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Tunisie : Tariq Ramadan, «Le printemps arabe est un jeu d'échecs»
Publié dans WMC actualités le 27 - 02 - 2012

Tariq Ramadan, connu aussi pour être le petit-fils de Hassen Al Banna, fondateur des Frères musulmans, affirme que cette visite n'est liée à aucun courant politique. «J'ai reçu des invitations de toute part. Dès le départ, j'avais une position claire. J'avais envie de venir. Mais mon souci était de ne pas être un instrument de récupération dans un sens ou dans l'autre», lance-t-il, lors de la conférence de presse organisée le 25 courant.
C'est la librairie Al Kitab qui a organisé tous les événements de la visite, englobant une table ronde avec des intellectuels tunisiens à Beit Al Hikma, une conférence au Palais des congrès, des séances de dédicaces de son livre et des rencontres avec des politiciens tunisiens, parmi lesquels le président provisoire Moncef Marzouki. «Je suis venu pour écouter, échanger et poser des questions», a-t-il dit.
Quant à ces origines familiales, l'intellectuel suisse affirme ne pas les nier, et ce n'est pas une faute. «Je dirais même que c'est une insulte de le penser. Je suis né en Europe et je suis le fils de mon grand-père. Et comme toute figure historique, il y a des questions avec lesquelles j'adhère et d'autres que je mets dans leur contexte historique», explique-t-il.
Révolution ou soulèvements?
M. Ramadan a sa propre vision de ce qui se passe actuellement dans le monde arabe. Le terme «révolutions» n'est pas approprié, selon lui, et lui préfère le terme «soulèvements» dans lesquels les forces occidentales, spécialement les Etats-Unis d'Amérique, ont eu un rôle dans leur aboutissement. Selon lui, cette volonté de démocratiser le Moyen-Orient n'était pas nouvelle et date de 2003, lorsque le président George W. Bush expliquait que l'islam ne s'opposait pas à la démocratie et que la guerre en Irak était un premier pas vers un mouvement démocratique global au Moyen-Orient.
«Le gouvernement français a été pris de vitesse par les événements mais pas les Etats-Unis. Il y a même des preuves que le département d'Etat américain était impliqué dans le départ de Ben Ali. Il ne faut pas être naïf sur les enjeux politiques. Les Américains ont beaucoup d'espoir pour la Tunisie parce qu'ils veulent montrer que ça marche», pense-t-il.
Dans son livre, il parle de formations dispensées pour des jeunes activistes et blogueurs dans trois ONG financées par l'Etat américain (Albert Einstein Institute, Freedom House et International Republican Institue). Toutefois, il précise que les soulèvements arabes, ni totalement imprévisibles ni totalement autonomes, ne sont pas des manipulations sous contrôle de l'Occident comme le suggèrent les plus pessimistes.
«Ce que je vous dis est que le printemps arabe qui nous a été présenté comme un effet domino, c'est un jeu d'échecs. La Tunisie peut réussir et les autres peuvent échouer. Ce que je demande aux Tunisiens comme pour tous les Arabes, soyez moins émotionnels et plus lucides sur les enjeux!», ajoute Tariq Ramadan. Des enjeux qui prennent compte de la réalité politique des tensions internationales entre d'un côté les nouveaux acteurs (Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud, Turquie) et les anciennes forces politiques (Etats-Unis et l'Europe), de l'autre.
Islam politique…
Et l'Islam politique dans tout cela? Pour lui, ce qui se passe actuellement dans le monde arabe a montré que l'islam politique n'a jamais disparu comme le prétendait certains intellectuels européens à l'instar de Gilles Kepel. Il ne suffisait pas d'une dictature pour arrêter l'opposition islamique. «En Europe, et durant les premiers moments des mouvements populaires de résistance, on a tout de suite entendu «attention les islamistes!». Ben Ali lui-même l'a dit, et puis on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas. Il a fallu leur rappeler que ceux qui se sont soulevés en Tunisie ou en Egypte n'étaient pas moins musulmans parce qu'ils aspiraient à la liberté et la démocratie. Il y avait un discours très positif. Puis, il y a eu les élections et le premier discours est revenu… Jean Daniel a même dit que «Dieu a volé la révolution tunisienne», cite-t-il.
Dans les sociétés arabes d'aujourd'hui, il n'y a pas un seul courant islamiste mais plusieurs courants. Il y a des tendances très différentes. Et tous les courants qui acceptent l'Etat de droit et le processus démocratique doivent être partie prenante, sans pourtant être moins vigilant à leur égard. Il ne s'agit pas de plaire aux forces occidentales. Il estime que les différentes tendances politiques doivent se parler et sortir de la polarisation, en ajoutant que certains, en Tunisie, ont plus l'esprit à Paris que l'esprit à Tunis, importance des positionnements intellectuels et une laïcité de combat qui n'est pas tunisienne.
«Il ne suffit pas d'être Tunisien avec le passeport et Français avec l'esprit. Il faut décoloniser vos têtes. Mais ça ne veut pas dire qu'en décolonisant sa tête, on ne pose pas les vraies questions. Est-ce que ceux qui se référent à l'islam vont respecter la liberté? Est-ce qu'ils vont poser les vraies questions? Il faut prendre les gens au mot. Aller compter le nombre de foulards dans la rue pour savoir si la société est islamiste, ceci ne m'intéresse pas! Ce qui m'intéresse c'est de savoir combien d'emplois vous avez créés? Quel type de politique économique vous adoptez? Quel type de relations régionales vous construisez?», lance-t-il.
Laïcité…
D'un autre côté, il a souligné qu'il ne suffit pas non plus d'être laïc pour être libéral. Ce n'est pas une garantie intellectuelle de démocratisation. Selon lui, la laïcité telle que vécue en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est totalement différente de celle de l'Europe. Alors que celle-ci est venue pour sépare les deux autorités, politiques et religieuses, dans le monde arabe, elle était un prétexte pour contrôler la religion. Ce qui fait que la laïcité est actuellement perçue comme contraire à la religion. On la mélange même avec l'athéisme.
Il a aussi signalé qu'il ne faut pas nier le référentiel musulman, au contraire il faut le rendre exclusif à toute autre référence. Il est nécessaire de cultiver les diversités plutôt que renvoyer les différences. «La référence éthique et la référence religieuse ne sont pas les seules à faire le parfum d'un pays. Le parfum d'un pays c'est sa diversité culturelle, c'est aussi l'art, c'est l'expression artistique. Ceci fait, d'ailleurs, partie de nos traditions islamiques».
Tariq Ramadan estime qu'on peut être musulman pratiquant et vivre dans un Etat civique (madani). «C'est ce qui constitue la spécificité de l'islam, de ne pas s'imposer à l'Etat comme le clergé s'impose; mais de donner à l'Etat la possibilité d'être élu. Si on comprend très bien la laïcité, il n'y a aucun problème à être musulman et laïc».
Polarisation…
Concernant le débat controversé entre le courant islamiste et le courant laïc, il a indiqué qu'il ne faut pas tomber dans la polarisation et justifier ses propres défaillances à l'autre. «Cette société tunisienne a plusieurs identités, plusieurs cultures, plusieurs langues. Il y a une majorité religieuse mais qui n'est pas exclusive. A partir de ce moment, il faudra gérer la pluralité plutôt que rejeter les spécificités et les singularités. C'est une donnée très importante qui déterminera l'avenir de la Tunisie et de la région», a-t-il tenu à préciser.
D'ailleurs, la controverse suscitée suite à la visite du prédicateur égyptien Wajdi Ghoneim, est, selon lui, révélatrice de ce qui se passe en Tunisie. Chaque mouvement va essayer de trouver un élément pour susciter la controverse et amener les gens à la polarisation, alors qu'il faut absolument éviter cela. «Il faut éviter les manipulations, être moins émotif et plus politiquement conscient. A un moment, il faut ignorer les controverses contreproductives. Vous allez gagner en construction politique du pays. De tous les pays, vous êtes le pays le plus avancé et qui a plus de chance de réussir. Il faut être patient, Ben Ali est parti vite, la construction du pays va prendre du temps. Transformez l'émotion du soulèvement en intelligence de la construction!».
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