Après deux grands colloques régionaux organisés en 2006 et 2007 sur les thèmes respectifs : «Le consensus social : discours et pratiques» et «Le droit social Maghrébin en mutation », l'Association des Responsables de Formation et de Gestion Humaine dans les Entreprises «ARFORGHE», a choisi cette année- avec la collaboration de la Fondation Konrad Adenauer Stiftung- de rassembler les employeurs, les employés et les gestionnaires de ressources humaines, venus notamment de la Tunisie, de la Mauritanie, du Maroc et de l'Algérie, pour débattre de la protection sociale face aux nouvelles formes d'emploi les 8 et 9 mai 2008 à Tunis. Plusieurs thèmes assez riches et variés ont été discutés au cours de cette rencontre tels que l'apport de l'Etat dans la nouvelle protection de l'emploi, l'adaptation de la législation sociale au nouveau contexte économique, le rôle de l'Etat en matière de financement de la sécurité sociale, les ressources humaines et filet de protection sociale et enfin la flexicurité et la protection sociale.
Ouvrant les travaux de ce colloque, Mme Zeineb Attia Mahjoub, présidente de l'ARFORGHE, n'a pas manqué de revenir sur les réalisations ainsi que sur les décisions et les projets en matière de protection sociale et a souligné que « si la protection sociale d'origine professionnelle constitue un domaine en pleine expansion, les garanties, les modalités contractuelles, les dispositifs restent très hétérogènes et les frontières et les règles ne sont pas stabilisées ».
Après avoir tracé, disons, l'évolution des systèmes de protection sociale au Maghreb, et signalé que ces mutations et transitions n'ont pas pu s'opérer facilement et ont eu lieu dans un contexte très spécifique de lutte contre le chômage, Mme. Mahjoub fait remarquer que le modèle conventionnel de protection sociale devient inefficace parce que c'est un modèle qui suppose une croissance continue de l'emploi salarié, une capacité de prélèvement sur tous les revenus, des mécanismes actifs et ciblés de redistribution de ressources et enfin des partenaires sociaux actifs et un Etat régulateur.
Et Mme. Mahjoub de conclure que « globalement, un constat s'impose, la protection sociale étatique au Maghreb reste centrée sur le secteur urbain formel et tend à reproduire des inégalités de revenus. Il est donc impérieux de réinstaurer le débat sur la recomposition de la protection sociale et de se poser les questions cruciales de savoir : Quels sont les droits et prestations à mettre au cur du nouveau système de protection sociale ? Comment prendre en compte à la fois le secteur formel et informel ? Comment se répartir les responsabilités et promouvoir les initiatives sans diminuer pour autant le rôle de l'Etat ?».
Pour sa part Mme. Monia Jeguirim Saidi, présidente du CJD, a souligné avoir trouvé « le thème du colloque très signifiant dans la mesure où il pose la problématique des enjeux de l'adaptation de la législation sociale au nouveau contexte économique, surtout face aux nouvelles formes d'emploi » et a ensuite mentionné que « dans un monde en pleine mutation, l'entreprise tunisienne se trouve dans l'obligation de se doter des ressources humaines en qualité et non pas en quantité » avant de préciser qu'elle entend par « qualité », « la qualité managériale à tous les niveaux comme le niveau linguistique car on constate, dit-elle, une carence dans la maîtrise des langues étrangères ».
Mme Saïdi trouve également que les diplômés manquent de l'encadrement adéquat de la part des chefs d'entreprises et a en tant que présidente du CJD annoncé le message suivant : «usez de moins de théories académiques au profit des modes pratiques du management».