L'économie mondiale est mi-figue, mi-raisin... L'économie tunisienne aussi ! Baisse de l'indice de production des industries manufacturières exportatrices, des avoirs en devises obtenus par des prêts, exacerbation des pressions sur la balance des paiements, hausse du niveau général des prix, aggravation du déficit du Budget de l'Etat, élargissement du déficit commercial, aggravation du déficit de la balance des paiements courants... Les Tunisiens observent avec inquiétude les retombées de la crise de l'endettement public dans la Zone Euro alors que la Banque mondiale et le FMI disent que le taux de croissance mondial en 2013 sera entre 2,4% et 3,5% à cause du faible rythme de l'activité dans les pays industrialisés mais soulignent aussi la poursuite de l'expansion économique dans les pays émergents/en développement. C'est dans ces conditions que le Conseil d'administration de la BCT, qui vient tout juste de se réunir, affirme que l'économie tunisienne a réussi à sortir en 2012 de la situation de récession qu'elle avait connue un an plus tôt et amorcé une reprise économique progressive dans la plupart des secteurs (agriculture, tourisme, transport aérien, industries non manufacturières dont la production minière et énergétique). La BCT soutient que les flux d'investissements directs étrangers ont augmenté de +85,4% et que le besoin des banques en liquidités s'est progressivement atténué au moment où les dépôts auprès des banques ont augmenté de 10,8% (contre 5,1% fin 2011) mais, paradoxalement, les concours du secteur bancaire à l'économie ont connu une décélération de leur rythme de progression (8,7% contre 13,4% en 2011) alors que les investissements privés ralentissaient. Et ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle car leur liste est longue : - l'indice de production des industries manufacturières orientées vers l'exportation a baissé de 1,1% dans les industries mécaniques et électriques et de 3,6% dans le textile/habillement, - exacerbation des pressions sur la balance des paiements courants, - taux d'inflation à 5,9% (en termes de glissement annuel) et 5,6% (en moyenne) contre 3,5% fin 2011, - hausse du niveau général des prix (cette hausse a concerné tous les groupes de produits, surtout les produits alimentaires dont les prix ont augmenté de 8,4%), - aggravation du déficit du Budget de l'Etat, - élargissement du déficit commercial de 35% en 2012, - aggravation du déficit de la balance des paiements courants qui a atteint 8,1% du PIB contre 7,3% une année auparavant, - nos avoirs nets en devises ont atteint 12.576 millions de dinars (119 jours d'importation) contre 10.582 millions de dinars fin 2011 (113 jours), mais ceci n'a été possible que par la mobilisation accrue des crédits extérieurs à moyen et long termes, - hausse du taux d'intérêt moyen sur le marché monétaire de 3,16% (en janvier 2012) à 3,98% (en décembre). Tout cela fait que les recommandations du Conseil d'administration de la BCT tombent sous le sens: plus de vigilance, et mesures de maintien des équilibres à des niveaux soutenables. Deux conditions qui sont incontournables pour la relance de l'investissement, de la croissance et de l'emploi ainsi que pour le rétablissement de notre stabilité économique et financière.