Le bon cru de 2006 Par Abou sarra Pour la Tunisie, l'année 2006 a été un bon cru en matière d'attraction d'investissements directs étrangers (IDE). Selon des statistiques fournies par l'Agence de promotion des investissements extérieurs (FIPA), les IDE attirés par la Tunisie, au cours de cet exercice, ont atteint le montant record de 4,4 milliards de dinars, en hausse de 320% par rapport à 2005. Ce niveau record s'explique principalement par les recettes générées par la privatisation partielle de l'opérateur public «Tunisie Télécom» remportée par des investisseurs émiratis (3,6 milliards de dinars) et par les investissements de compagnies étrangères dans la prospection des hydrocarbures.
Les IDE dans ce dernier secteur se sont élevés à environ 950 millions de dinars (+136%). Avec la flambée du cours du brut sur le marché mondial, l'exploitation de petits gisements est devenue rentable et l'octroi de permis de prospection s'est accéléré.
Hors recettes de privatisations, le montant des IDE s'est élevé à 1456 millions de dinars (+59%) tandis que celui des investissements de portefeuille a atteint les 117 millions de dinars (+54%).
Répartition par secteur
Par secteur, et hors privatisation et énergie, les flux d'IDE entrés en Tunisie en 2006 ont atteint les 499 Millions de dinars, soit en baisse de 2% par rapport à 2005.
L'industrie manufacturière a généré un total de 352 millions de dinars (-10%).
Les secteurs des industries mécaniques (-77%) et des matériaux de construction (-58%) ont été les moins performants.
En revanche, les industries électriques et électroniques ont réalisé de meilleurs scores (+37%). Idem pour le secteur textile/habillement/cuir chaussures, branche confrontée à des contraintes d'adaptation face à la concurrence sud-est asiatique, a attiré 71 millions d'euros (+55,5%). Il s'agit là du meilleur score réalisé par le secteur depuis 2001.
Ce montant est utilisé pour financer une cinquantaine de nouveaux projets dont celui du groupe français Aubade (lingerie fine féminine) et le reste pour financer une cinquantaine d'extensions d'implantations étrangères dont celle du groupe italien Benetton.
Last but not least, les services, à l'exception des télécommunications, ont attiré le modeste montant de 112 millions de dinars (-54%). La contre performance de ce secteur est en contradiction avec les espoirs placés en lui.
Le secteur touristique a mobilisé, pour sa part, une enveloppe de 30 millions de dinars environ dont 18 millions de dinars ont été fournis par le groupe koweitien «Koweit Touristic» pour acquérir un centre d'animation et 100 mille dinars pour créer un seul nouveau projet.
Percée des entreprises émarties
Par delà les chiffres, plusieurs enseignements méritent d'être dégagés :
Premier enseignement, les entreprises émiraties ont décroché, en 2006, le trophée des premiers investisseurs étrangers en Tunisie.
Filiale du mastodonte Holding de Dubai, le consortium Tecom-Dig détient, désormais 35% du capital de l'opérateur public Tunisie Telecom (35% du capital pour 3,6 milliards de dinars. Ce groupe ne compte pas s'arrêter là. Il projette de renforcer, incessamment, sa part dans le capital de l'opérateur public tunisien. Si l'on en croit les engagements pris, cette percée sera renforcée prochainement par de nouveaux placements émiratis. Mention spéciale pour la nouvelle ville que le groupe émirati «Sama Dubai» va réaliser sur les berges sud du lac de Tunis pour la coquette somme de 14 milliards de dollars.
Deuxième enseignement de taille : la Tunisie retrouve son statut traditionnel du site le plus attractif de la région du Maghreb et rattrape ainsi, du moins pour l'année 2006, le retard qu'elle accuse par rapport au pays comparateur et concurrent de la région, en l'occurrence le Maroc qui a attiré lui, au cours de la même année, des IDE de l'ordre de 3,9 milliards de dinars.
La part de la Tunisie dans le stock des IDE destinés à la région du Maghreb est estimée, en moyenne, à 21% contre 36% dans les années 1990 et 64% pour les années 1980.
Troisième enseignement, en 2006, les IDE ont pris pour la première fois la place de principale ressource extérieure de la Tunisie, devant les recettes touristiques (2,3 milliards de dinars).
Et pour ne rien oublier, les Ide européens demeurent très faibles. La France, premier partenaire commercial de la Tunisie, a conservé son rang de premier investisseur étranger en Tunisie, hors énergie et hors privatisation.
Les IDE français en Tunisie se sont élevés, au cours de cet exercice, à 155 millions de dinars, soit une augmentation de 53% par rapport à 2005.
Cette enveloppe a été investie, pour les trois quarts, dans le manufacturier. Quelque 169 «projets» français dont 83 «nouveaux projets» et 86 extensions ont été réalisés en 2006.