La Tunisie est prête à conclure un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, mais elle s'attend à ce que celui-ci l'aide à réaliser ses objectifs et demande à le faire à une cadence et avec un soutien financier lui permettant d'en maîtriser les retombées économiques et sociales. Le libre-échange n'est pas une nouveauté pour la Tunisie qui «a choisi l'intégration dans l'économie mondiale comme levier de développement»; mais tout nouvel engagement dans ce domaine devra contribuer à la réalisation de ses «priorités» économiques et sociales et faire l'objet d'un planning et de mesures d'accompagnement notamment financières- pour l'aider à en maîtriser le coût économique et social. C'est en substance la vision qu'a la Tunisie d'un éventuel traité de libre-échange et telle que dévoilée par M. Mondher Zenaïdi, ministre du Commerce et de l'Artisanat, mercredi 29 juin à l'ouverture de la «Conférence sur le libre-échange» organisée par la Chambre tuniso-américaine de commerce (Tunisan American Chamber of Commerce). Décrivant les grandes lignes de la position tunisienne à propos de la proposition du gouvernement américain de conclure un traité de libre-échange avec la Tunisie, le ministre du Commerce et de l'Artisanat a déclaré que «tout engagement à l'échelle internationale ou régionale» de ce genre doit «nous permettre d'aller de l'avant dans la réalisation (des) priorités» et «donner un traitement approprié aux questions sensibles aussi bien au niveau économique que social». M. Zenaïdi a ajouté que «les études d'impact et la concertation entre les parties prenantes (du côté tunisien, ndlr) dont notamment le secteur privé et la société civile restant la base de tout engagement additionnel de la Tunisie». Les priorités de la Tunisie, telle que rappelées par le ministre du Commerce et de l'Artisanat, sont «l'intensification de la croissance, l'accroissement de la part de l'investissement local et étranger dans le PIB et particulièrement de l'investissement privé, le maintien des équilibres extérieurs et intérieurs dans un environnement international qui comporte de multiples défis, la création de 80.000 emplois additionnels par an, dont plus de 50% pour les diplômés de l'enseignement supérieur ( ), la création de 70.000 entreprises au cours des cinq prochaines années, la mise en place des fondements de l'économie du savoir, l'augmentation de la participation des services à la croissance et la restructuration de certains secteurs traditionnels pour gagner le pari de la concurrence internationale devenue plus vive». Soulignant le fait que «le succès économique et social de la Tunisie est fortement lié à la précision de ses objectifs, à la progressivité de la démarche, et à la souplesse d'une méthode qui a l'avantage de permettre une adaptation rapide et des ajustements en cours de route», M. Zenaïdi a rappelé que «l'élaboration des réformes est le fruit d'un travail méticuleux», qu'«une attention vigilante accompagne leur mise en uvre» et que «les domaines sensibles et les aléas dus à la conjoncture intérieure et extérieure sont pris en considération». Des domaines sensibles que le ministre du Commerce et de l'Artisanat n'a pas manqué de désigner : «l'agriculture, certaines activités de service, des domaines liés à la vie quotidienne du citoyen ou à la politique sociale du pays présentant des spécificités nationales» et qui «ont toujours bénéficié d'un soin particulier afin que les réformes soient de la plus haute efficacité». Enfin, le gouvernement tunisien s'attend à un appui dans la mise en uvre des réformes qu'un traité de libre-échange avec les Etats-Unis rendra nécessaires. Tout en soulignant que «la Tunisie a compté sur ses propres ressources en priorité», M. Zenaïdi a rappelé qu'«elle a bénéficié aussi de l'appui de ses partenaires des pays développés et des institutions internationales et régionales».