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L'économie sociale de marché en Allemagne : Un modèle de développement pour le monde arabe ?
Publié dans WMC actualités le 04 - 02 - 2008

L'économie sociale de marché a été développée par l'Allemagne de l'Ouest après la Seconde Guerre mondiale comme modèle politico-économique. Il repose sur l'idée de l'harmonisation entre la liberté économique et la justice sociale. Trois facteurs ont contribué à la conscience sociale de l'économie sociale de marché.

Premièrement, il fallait venir à bout de la misère qui accablait les Allemands sur le terrain. Deuxièmement, il a été nécessaire d'établir la confiance en le nouveau système politique et économique. Troisièmement, cette nouvelle approche reflétait les changements qui avaient commencé avec la grande dépression lorsque les économistes ont prôné l'idée d'un Etat plus fort et mis en question les bienfaits universels du marché. L'économie sociale de marché allemande est souvent décrite comme une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme. Mais étant donné qu'il définit un ordre économique et social, ce concept est bien plus complexe qu'un cadre de politique macroéconomique. L'engagement vers un ordre normatif social et économique n'a pas seulement aidé l'Allemagne à réaliser son miracle économique après la Seconde Guerre mondiale, il constitue également une option pour le monde arabe. Pourquoi ?

Le monde arabe souffre de trois problèmes que l'Allemagne a su éviter grâce à l'économie sociale de marché : manque de concurrence dans le secteur privé, orientation vers l'intérieur et inégalité des chances. En Allemagne, la concurrence a fait augmenter les revenus, élargi la base fiscale et contribué à la modernisation économique. L'orientation vers l'extérieur a en outre conduit à de relations pacifiques avec ses voisins européens. L'égalité des chances économiques et la redistribution des revenus ont par ailleurs réduit les inégalités régionales en termes de revenus et encouragé la mobilité verticale à l'intérieur de la société. L'esprit de l'économie sociale de marché se fait également sentir au sein de l'Union européenne. Le monde arabe, par contre, s'est engagé dans une stratégie à orientation intérieure quelque peu socialiste qui a mené à une bureaucratisation de l'activité économique, la fuite des capitaux, la disparition de la classe moyenne dans le secteur privé, l'autoritarisme politique et le népotisme.

Certes, après la Seconde Guerre mondiale il a été très difficile de prendre la bonne décision politique. A l'instar de l'Allemagne, le monde arabe a été pris dans la bataille des idéologies. La combinaison entre un passé coloniale, l'évolution de la guerre froide et le succès économique et technologique que l'ancienne Union soviétique avait connu a ses débuts, ont fait de l'orientation vers l'intérieur et du socialisme une alternative sérieuse. Qui plus est, de nombreux pays en développement craignaient l'ouverture de leurs économies à la concurrence mondiale car ils estimaient que sans protection ils ne seront jamais capables de combler le retard face au monde industrialisé. Il s'est avéré qu'ils avaient tort. Les pays en développement qui ont le mieux réussi ont été ceux qui ont ouvert leurs économies vers l'extérieur.

Malgré les excuses que l'on puisse trouver pour défendre les premiers leaders arabes après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays arabes ont aujourd'hui besoin d'un nouveau paradigme politico-économique. A cet égard, l'économie sociale de marché peut constituer une alternative intéressante, notamment par rapport à son principal concurrent le Consensus de Washington.

La grande différence entre l'économie sociale de marché et le Consensus de Washington se situe moins dans le choix de la politique et des instruments de développement que dans l'évaluation de leur interaction avec les objectifs du développement social. Les deux camps s'accordent sur la concurrence, la propriété privée, la libéralisation des prix, le contrôle de l'inflation et l'austérité fiscale comme étant les éléments majeurs pour garantir le développement économique. Ils sont notamment d'accord sur le fait que ces éléments permettent à la politique une allocation plus efficace des ressources rares dont un pays dispose et une meilleure croissance économique. Par contre, il existe un désaccord substantiel concernant la question de savoir si ces bénéfices contribuent également à la promotion de la stabilité et de la cohésion sociales. Les économistes partisans de l'économie sociale de marché le contestent et demandent la prise en compte de l'ordre social à l'intérieur duquel les réformes et les politiques économiques se réalisent.

La compatibilité entre l'ordre social et les réformes économiques est tellement importante pour l'économie sociale de marché qu'il existe un terme spécifique en allemand, la «Ordnungspolitik» ou politique ordonnatrice. L'objectif de cette politique ordonnatrice est de promouvoir à la fois la concurrence sur les marchés et un développement social équilibré. L'Etat n'intervient dans le processus économique par des actions correctives que pour minimiser les distorsions du marché. Cela signifie p. ex. qu'au lieu d'accorder des subventions à des secteurs industriels en déclin, l'Etat soutiendra les ouvriers licenciés à développer de nouvelles compétences. En outre, l'Etat n'intervient qu'en dernier lieu, il fait d'abord appel à la responsabilité individuelle de chacun. Néanmoins, la politique ordonnatrice réagit lorsqu'une économie tend vers la récession, il agit pour soutenir les citoyens qui n'ont pas accès aux opportunités économiques. Il anticipe également des défaillances du marché dans le domaine de l'éducation, de la sécurité sociale, des infrastructures publiques et de l'environnement.

En fin de compte, c'est la conviction profonde qu'il existe une relation entre l'ordre social et l'ordre économique qui distingue les partisans de l'économie sociale de marché et leur fait adopter une position critique vis-à-vis du Consensus de Washington. De leur point de vue, le Consensus de Washington a imposé à certains pays des réformes économiques et politiques rapides sous l'illusion que ces dernières amèneront également le développement social. Or, les expériences acquises semblent montrer que les mesures de stabilisation sociale auraient dû être mises en place simultanément aux réformes économiques. Les réformes économiques et politiques en Amérique latine et dans le monde arabe ont peut-être amélioré l'efficacité des allocations, mais ils n'ont pas su abolir les inégalités économiques existantes en termes de revenus et d'opportunités économiques. Plus grave encore, dans l'ancienne Union soviétique les inégalités relativement faibles ont été creusées pour atteindre le niveau de l'Amérique latine et des pays arabes. Par conséquent, les couches les plus pauvres de la société n'ont pas bénéficié des avantages des réformes économiques, ce qui contribue considérablement aux instabilités politiques actuelles, au retour d'un populisme de gauche en Amérique latine, à la montée de l'intégrisme islamique dans le monde arabe et du nationalisme en Russie.

Nous ne disposons que d'un seul exemple qui montre la transformation d'une société dans l'esprit de l'économie sociale de marché : la réunification allemande. L'Allemagne a été souvent critiquée pour la gestion de cette réunification, notamment par les partisans du Consensus de Washington. Cette critique s'est généralement concentrée sur le fait que les transferts de l'Allemagne de l'Ouest vers l'Est ont été trop généreux et l'exposition de l'Allemagne de l'Est à la concurrence trop faible. S'il est vrai que l'Allemagne a payé au prix fort la réunification et que certains aspects de cette réunification auraient pu être gérés différemment, l'Allemagne n'a jamais sombré dans le chaos social. Les Allemands d'aujourd'hui ont fait des sacrifices pour donner à tous les Allemands les mêmes chances économiques, des sacrifices dont les fruits seront récoltés par les générations futures. Le Consensus de Washington, par contre, a vécu dans l'illusion qu'en ajustant les prix on ajustera également les sociétés. Non, il faut également investir dans l'ordre social. L'expérience faite par l'Allemagne et l'Europe peut, de ce fait, constituer une alternative sérieuse pour le monde arabe.

* Marcus Marktanner est professeur assistant au département des sciences économiques de la American University of Beirut (AUB). Il a obtenu un doctorat à l'Ecole polytechnique d'Ilmenau, Allemagne. Dans sa thèse de doctorat, il a examiné l'économie politique du processus de transformation et d'intégration des anciens Etats socialistes. Avant sa nomination à l'AUB, il a enseigné et fait des travaux de recherches en Allemagne et aux Etats-Unis. Ces thèmes de recherches comprennent l'économie politique, l'analyse des politiques publiques, les économies en transition et en développement. Il est régulièrement consulté pour des questions de politiques publiques.

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A propos de la Konrad-Adenauer-Stiftung

La Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS), une des plus éminentes fondations politiques en Allemagne est l'héritière fidèle du premier chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967) qui a introduit l'économie sociale de marché dans l'économie allemande d'après-guerre en étroite collaboration avec son ministre de l'économie Ludwig Erhard et en s'inspirant de l'Ecole de Fribourg.

Animée par le désir de promouvoir et de soutenir la démocratie, la liberté et la justice, la Konrad-Adenauer-Stiftung déploie, depuis plus de 25 ans, ses activités dans la région du Proche et Moyen Orient et la Méditerranée. Dans le cadre de ses activités qui visent à développer un ordre économique adéquat, la KAS se base essentiellement sur l'économie sociale de marché, un concept qui a fait ses preuves en Allemagne et a été adopté par de nombreux Etats européens. La KAS voudrait partager l'expérience allemande et contribuer à une connaissance plus approfondie de l'économie sociale de marché parmi ses partenaires et amis dans la Région Proche Orient / Méditerranée. La Konrad-Adenauer-Stiftung reste convaincue que les principes de l'économie sociale de marché offrent des solutions tout à fait adaptées aux défis à relever, aujourd'hui, par les économies arabes.

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A propos de Konrad Adenauer

Le chancelier allemand Konrad Adenauer (1876-1967) qui a introduit l'économie sociale de marché dans l'économie allemande d'après-guerre en étroite collaboration avec son ministre de l'Economie Ludwig Erhard et en s'inspirant de l'Ecole de Fribourg.

Animée par le désir de promouvoir et de soutenir la démocratie, la liberté et la justice, la Konrad-Adenauer-Stiftung déploie, depuis plus de 25 ans, ses activités dans la région du Proche et Moyen Orient et la Méditerranée. Dans le cadre de ses activités qui visent à développer un ordre économique adéquat, la KAS se base essentiellement sur l'économie sociale de marché, un concept qui a fait ses preuves en Allemagne et a été adopté par de nombreux Etats européens. La KAS voudrait partager l'expérience allemande et contribuer à une connaissance plus approfondie de l'économie sociale de marché parmi ses partenaires et amis dans la Région Proche Orient / Méditerranée. La Konrad-Adenauer-Stiftung reste convaincue que les principes de l'économie sociale de marché offrent des solutions tout à fait adaptées aux défis à relever, aujourd'hui, par les économies arabes.

Contact :
(Programme Régional Proche Orient / Méditerranée
3, Rue Mahmoud El Ghaznaoui - 1082 El Menzah IV Tunis / TUNISIE
Tel +216 - 71 751 420 / 71 237 525 - Fax +216 - 71 750 090
Site web: www.kas.de e-mail: [email protected])


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