Bientôt 3 nouvelles centrales au nord-est du pays Par Abou Sarra
Les autorités énergétiques tunisiennes viennent de lancer un appel d'offres pour la réalisation, clef en main, de 3 centrales éoliennes à Métline, Kchabta et Ben Aouf dans la région de Bizerte (nord-est de Tunisie). Ces éoliennes, qui seront réalisées par la Société tunisienne d'électricité et de gaz (STEG), auront une puissance globale nette installée de 120 mégawatts. Les prestations à fournir par les éventuels investisseurs comprennent les études préalables, fabrication, fourniture, transport à pied d'oeuvre, montage sur site, pose, essai et mise en service des équipements, y compris études et travaux de génie civil, formation du personnel ainsi que l'entretien des sites pendant 5 ans. Farouche défenseur du bien public, Othman Ben Arfa, PDG du prestataire public, la STEG, a obtenu, en fin de compte, gain de cause, en persuadant la hiérarchie que son entreprise est en mesure de faire mieux que les privés dans le secteur éolien. Il s'agit, de toute évidence, d'un challenge qu'il entend relever avec succès, fort en cela de la capacité confirmée de la STEG de produire et de revendre l'électricité à partir de l'énergie éolienne à un coût compétitif. Le coût de production de la STEG serait de 2 centimes d'euro le kw/h, le prix de revente de 3 centimes d'euro, alors que les privés souhaiteraient 4 centimes d'euro. Mieux, Ben Arfa serait parvenu à convaincre le ministère de tutelle de retarder l'ouverture du secteur aux privés. M. Ridha Mosbah, secrétaire d'Etat chargé des Energies renouvelables et des Industries alimentaires, l'avait, de toute façon bien confirmé, lors d'une réunion avec les chambres de commerce tuniso-française et tuniso-allemande (8 mars 2006). Il avait écarté l'idée d'ouvrir dans l'immédiat le secteur éolien aux investisseurs privés. La STEG aura, en conséquence à réaliser un premier lot d'une centaine de mégawatts sur une capacité totale programmée pour 2010 de 300 mégawatts. Quant au potentiel éolien, la Tunisie figure, selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), parmi les huit premiers pays africains en matière de potentiel éolien. La capacité en puissance brute installée est estimée à 1000 mégawatts. Avec une puissance installée de 19 mégawatts, le Parc éolien du Cap Bon près de Sidi Daoud, sur les hauteurs surplombant Haouaria, a été réalisé en deux tranches et est pour le moment la seule unité de production d'énergie éolienne du pays. Sa capacité optimale est estimée à moyen terme à 30 mégawatts. L'objectif affiché des Tunisiens est de développer le parc éolien à hauteur d'une capacité de production de 300 MW à l'horizon 2010, pour une économie de 150 KTEP. Pour ce faire, plusieurs tranches devaient être réalisées par des entreprises privées. La BAD et le Fonds pour l'environnement mondial via le PNUD devraient être associés aux financements de ces réalisations. La société espagnole «Made Tecnolgias Renovables» a déjà réalisé le parc de Sidi Daoud et fait partie des prétendants privés à ce marché de 100 millions d'euros en partie grâce à des lignes de crédit tuniso-espagnol. Toujours au chapitre du financement, la Tunisie compte profiter de la ratification du protocole de Kyoto pour proposer des projets au financement d'organismes privés ou multilatéraux. Car, la nouvelle stratégie arrêtée pour promouvoir les énergies renouvelables porte un intérêt pour la première fois à la sauvegarde de l'environnement. Elle insiste sur le besoin de contrôler de plus en plus la qualité de l'air (une loi a été promulguée à cet effet) afin de diminuer les gaz à effet de serre. Globalement, le développement des énergies renouvelable,s en particulier l'énergie éolienne et l'énergie photovoltaïque (solaire), est retenu comme une alternative pouvant contribuer, un tant soit peu, à la satisfaction des besoins du pays en énergie. L'Etat tunisien espère ainsi produire 6% de son électricité par le biais de l'éolien en 2010. Lorsqu'on sait que l'achat de pétrole se fait en devises, et que les moyens financiers du pays ne sont pas suffisants pour faire face à l'envol du prix du brut (même si on constate une tendance à la baisse ces jours-ci) sur le marché international, on mesure l'urgence pour les autorités énergétiques de rectifier le tir et surtout leur tendance à abandonner le système de compensation du carburant et à laisser jouer les règles du marché, c'est-à-dire la pratique des prix réels. La facture énergétique pèse désormais très lourd sur le budget de l'Etat. La compensation du prix du carburant est estimée, en 2005, a 1400 millions de dinars, un montant record jamais atteint. Cette forte demande de l'énergie est du reste la rançon du progrès qu'a connu la Tunisie ces dernières années. L'amélioration du niveau de vie dopé par des incitations à la consommation a sensiblement augmenté les besoins énergétiques du pays: le bâtiment en plein essor, le transport avec l'engouement des Tunisiens pour la voiture, foyers toujours à la recherche de plus en plus de confort (réfrigération, climatisation, chauffage...).