De grandes divergences sont apparues entre experts, universitaires et acteurs de la finance au sein d'un atelier sur un nouveau modèle de croissance pour la Tunisie dont les recommandations viennent tout juste d'être rendues publiques par le ministère du Développement régional et de la Planification et la Banque africaine de développement (BAD). Les participants ont réclamé des réformes d'envergure en vue de restructurer le secteur bancaire tunisien: assurer l'émergence de banques de taille suffisante moyennant les opérations de fusion/absorption; revoir en profondeur les modes de gouvernance des banques publiques; renforcer la gestion méticuleuse et contrôlée des risques et mettre nos normes prudentielles en conformité avec les standards internationaux; dynamiser et améliorer la profondeur du marché financier; diversifier les produits et les prestations offerts par les banques. Pour faciliter l'accès des particuliers et des PME au crédit bancaire, l'atelier recommande la mise en place, à titre expérimental, de Crédit bureaux, sortes de bureaux d'assurance-crédit améliorant sensiblement l'information des banques sur la situation des emprunteurs, et par là, diminuant leur frilosité à accorder des crédits. Il envisage également de repenser le rôle stratégique de la Poste tunisienne dans l'inclusion financière. A cet égard, deux propositions ont été faites: permettre à la Poste de jouer un rôle plus actif dans la distribution du microcrédit; permettre à la Poste de jouer pleinement le rôle d'un prestataire de services financiers en partenariat avec les institutions financières (banques, compagnies d'assurances, factoring ). Selon les experts qui ont animé le débat, une croissance forte, équilibrée et durable requiert un ensemble de mesures macroéconomiques adaptées. A cet égard, les politiques monétaire et budgétaire ont un rôle important à jouer. L'adéquation de celles-ci constitue une impérieuse nécessité pour la stabilité macroéconomique, la redistribution des revenus et l'allocation des ressources. Et attention! Face à des risques de pénurie de liquidité, les banques tunisiennes, sous-capitalisées, vont se trouver dans des situations difficiles. Ces difficultés de financement peuvent se transformer en un véritable effondrement du crédit lorsque les banques, atteintes par les défauts de paiement, deviennent fragiles, et la situation appelle une restructuration profonde du secteur bancaire et l'alignement des normes prudentielles. Pour info, l'atelier a mis 6 conditions principales à l'émergence d'un nouveau modèle de croissance pour la Tunisie: - bâtir une meilleure gouvernance pour une meilleure efficience des finances publiques; - diversifier les partenaires et les marchés; - remettre le secteur financier au service de l'investissement privé; - des politiques pour l'emploi et une meilleure protection sociale; - vers une économie à plus haute valeur ajoutée; - développement régional et redistribution.