a, ici aussi, soigné sa table. On y retrouve notamment les treize desserts que «prescrits» les traditions culinaires de Noël: des glaces, du chocolat, des fruits, des fruits secs, des pruneaux, des gâteux, une bûche Dans la maison qu'elle occupe une partie de l'année avec son époux et ses deux charmants enfants, un garçon et une fille, Amira a placé un peu partout les guirlandes de différentes couleurs: sur les miroirs, sur les portes, dans les coins de la salle à manger et sur les rideaux. Comme elle a planté une étoile rouge, toujours en plastique, au bout du sapin qui repose sur un solide trépied. De cette soirée, elle compte garder des photos qu'elle commentera l'année prochaine. Au cours du prochain réveillon de Noël.