Une étude élaborée par la Banque mondiale montre que les normes et le qualificatif de "familles pauvres" ne s'appliquent pas à 80% des ménages qui bénéficient, actuellement, du Programme national d'aide aux familles nécessiteuses (PNAFN), alors que 75% des familles réellement pauvres ne bénéficient pas des interventions de ce programme. Lors d'une réunion tenue récemment à Tunis, en présence de représentants de la direction de la promotion sociale au ministère des Affaires sociales, des experts de la Banque mondiale ont mis en garde contre la poursuite de programmes d'aides sociales, qui se sont avérés défaillants en matière de ciblage des catégories pauvres, lesquelles devraient être concernées par ces programmes. Les experts de la BM ont repéré plusieurs lacunes dans les programmes adoptés par le gouvernement, en ce qui concerne l'octroi des aides sociales, notamment le PNAFN et le programme national de soins à tarifs réduits (PNSTR). Un responsable du ministère des Affaires sociales, qui a requis l'anonymat, a indiqué que "les experts de la Banque mondiale ont appelé à la révision des critères adoptés pour l'octroi des aides et à recourir à des instruments scientifiques plus précis, pour garantir une meilleure efficacité de ces programmes". Selon lui, les programmes adoptés "n'ont pas contribué à la réduction du taux de pauvreté, estimé actuellement à 11%, ni à la diminution des disparités régionales qui étaient la cause directe de la révolution du 14 janvier 2011". Il est à rappeler que le gouvernement actuel avait annoncé, dans le cadre de son programme économique et social, l'élargissement de l'éventail des aides destinées aux familles nécessiteuses pour englober 50 mille familles supplémentaires, portant ainsi le nombre total des ménages concernés par les interventions du PNAFN à 235.000. Ce programme coûte au budget de l'Etat environ 280 millions de dinars par an. Ces familles bénéficient d'une pension mensuelle dont le montant a été augmenté par le gouvernement actuel de 70 dinars à 100 dinars. Et la source (anonyme) au ministère des Affaires sociales de souligner que "cette décision d'étendre les aides à 50 mille familles supplémentaires n'a pas été basée sur une étude préalable, ciblant les familles devant intégrer le programme. De même qu'il n'a pas été procédé à l'évaluation du degré d'efficacité des programmes adoptés". D'après lui, plusieurs familles bénéficiaires du programme profitent en parallèle du programme des chantiers, ce qui est incompatible avec les objectifs du programme. Mais nonobstant ces lacunes, "le ministère refuse la révision des critères adoptés dans l'octroi des aides, par peur d'une réaction sociale qui pourrait décrédibiliser le gouvernement actuel auprès des électeurs", a-t-il dit. Du coup, il appelle à "ne pas utiliser ces programmes à des fins pré-électorales et d'en assurer la neutralité", et ce d'autant plus qu'ils ont un grand impact sur le budget de l'Etat, les transferts sociaux représentant 15% du PIB. Alors, qui le gouvernement Jebali va-t-il accuser cette fois-ci? Kamel Nabli, encore lui? Les médidias, qui refusent de "se ranger"? Certains cadres de l'Administration? Certains députés de la Constituante? Ou tout simplement la Banque mondiale elle-même? Wait and see!