La perspective d'un pétrole durablement cher semble se mettre en place, avec ses cortèges de difficultés. De quoi penser que la belle endormie ne va plus tarder à retrouver tout son attrait. Cette solution est particulièrement envisagée en France. Pour ce faire, il ne reste plus que le coup d'accélérateur des autorités françaises pour que la filière des carburants agricoles se mette en place dans les plus brefs délais. A la clé, plusieurs centaines d'emplois.
D'ailleurs, depuis quelques mois, 'les annonces gouvernementales se succèdent pour pousser la France à quitter sa place de mauvais élève européen des vvs''. Puisque la consommation de la France de carburants d'origine agricole n'est que de 1%, une part qui devrait être ramenée à 5,75% dès 2008, puis 7% en 2010 et 10% en 2015. La France prendrait ainsi de l'avance sur une directive européenne qui prévoit d'atteindre ces 5,75% seulement en 2010. Toutefois, pour tenir ces engagements, il faudra investir plusieurs centaines de millions d'euros dans la construction ou l'agrandissement d'usines de biocarburant. Mais, ce défi n'effraie pas Pierre Cuypers, le président de l'Association pour le développement des carburants agricoles (Adeca). «Nous sommes prêts. Nous avons actuellement les capacités de production pour répondre à ces objectifs sans nuire aux besoins de consommation humaine», souligne le dirigeant de ce lobby agricole. Pour un pays possédant une agriculture hautement développée, telle que la France, l'occasion est belle pour ses agriculteurs de disposer de nouveaux débouchés pour des cultures en perte de vitesse comme la betterave ou le maïs, soulignent les analystes. En effet, 'entre les emplois agricoles sauvegardés et les créations nettes, une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers estime que la production de 1.000 tonnes de biodiesel et autant d'éthanol génère, respectivent, près de 9 et 6 emplois. Ce qui ferait, au final, 20.000 à 30.000 emplois créés à l'horizon 2010''. Déjà, l'acteur majeur de cette filière en devenir, la société Diester Industrie envisage de produire 1,5 million de tonnes de biodiesel à l'horizon 2008. Avec ses six unités de production réparties sur l'ensemble du territoire français, cette émanation de l'établissement financier de la filière des huiles et protéines végétales pourrait, à elle seule, être à l'origine de 13.000 emplois. Pas mal pour un pays qui cherche à réduire son taux de chômage, l'un des plus élevés des grands pays de l'Union européenne. Concernant la filière éthanol, elle a du mal à se développer, et risque de l'être encore pour longtemps, d'autant plus les droits de production alloués pour la mise en place des trois sites sont trois fois inférieurs que ceux du biodiesel et ne permettent par conséquent pas de rendre les usines rentables. Et c'est à juste titre donc que Maurice Dohy, responsable du département bioressources à l'Ademe, estime que «Nous ne pourrons pas aller significativement au-delà des 5,75% de biocarburant si l'éthanol ne se développe pas». Selon lui, pourtant, 'le potentiel agricole français permettrait à moyen terme de faire monter les carburants alternatifs à 20% de notre consommation''. A partir de là, il semble nécessaire voire indispensable d'effectuer des arbitrages budgétaires car les carburants verts bénéficient d'une importante défiscalisation par rapport au pétrole. Or, les tenants des biocarburants ont beau expliquer que les recettes créées par la TVA ou la création d'emplois compensent le manque à gagner fiscal, les pouvoirs publics ne l'entendent pas de cette oreille. Le projet de loi de finances pour 2006 prévoit ainsi de réduire significativement les aides fiscales pour le biodiesel aussi bien que pour l'éthanol. Nous avons essayé d'en savoir plus sur ce qu'il en est en Tunisie, hélas, nous avons été confrontés à une sorte de black out. Cependant, nous y reviendrons sur cette question dans un prochain article, car les enjeux sont énormes : aucune économie ne pourra résister durablement à cette flambée des prix de l'or noir.