Alors que Standard & Poor's a poignardé le secteur bancaire tunisien en lui collant une note de risque de 8 sur l'échelle ''BICRA'', l'agence de notation Moody's Investors vient de décider que la Tunisie méritait de garder son grade d'investissement Baa3 ! Et une questions s'impose : laquelle de ces deux évaluations les investisseurs vont-ils écouter ? Commençons par le plus avantageux pour notre pays. Dans un Communiqué de presse publié le 28 septembre 2012, relatif à l'évaluation annuelle du risque souverain de la Tunisie, l'agence de notation Moody's Investors maintient le grade d'investissement pour notre pays , soit le Baa3 avec des perspectives négatives reflétant, selon cette agence de renommée internationale, l'état modéré de la solidité économique, institutionnelle et financière de la Tunisie. Voire, Moody's Investors s'attend à ce que la Tunisie observe en 2012 une stabilité du déficit courant au niveau de 8% du PIB, après la contraction de l'activité économique de 2.2% en 2011, ce qui est encore élevé par rapport à la moyenne historique de 3,2% sur la période 2000-2010. Moody's Investors considère également que la solidité institutionnelle de la Tunisie demeure modérée, soulignant qu'une plus grande transparence et la responsabilité introduite par le changement de régime a conduit à une amélioration significative du cadre institutionnel. Venons-en maintenant à l'aspect financier pur. Certes, l'agence de notation S&P vient, de publier la note attribuée au risque sur le secteur bancaire tunisien qui se situe à 8 selon l'échelle de notation ''BICRA'' (Banking Industry Country Risk Assessment) de l'agence qui prévoit un intervalle de notation allant de 1 à 10 (1 pour un risque très faible et 10 pour un risque extrêmement élevé). Mais Moody's Investors évalue la solidité financière de la Tunisie comme étant modérée, rappelant que les performances enregistrées au cours des dernières années ont rendu possible l'adoption par les gouvernements provisoires qui se sont succédé depuis les événements du 14 janvier 2011, d'une politique budgétaire expansionniste pour à la fois soutenir l'activité économique et répondre aux revendications à caractère social. ''Même si le taux d'endettement passera de 40,8% à la fin 2010 à 48,5% à fin 2012 il demeurera à ce niveau soutenable'', ajoutent les gens de Moody's Investors. Forte de cet appui inespéré de Moody's Investors, la Banque centrale est montée au créneau pour clarifier les effets réels de la notation BICRA attribuée par Standard & Poor's en soulignant que la notation globale BICRA comporte 2 composantes (notation du risque économique et notation du risque sur le secteur bancaire) et que la notation globale de 8 attribuée au secteur bancaire tunisien est la même pour les 2 composantes contre une notation de 7 pour la composante risque économique en Juin 2012. ''Si la révision de la notation du risque économique de 7 à 8 traduit une dégradation de l'appréciation de ce risque par S&P, le maintien à 8 de la notation du risque sur le secteur bancaire traduit plutôt l'écho favorable du processus de réformes engagé dans le secteur par les autorités'', commente la BCT.