«La Tunisie offre un potentiel de croissance et de développement assez important, notamment dans le tourisme et les services, ainsi que dans les secteurs industriels et du numérique», a indiqué Eric Hayat, co-président du conseil des chefs d'entreprise France-Tunisie, au Forum économique tenu vendredi entre le MEDEF et l'UTICA. Pour sa part, le ministre des Technologies de l'information et de la communication, Mongi Marzoug, a évoqué les opportunités qu'offre la Tunisie dans le domaine des TIC, et de ce fait la déclaration d'intention conjointe entre les gouvernements français et tunisien sur la constitution d'une «alliance franco-tunisienne pour le numérique». M. Marzoug précisera que cette alliance numérique va renforcer les nouvelles formes de partenariat, désignées par le terme «co-localisation», qui permettrait sur une base équitable et efficace, de développer ensemble des marchés solvables dans le domaine du numérique. Cette alliance sera tournée principalement, vers les marchés d'intérêt commun dans le domaine du numérique, en l'occurrence le Moyen-Orient arabophone et l'Afrique subsaharienne francophone. Tunisie, un hub du numérique... Il a annoncé le lancement de la nouvelle stratégie «Tunisie Numérique» qui comportera, entre autres, un programme baptisé «Smart Tunisia», destiné à offrir un mécanisme favorable à la concrétisation des alliances numériques entre entreprises françaises et tunisiennes. En effet, «Smart Tunisia», doté d'un budget de l'ordre de 1,4 milliard de dinars sur 5 ans, vise à faire de la Tunisie un hub du numérique, en faisant bénéficier les entreprises désireuses de travailler dans le pays, dans le cadre de la co-localisation par exemple, d'un certain nombre d'avantages importants pour le développement de leurs activités. Adopter des positionnements de niches... De son côté, Kais Sellami, membre du bureau exécutif de l'UTICA, a mis l'accent sur la nécessité d'investir dans le numérique, secteur clé de la modernisation du pays, qui représente 7% de son PIB. Il a ajouté que les relations tuniso-françaises devraient évoluer vers un partenariat dans le domaine des TIC, permettant d'accéder ensemble à des marchés régionaux tels que l'Algérie, la Libye, l'Afrique subsaharienne... Alexandre Zapolsky, PDG de LINAGORA, société d'édition et de services en open source, a relevé que l'investissement dans le secteur de numérique est la clé de la transformation et de la modernisation, y compris dans d'autres secteurs. La Tunisie ne réussira dans ce domaine que si elle adopte des positionnements de niches à travers la recherche des nouveaux segments de croissance dans la téléphonie mobile et l'open source. Préoccupations du marché français... S'agissant des potentialités de la Tunisie dans le domaine touristique, le ministre du Tourisme, Jamel Gamra, a indiqué dans son intervention que les indicateurs réalisés jusqu'ici par le tourisme tunisien incitent à l'optimisme, tout en précisant, "nous restons toutefois réalistes et pragmatiques". Le marché français est précisément, a-t-il avancé, "une source d'inquiétude pour nous, pour les professionnels tunisiens et pour leurs homologues français. Les baisses des flux touristiques français en direction de la Tunisie continuent à nous préoccuper et nous inciter à réfléchir sur les raisons de ces baisses. Dans tous les cas, elles renseignent sur un probable déficit d'image et de communication de la Tunisie auprès des français." La réflexion qui a animé ce forum, a-t-il dit, "retiendra notre attention en vue d'apporter les réajustements nécessaires dans notre politique de marketing et de promotion, afin de restaurer la confiance de nos amis Français". Le ministre a enfin, exprimé la volonté de "faire du tourisme une activité pérenne et de la Tunisie, une destination attrayante et accueillante". Evoquant l'image touristique de la Tunisie, le directeur du magazine "Tourisme info", Afif Kchouk a souligné que pour relancer la destination Tunisie, qui présente une mauvaise image auprès du consommateur français, en raison de la situation sécuritaire et de certaines émissions télévisées, il faut développer une bonne communication. Suite à la révolution tunisienne, a-t-il expliqué, le secteur a souffert de problèmes financiers ayant influé sur les services hôteliers et la diversification de l'offre. Développer le tourisme d'affaires... De son côté, Jean-Jacques Dessors, directeur général du groupe Accor pour l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Océan indien et les Caraïbes, a souligné la nécessité de diversifier le secteur touristique, essentiellement connu par le tourisme balnéaire, en impulsant, entre autres le tourisme d'affaires. Il a également recommandé d'assurer un partenariat public/privé dans ce secteur. Dans son intervention, Sylvia Pinel, ministre française de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, a indiqué que pour relancer la destination tunisienne, il faut améliorer l'offre et les moyens de communication et diversifier le secteur touristique à travers le développement du tourisme culturel. Pour ce qui est des atouts industriels de la Tunisie, le ministre de l'Industrie, Mehdi Jomaa, a souligné la volonté de lancer des grands projets structurants pour développer l'industrie nationale. Il a affirmé que la Tunisie cible l'amélioration du climat d'affaires et le renforcement de son attractivité, pour répondre aux exigences des investisseurs étrangers. Pour ce qui est de valorisation de filières agroalimentaires,le vice-président de la Fédération de l'agroalimentaire (UTICA) a souligné que plusieurs défis sont à relever dans ce secteur, qui représente 3,7% du PIB national, dont essentiellement la sécurité de l'approvisionnement agricole et l'amélioration de l'exigence sanitaire. Pour dynamiser les partenariats industriels entre la Tunisie et la France, Hichem Elloumi, vice-président de l'UTICA, estime nécessaire d'investir dans le secteur des industries électriques et mécaniques (IME), étant donné que la moitié des exportations tunisiennes proviennent de ce secteur. Enfin, la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a invité tous les entrepreneurs français à venir investir en Tunisie. Cependant, ces propos risquent de déplaire à son homologue en charge du Redressement productif.