Avant d'attaquer le problème du chômage des diplômés du supérieur, il serait plus judicieux de se poser des questions sur l'employabilité de ces derniers. J'ai déjà été étudiant, diplômé au chômage, employé et employeur. Vous n'avez aucune idée du cauchemar du recrutement quand aucun des dizaines de candidats que vous avez vus en entretien (après une première, voire deuxième sélection préalable) ne corresponde, ne serait-ce qu'aux minima requis (maîtrise de la langue, les rudiments du métier qu'ils sont supposés avoir vu à maintes reprises durant leur cursus universitaire, un minimum de savoir être, etc.). Dans nos universités, les étudiants trouvent normal et même glorieux de berner les profs en examens par la triche. Tout ce qu'ils recherchent dans un stage en entreprise (projet de fin d'étude) est une place au soleil où l'on peut se la couler douce et, si possible, avoir un peu d'argent de poche. Pour le rapport de fin de stage, on verra ce que les collègues ont fait l'année dernière et on trouvera bien quelque chose sur Internet en omettant, bien sûr, de signaler les citations et références (un classique de la triche en travail de recherche).
Ces étudiants ne sont pas conscients que ce stage soit une occasion unique qui se présente à eux pour décrocher un emploi. Quelques-uns ont réussi à signer un contrat de travail alors qu'ils ne sont même pas encore diplômés parce qu'ils ont su démontrer leur sérieux et motivation. Les autres, ils continuent à tricher comme, par exemple, en faisant écrire leurs lettres de motivation par d'autres (un classique du chercheur d'emploi d'aujourd'hui) sans se douter qu'ils vont se faire "choper" au questionnaire d'entreprise qu'ils doivent remplir sur place. J'en ai même vu qui ne parlaient pas un traître mot de français alors que c'est dans cette langue qu'ils ont obtenu leurs diplômes universitaires.
Nous pouvons sauver les meubles en mettant en oeuvre des formations qui prépareront ces jeunes à affronter les entretiens d'emploi mais cela demeurera insuffisant tant que l'on ne remet pas en cause notre système éducatif afin de fournir à nos entreprises une matière première de qualité qu'elles pourront transformer en cadres supérieurs compétents à haute valeur ajoutée.
Aujourd'hui, des entreprises tunisiennes, confrontées à une pénurie de compétence, chargent des chasseurs de têtes étrangers de trouver des cadres tunisiens résidents à l'étranger qui veulent rentrer au pays afin de s'assurer d'avoir la primeur de leurs candidatures. Je ne pense pas trop me tromper en affirmant qu'il est urgent de s'attaquer au problème du faible niveau des étudiants universitaires car d'eux dépendent notre croissance et notre prospérité.
M.Z Réaction à l'article : Conseil national de l'UTICA : Pour une mobilisation générale contre le chômage Contact : [email protected]