Tunisie – METEO : Temps stable et vent fort sur le sud    23 500 moutons disponibles à Tataouine, mais à quel prix ?    Nabil Ammar reçoit l'ambassadeur des Etats Unis à Tunis    L'ambassade russe dément les informations sur les avions militaires en Tunisie    Ariana : Saisie de 100 plaques de cannabis    Où se trouve l'arbre le plus haut du monde ?    ARP: Adoption de l'accord de prêt de 300 millions de dollars entre la Tunisie et le BIRD    Marché de Kairouan: Prix des légumes, des fruits et des viandes (Vidéo+Photos)    Coupure d'eau potable dans ces zones    Monde: L'épouse de Bachar Al Assad souffre d'une leucémie    Dalila Ben Mbarek Msaddek : on refuse encore une fois de me délivrer une autorisation de visite !    À 39 ans, Cristiano Ronaldo prêt à briller à l'Euro 2024    Real Madrid : Toni Kroos annonce la fin de sa carrière    Nabil Ammar reçoit l'ambassadeur du Qatar en Tunisie    Découvrez le classement mondial et arabe des pays producteurs d'Acier    Daily brief régional du 21 mai 2024: Repêchage des corps de deux enfants noyés au large de Zarzis    Aéroports Tunisiens : Vers une capacité de 35 millions de passagers d'ici 2035    Bizerte : Coup d'envoi du recensement général de la population    Aujourd'hui, ouverture du 1er forum de la formation professionnelle : Le forum, et après ?    Décès de la militante Naama Nsiri    En vidéo : des familles se réjouissent de l'arrivée de leurs enfants en Italie    IRAN : Début des cérémonies funèbres en hommage au président Ebrahim Raïssi    Décès tragique du président iranien : Enquête ouverte pour déterminer les causes de l'accident, politiquement, rien ne devrait changer    Israël-Hamas : Amal Clooney a oeuvré pour l'émission des mandats d'arrêt de la CPI    Ambassade du Canada : Lancement courant juin des Journées Mobilité Canada 2024    Ridha Zahrouni : la violence témoigne de l'échec du système éducatif !    Pétrole : Prix du baril au 20 Mai 2024    Groupement Professionnel des Energies Renouvelables de la Conect : La transition énergétique, levier de croissance et de création de richesse    Mungi Bawendi, lauréat du Prix Nobel de Chimie 2023, invité de l'Université de Tunis El Manar    Le CA est d'attaque : Pousser à l'action    EST – Sorti sur une civière samedi : Ben Hmida récupérable !    Commerce extérieur: Les 20 pays avec lesquels la Tunisie est déficitaire et excédentaire    «Al Massafa Sifr», la dernière pièce de Ali Bennour et sa troupe estudiantine, ce samedi 25 mai au Rio : Un nouvel espace de dialogue entre l'université et la culture    Tribune | Quel avenir pour la Cinémathèque tunisienne ?    L'acteur Ali Bennour à La Presse : «Je crois en l'importance et l'influence du théâtre universitaire»    Mondiaux paralympiques : Médaille d'or pour Yassine Guenichi    L'Espoir Sportif de Jerba s'arrête aux huitièmes : Un parcours honorable    Sotrapil propose un dividende de 1,3 dinar par action pour l'exercice 2023    Kais Saied renforce les mesures contre l'entrave au service public    Sfax, l'épopée de 1881    Près de 23 mille migrants irréguliers sur le sol tunisien, d'après le ministère de l'Intérieur    Biden défend Israël contre les accusations de génocide à Gaza    Comment est choisi le nom du plat tunisien « Nwasser » ?    Le 225ème anniversaire de la naissance d'Honoré de Balzac    Les Filles d'Olfa remporte trois prix lors de la 8e édition des Prix des Critiques pour les films arabes    Décès confirmé du président iranien Ebrahim Raïssi    Le président colombien réagit au tifo de l'Espérance sportive de Tunis    Ce samedi, l'accès aux sites, monuments et musées sera gratuit    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Tourisme d'aujourd'hui au Parfum d'hier»
Publié dans WMC actualités le 22 - 10 - 2007

Dans le cadre du Forum international sur les Villes et Sites de Front de mer : «Tourisme et développement» organisé à Kavala du 4 au 7 octobre 2007 par la Chambre technique de la Grèce et de la Section Est de la Grèce Macédonienne, en coopération avec le Programme régional de travail «Architecture et Tourisme - Région II de l'UIA», la Chambre technique de Kavala et l'Association des architectes de Kavala, j'ai le plaisir de contribuer à cette manifestation par une intervention qui rentre dans le cadre de la session F sous le thème : Tourisme et développement dans les sites historiques et traditionnels du Bassin méditerranéen.
Mon intervention intitulée «Tourisme d'aujourd'hui au parfum d'hier» a porté sur la restauration de quelques monuments et sites historiques du Sud tunisien et leur reconversion en projets touristiques et culturels en prenant comme exemple : un ksar à Tataouine, trois fondouks, un borj et un houch à Djerba et évoque le village de Sidi Bou Saïd qui a été transformé en un gigantesque musée vivant qui représente une option à méditer en vue de revaloriser notre patrimoine afin qu'il puisse participer activement aux développements économiques et sociaux de nos pays.
Il faudrait alors un geste qui redonne vie, protection et prolongement à ces témoins muets de l'histoire, les mette dans leur contexte le plus adéquat, en fasse un musée vivant et garantisse la transmission de leurs valeurs aux générations futures.
Entre l'exigence envahissante de la modernité en matière de structures d'accueil touristiques et du besoin incessant d'un confort artificiel qui jalonne les nouvelles aspirations de la population, ce patrimoine se trouve en péril et risque de perdre à jamais toutes ses traces.
La question qui se pose, donc, et à laquelle nous essayons tous d'apporter une réponse, c'est comment notre patrimoine, qui constitue notre identité, pourrait faire face à cette mondialisation, à cette homogénéisation et à cette uniformisation tout en assurant, en tant que potentiel touristique et culturel, le développement économique de nos pays.
Pour cette raison, le souci majeur de mon intervention a été une sensibilisation à ce patrimoine universel, une invitation à la recherche en vu de sa sauvegarde et de sa remise en valeur et une incitation à la création de structure de préservation.
Chargé d'histoire, de valeurs humaines, de symboles religieux et cultuels, de potentiels touristiques et culturels et emblème de paix et de gloire, le sud tunisien constitue un véritable carrefour de civilisations dans le bassin méditerranéen. Vaste territoire d'un pays trois fois millénaire, il constitue et reste à jamais une région représentant un mode de vie unique. Son charme et ses caractéristiques physiques font de lui un monde à part. La région de Tataouine est une partie intégrante de ce monde sublime.
Ksar Ouled Dabbeb, une des perles constituant ce bijou naturel, a été construit sur une colline à 5 km de la ville de Tataouine et deviendra un pôle d'attraction culturel situé sur un parcours touristique qui relie plusieurs sites fréquentés par de nombreux visiteurs. Ce ksar, en grande partie démoli ou menaçant ruine, a fait l'objet d'une importante remise en état vu que la structure d'origine n'offrait plus aucun attrait particulier, mises à part sa situation panoramique, sa taille exceptionnelle et son architecture originale.
Pour le système d'exploitation de ce projet et ses retombées économiques, il faut préciser que la Tunisie, dans le cadre de l'encouragement et de la promotion du tourisme saharien et du tourisme culturel, a beaucoup aidé les promoteurs privés à investir avec pleins d'encouragements sous forme de subventions matérielles, d'avantages fiscaux et de concession à l'instar de ce projet.
Djerba, l'île des Rêves, l'île des lotophages, l'île aux Mille Jardins, l'île enchantée, l'île de la 5ème saison selon Ulysse, autant de superlatifs qui ne décrivent qu'une infime partie des atouts et des caractéristiques qui font le charme discret, la beauté inégalée, la splendeur naturelle et la magie de ce lieu, Djerba se veut un paradis en pleine mer.
Depuis la haute Antiquité, Djerba a toujours été une terre d'accueil et de rencontres. Elle recevait Grecs, Phéniciens, Carthaginois, Romains, Byzantins et musulmans qui ont tous laissé des traces de leurs savoir-faire ; ainsi, on assiste à un véritable Brassage Ethnique et Culturel.
Parmi les monuments et les sites qui ont fait, eux aussi, l'objet d'un brassage, on cite Borj Ghazi Mustapha appelé encore Borj El Kebir situé au nord de Houmt Souk.
Ce borj, ancien fort arabe du début du XVème siècle, a été construit sous le règne de l'Emir Abou Fares El Hafsi, fut renforcé par le Corsaire Dragut puis agrandi par les Espagnols au XVIème siècle.
Ce monument fort important par son emplacement stratégique, son riche historique et son architecture pure et imposante, a été pris en charge par les chercheurs de l'INP avant d'être sous la gestion et l'exploitation de l'AMVPPC pour fonctionner comme un Musée archéologique.
Récemment, ce fort a été le support d'un grand travail de plusieurs professionnels pour réussir sa parfaite illumination avec un éclairage judicieux qui a permis sa nouvelle lecture et contribué à égayer, par ses lumières et ses belles couleurs, les soirées des visiteurs.
Pas loin de ce Borj, se trouve le centre de Houmt Souk comptant 50.000 habitants en majorité des commerçants. D'ailleurs, Houmt Souk signifie littéralement «Le Quartier du Marché».
Parmi les composantes les plus remarquables de Houmt Souk, on cite le Fondouk connu aussi sous le nom de Caravansérail ou Khan à l'Orient ou encore Oukala en Egypte. Les plus anciens des Fondouks de Houmt Souk ont déjà plus de quatre siècles d'existence.
En général, cette expression architecturale se présente sous forme d'un Bâtiment simple, sobre, imposant et sans ouvertures sur l'extérieur, exceptée l'entrée principale parfois monumentale et saillante pour assurer l'identification et l'appel aux visiteurs.
Ces structures, rectangulaires ou carrées, sont conçues autour d'une grande cour centrale assurant le rassemblement sans gène des occupants et à l'encontre des cours des Caravansérails et des Khans d'Orient qui sont dépourvues de portiques, les cours des Fondouks Djerbiens sont dotées de portiques périphériques à double étages permettant aux commerçants d'occuper les Ghorfas du niveau supérieur, de mettre leurs animaux de bât au Patio et de stocker les marchandises dans les pièces du rez-de-chaussée. Les témoignages recueillis ont permis de dresser une image hâtive du fonctionnement de ces fondouks.
En définitive, les fondouks, qui représentaient autrefois un support de plusieurs activités importantes, ne s'inscrivent plus dans le système de commerce et d'échange qui fut à l'origine de leur création, mais plutôt en tant que repères vivants de l'Histoire de l'île.
En partenariat avec le Conseil Général de l'Hérault, un Projet pilote de Restauration, de Revalorisation, de Réhabilitation et de Reconversion a été instauré depuis quelques années à Houmt Souk et a touché quelques 25 fondouks du Centre ancien de cette Ville.
Parmi les fondouks qui font partie des premières unités rénovées et reconverties, El Marhla ou l'étape qui abrite une pension constituée d'une trentaine de chambres modestes avec un restaurant bar qui répondent aux besoins de quelques commerçants passagers ou autres visiteurs à petits budgets cherchant à être au cœur du quartier ancien.
Un 2nd fondouk, jouxtant El Marhla, fonctionne depuis quelques années comme auberge de jeunes et offre ses services à quelques centaines de jeunes et d'étudiants provenant de plusieurs pays du monde et qui ne peuvent forcément pas supporter les tarifs, parfois exorbitants, des hôtels.
Un 3ème fondouk, en plein centre de Houmt Souk également, abrite depuis des années l'hôtel Aricha qui fait le bonheur de plusieurs amoureux de l'âme du passé dans toute sa simplicité et son authenticité. Il est mieux équipé et entretenu que les deux premiers.
Ces trois fondouks, très proches de point de vue emplacement, configuration, typologie et fonctionnalité, constituent l'une des réponses apportées dans le cadre général du Projet de développement et de valorisation du cœur de la ville de Houmt Souk.
D'une façon générale, l'organisation spatiale du fondouk se prête à bien des usages. Les résidences hôtelières précitées ont fait la preuve d'une reconversion possible, tout comme les centres de commerce et d'artisanat qui pourraient s'y intégrer parfaitement.
L'une des merveilles incontestables de l'île de Djerba est sa propre architecture qui triomphe par sa simplicité, son originalité et son authenticité qui font sa beauté incontestée. Cette architecture typiquement djerbienne se manifeste aussi bien dans les équipements que dans les bâtiments publics, les mosquées et les lieux de culte, les habitations urbaines ou rurales qui affichent leurs styles propres et typiques.
Le Menzel, habitat traditionnel rural de l'île, est constitué de plusieurs composantes, à savoir : le houch ou maison qui apparaît, de l'extérieur, comme une petite forteresse, le jnan ou jardin qui est une exploitation agricole familiale réservée à la culture maraîchère et l'Etable. Ces habitations, qui présentent un intérêt architectural et historique considérable, sont menacées actuellement par l'abandon, les problèmes d'entretien dus au grand nombre d'héritiers et la restauration qui s'avère de plus en plus chère vu le manque de main-d'œuvre qualifiée.
Cependant, quelques exceptions apparaissent pour nous réconforter et nous réjouir et représentent ainsi un véritable baume aux cœurs sensibles à ce patrimoine architectural.
Parmi ces exemples, surgit brillamment «Dar Dhiafa» une résidence nichée dans le Village d'Erriadh à 7km de Houmt Souk, cet ensemble de houchs traditionnels djerbiens a été reconverti en un hôtel de charme luxueux, confortable, bien entretenu mais surtout authentique et original. Un charme envoûtant et éclatant se dégage de cette composition harmonieuse faite d'habitats typiques du vieux village, tous restaurés et aménagés pour le plaisir de nos sens.
Tous ces lieux et bien d'autres ont fait de Djerba l'île de rêves par excellence. D'ailleurs, un simple tour dans cette île à travers ses routes et sentiers, nous fait découvrir à quel point son Développement économique et social l'a orientée vers le Tourisme Culturel.
Cette politique adoptée à l'île de Djerba et adaptée à ses spécificités s'inscrit parfaitement dans le cadre de la stratégie nationale de mobilisation du tourisme culturel appliquée sur tout le territoire tunisien afin d'établir une symbiose entre la revitalisation du patrimoine et le développement économique des régions par le biais du tourisme.
Dans ce cadre s'insert le sublimissime et le célébrissime village de Sidi Bou Saïd, qui a été classé Patrimoine mondial par l'UNESCO depuis plusieurs décennies. Ce village, perché entre terre et ciel et surplombant une mer splendide, offre une vue panoramique exceptionnelle. En effet, Sidi Bou Saïd, véritable village musée, regorge de trésors culturels et naturels qui constituent un immense potentiel à son développement, mais qui risquent d'être endommagés s'ils ne sont pas entièrement pris en charge et réinjectés dans son propre système de développement.
En passant du micro au macro, la taille change mais les principes restent les mêmes. Ainsi, la Tunisie, dotée d'un patrimoine archéologique, architectural, culturel et naturel, matériel et immatériel très important, œuvre sans cesse à mettre en application un programme d'action orienté vers la découverte de ce patrimoine, son inscription dans un tissu urbain structuré permettant de placer l'homme en harmonie totale avec son environnement naturel et stimulant l'amour de ce que nous risquons de perdre.
Par cette intervention, nous comptons, modestement, enrichir le débat à l'occasion de cet important Forum, de présenter l'expérience tunisienne en matière de restauration et de réhabilitation de l'architecture vernaculaire et servir de témoin sur la possibilité d'intervenir sur ce patrimoine avec peu de moyens mais beaucoup d'amour et de sensibilité pour en faire une parfaite illustration d'un tourisme vibrant au diapason de la modernité et baignant dans une ambiance au parfum d'hier.
* architecte


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.