Comment former nos experts comptables ? Jadis incongrue, cette question est aujourd'hui d'une grande actualité et acuité. Car l'instauration du système LMD a changé la donne et provoqué un grand débat sur le sujet. Débat, dont une table ronde organisée par Les Editions CLEF, le 4 octobre, va se faire l'écho. En marge de leur salon du livre économique et juridique, les Editions CLEF organisent, jeudi 4 octobre 2007 (de 21h à 23h30), à La Maison Maghrébine de la Culture Ibn Khaldoun, une table sur la réforme des études d'expertise comptable, à la suite de l'instauration du système LMD. Jusqu'ici, ainsi que le rappelle M. Ghazi Mejbri, patron des Editions CLEF, «les études conduisant au diplôme d'expert comptable comprenaient deux principales étapes : la «maîtrise» (sanctionnant quatre années d'études supérieures) et la «révision comptable» (un diplôme de troisième cycle qui couronne une année d'études spécialisées post-maîtrise). Une fois ces deux diplômes en poche, le candidat à l'expertise comptable effectue un stage professionnel de trois années, puis soutient un mémoire de fin d'étude lui permettant de décrocher le diplôme d'expert comptable. La maîtrise ayant disparu avec l'entrée en vigueur du système LMD, «il est devenu urgent de construire un nouvel itinéraire conduisant au diplôme d'expertise comptable et adapté au système LMD», et qui soit «clair, rentable, offrant un enseignement de qualité, proposant des solutions d'entrée et de sortie (passerelles) viables et reconnu au-delà de nos frontières». Or, en l'absence d'un consensus sur cette question, deux camps s'affrontent aujourd'hui en Tunisie, porteurs de conceptions totalement opposées, tant au sujet des diplômes à délivrer que des organes à gérer le processus de formation. Sur le premier point, certains plaident pour l'instauration d'un nouveau Master (CCA en particulier) «inspiré des expériences des pays de l'Union européenne et amarré à leur système» et «offrant des possibilités d'échanges plus importantes avec ces pays». A l'opposé, d'autres sont favorables au «maintien de la révision comptable d'inspiration historiquement française (qui semble avoir donné de bons résultats au niveau de la qualité des enseignements) tout en l'adaptant au nouveau système par un étalement de la durée sur deux années». Concernant le deuxième point, les organes, l'organisateur de la table ronde rappelle que «contrairement à d'autres pays, la Tunisie a renoncé au recours à une Commission Nationale unique pour piloter et favoriser l'obtention d'un diplôme uniforme». A la place, elle a instauré un jury national dont le sort, également, ne fait pas l'unanimité. En effet, alors qu'un premier groupe plaide pour son maintien, un deuxième appelle, au contraire, à la réinstauration de la Commission Nationale, qui serait composée des représentants du ministère de l'Enseignement Supérieur, de l'Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT) et du ministère des Finances. Cette Commission aurait pour vocation de «valider le contenu et la qualité des enseignements prévus dans les différents Licences et Masters pouvant conduire au diplôme d'Expert Comptable», «reconnaître les formations et les établissements habilités à délivrer les équivalences qui conduisent au Diplôme d'Expert Comptable» et «gérer le cursus final du Diplôme d'Etat d'Expert Comptable». La table ronde organisée par Les Editions CLEF promet d'être d'autant plus «chaude» que tous les protagonistes de ce dossier devraient y prendre part, dont notamment le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, l'OECT, la Commission Nationale de Réforme des Etudes Comptables, des enseignants et experts et des membres de jurys de Révision Comptable et du Master CCA. M.M.