Le directeur général de la Sûreté publique, Mustapha Ben Amor, a fourni des données et révélé des renseignements corroborant le classement du groupe d'Ansar Chariaa comme organisation terroriste, d'autant qu'elle est dotée d'une aile armée et d'une organisation militaire. Il a relevé, lors d'une conférence de presse tenue, mercredi 28 août en milieu de journée, au ministère de l'Intérieur, que "le peuple tunisien ne connaît d'Ansar Charia que son prosélytisme à travers ses "tentes de prédication" et ses oeuvres caritatives", et que, "maintenant, il découvre la face sombre de cette organisation terroriste". "Il s'avère d'après toute une somme de données fiables que des dirigeants d'Ansar Charia se rendaient fréquemment au Mont Chaambi, soit pour s'entraîner, recevoir des instructions ou participer aux opérations menées contre les unités de l'armée et des forces de sécurités intérieures", a-t-il déclaré. De même, "de nombreux dirigeants de l'organisation se sont rendus à plusieurs reprises en Libye dans le but de conclure des transactions d'armes ou de s'entraîner", a ajouté ce haut responsable sécuritaire, précisant que la plupart de ces dirigeants se sont rendus en Libye après la révolution avant de regagner la Tunisie par la suite, alors que d'autres sont allés en Syrie, pour le "Jihad". Le directeur général de la Sûreté publique a également évoqué l'existence de liens étroits entre Ansar Charia et Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique), montrant aux journalistes présents le texte manuscrit de l'acte d'allégeance de Seif Allah Ben Houcine, Alias Abou Iyadh, au chef d'AQMI Abou Mossaeb Abdul Wadoud. Il a indiqué que quiconque parmi les membres d'Ansar Charia fait allégeance à Abou Iyadh, puis désobéit à ses ordres s'expose à la liquidation physique. Ben Amor a, par ailleurs, fait état de l'implication dans les opérations terroristes et les évènements du Mont Chaambi d'une partie des éléments ayant bénéficié de l'amnistie générale dans la foulée de la révolution, en particulier les survivants du "groupe de Soliman". Selon l'organigramme montré aux journalistes présents par le même haut responsable, Abou Iyadh occupe le sommet de la hiérarchie avec rang de "Cheikh" ou "Emir général", suivi immédiatement après de trois "Emirs", à savoir Mohamed Awadi, Mohamed Akkari et Adel Saïdi. Vient ensuite le groupe dit "des opérations préparatoires" comprenant six membres, le groupe de soutien et d'exécution composé de 8 membres et enfin le groupe de mobilisation et d'armement comprenant deux membres. Les endroits qui devaient être visés par des attentats à l'explosif ont, également, été dévoilés, dont des sites sécuritaires, de même que les modes de camouflage et de diversion utilisés par le groupe d'Ansar Charia pour assurer l'anonymat, notamment le refuge dans les maquis montagneux ou la location de maisons par le biais de femmes comme fausses locataires aux fins de servir de cachettes sûres. Il a, aussi, révélé le démantèlement, le 9 août 2013, d'un réseau dirigé par une jeune fille (née en 1996) qui se livrait au rabattage de jeunes filles mineures adeptes du hijab aux fins de les amener à se livrer au "Jihad du nikah" au service des terroristes Evoquant certaines péripéties en rapport avec l'assassinat du dirigeant du Parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd, le 6 février 2013, le responsable du ministère de l'Intérieur a indiqué que, d'après l'instruction en cours, la décision de le liquider avait été prise un mois auparavant, mais que le passage à l'acte avait été précipité par la participation de Chokri Belaïd à une émission de télévision (sur Ettounsiya TV), au cours de laquelle ce dernier s'en était pris à la venue en Tunisie de prédicateurs extrémistes, rejetant les tentatives de contraindre des fillettes tunisiennes à porter le Hijab. La "sentence de mort" a été rendue sur la base d'une "fatwa" émise dans ce sens par Abou Iyadh et que le dénommé Kamel Gadhgadhi s'est proposé pour la mettre à exécution, a-t-il précisé. Concernant l'assassinat du député et fondateur du Courant populaire, Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013 et toujours selon le directeur général de la Sûreté publique, Abou Iyadh a chargé personnellement le franco-tunisien Boubaker Hakim de le liquider physiquement. Mustapha Ben Amor a, par ailleurs, donné un aperçu de certaines opérations terroristes qui ont pu être déjouées, notamment un attentat à Sousse qui devait viser le 2 août le président du parti Al Moubadara, Kamel Morjane, mais aussi des assassinats qui devaient cibler la journaliste Om Zied, l'écrivaine Olfa Youssef, outre un hold-up avorté d'une succursale bancaire à Sousse, probablement une agence d'Amen Bank. La police a pris d'assaut l'endroit où se trouvait le tueur présumé Lotfi Zine mais ce dernier prit la fuite après une intense fusillade alors que ces acolytes Riadh Ouertani et Adel Kafi ont pu être capturés, a-t-il ajouté. Le 4 août au quartier d'El Ouardia, a encore déclaré le haut responsable, les unités sécuritaires ont pris d'assaut une maison utilisée comme cachette par un groupe de terroriste. Dans la fusillade qui s'en suivit, le dénommé Adel Saidi fut abattu, mais furent capturés Ezzedine Abdelaoui, Abderraouf Talbi et Karim Klai. Selon lui, bien d'autres opérations similaires ont eu lieu au cours de la période écoulée et ont permis l'arrestation de Mohamed Akari, Houssem Eddine Mezelini (alias Marwan), Ahmed Ben Aoun, Mohammed Ali Naimi (alias Brahim), Moadh Hmaidi (alias Seif), Mohammed Zerzi (alias Omar), Maher Akari (steward) et Abdallah Ben Aziza (ouvrier journalier). Il a cité, parmi les présumés terroristes, Mohammed Khiari qui envisageait d'assassiner le poète Sghaier Ouled Ahmed et le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar.