En donnant d'abord l'impression de monter au créneau comme il sied à un leader, le chef du gouvernement a fini en flop monumental ne laissant dans les esprits que l'amertume d'une autre occasion ratée alors que la Tunisie a immédiatement besoin de la mobilisation que peut créer un vrai gouvernement d'union nationale. Jebali n'a pas uniquement donné l'impression de manquer de clarté, de poigne et d'à-propos... il a aussi commis trois fautes majeures dans la gestion du dossier très délicat de ce remaniement attendu par la majorité des Tunisiens sur des braises ardentes. La faute de ne pas consulter l'UGTT, l'organisation syndicale capable de donner du poids à toute négociation. Cantonner l'UGTT dans un rôle social reste une maladresse constante du gouvernement alors que Houcine Abbassi, son SG, affirme périodiquement que la Centrale n'a aucune ambition politique mais qu'elle est la garante de la transition démocratique. L'initiative de l'UGTT de lancer un débat national il y a plusieurs mois a manifestement été une occasion ratée par le gouvernement. De l'orgueil déplacé, peut-être! Mais avec le résultat malheureux d'avoir manqué une opportunité capitale de consensus. La faute de ne pas impliquer Nidaa Tounes quand le mouvement de Béji Caïd Essebsi a su réunir autour de lui un spectre de plus en plus large de partis politiques de toutes obédiences (Al Jomhouri, Al Masar, le Parti travailliste, la Gauche, les 10 partis du Front populaire). Car le soutien de ce grand bloc politique aurait pu rendre les choses bien plus faciles à Jebali mais, étant exclu par lui, il la lui rend de plus en plus difficile alors que le nombre de ceux qui prêtent l'oreille aux thèses de BCE est de plus en plus nombreux. La faute de ne pas afficher d'attitude claire à l'égard de l'ISIE au moment où celle-ci est la clef incontestable de l'agenda politique résolu et transparent sans lequel la Tunisie restera en état d'incertitude. Le temps de trouver un patron consensuel à la nouvelle ISIE, de former son bureau exécutif, de mobiliser ses agents... avant de s'engager dans le processus irréductible des fameuses 22 semaines qui préparent le passage final aux urnes nous place automatiquement devant le segment minimal de 7 mois qui, évidemment, peut s'étendre au-delà quand, justement, le temps nous est compté! Et faire preuve d'esprit de décision dans le dossier de l'ISIE aurait certainement donné à Jebali plus d'espace pour convaincre les partis de soutenir son remaniement ministériel!