Si le nom de COMAR n'est vraiment connu de très près que des assurés de la Compagnie, il est en revanche, et deux fois l'an, évoqué en grande pompe par la très large famille des sportifs et celle, non moins prestigieuse, des hommes et des femmes de lettres. A la fois Compagnie d'assurances et mécène de deux événements annuels, COMAR est entrée de plain-pied dans la vie économique, sportive et littéraire du pays. De sa force, certes, est né ce mécénat ; mais c'est de ce mécénat, très peu développé et en de rares occasions par l'entreprise économique privée, qu'est née sa popularité. Pour ne parler que du roman tunisien, le Comar d'Or, depuis sa création, a contribué à l'éclosion de maints talents et fait sans conteste bien des émules. S'imaginerait-on dès lors toute la dynamique culturelle pouvant animer et enrichir le pays si les grandes Sociétés privées instituaient à leur tour des prix pour le théâtre, le cinéma, le conte pour enfants et toutes les expressions plastiques ? L'on s'est tellement plu à considérer que l'Etat est le seul garant et le premier responsable de la culture du pays que le secteur privé a fini par considérer que cette branche n'est pas son affaire. Pis : en consommant avec un plaisir certain la culture de l'Autre (l'étranger) tout en brocardant la sienne, l'on a oublié dans la foulée que l'on n'a en fait rien fait pour sa propre culture. Et c'est là où se démarque COMAR par rapport à l'ensemble ou presque du tissu économique privé.
Quelques mauvaises langues ne se privent pas de laisser entendre que le Comar d'Or n'est rien d'autre qu'une publicité pour la Compagnie. Soit. Mais qui pourrait raisonnablement contester cette si noble forme de publicité ? Débourser une fois l'an près de 30 mille dinars pour célébrer la fête du roman tunisien, on voudrait tant voir d'autres entreprises agir de même et donner à leur publicité une image plus valorisante et efficace qu'un pauvre spot dans la rue que les gens regardent sans vraiment voir.
Le Marathon international de COMAR
23 ans !... C'est l'âge qu'aura atteint au mois d'octobre prochain le Marathon international de COMAR en organisant donc pour la 23ème année consécutive cette compétition sportive ayant revêtu dès la 3ème année son caractère international après s'être ouverte sur le Maghreb lors de sa deuxième édition. Sous l'intitulé Courir pour une bonne cause'', thème choisi l'an dernier en raison de la noblesse d'esprit des marathoniens lauréats déterminés à dédier leurs prix à des actions humanitaires, le Marathon 2007 était on ne pouvait mieux cosmopolite pour avoir aligné Tunisiens, Algériens, Marocains, Français, Italiens, Yougoslaves, Norvégiens, Américains, Ethiopiens, une Iranienne, une Brésilienne, un Kenyan et d'autres encore.
Tradition bien ancrée et immanquable d'une part, ouverture bienveillante sur le monde d'autre part, le Marathon international de COMAR, qui poursuit inlassablement sa course depuis près d'un quart de siècle, se veut toujours un point de rencontre entre les peuples à dessein de lutter autant que faire se peut contre les tendances racistes et xénophobes qui minent et enveniment les rapports entre les humains.
Le Comar d'Or
Ce cadet du mécénat de la Compagnie est arrivé il y a 12 ans. Le Prix du roman tunisien de langues arabe et française, fêté généralement au mois d'avril de chaque année avec faste et force animation musicale, est la fête de la littérature tunisienne couronnant les créations les plus méritantes selon l'appréciation d'un jury composé de grands noms de la presse écrite et d'universitaires à l'intégrité et à la valeur intellectuelle incontestables.
Deux petits chiffres en disent beaucoup sur le mérite de l'avènement de ce Prix. Le Comar d'Or avait enregistré en 1997, année de son lancement, 13 romans en compétition. Seulement. Et curieusement, tous les 13 étaient de langue française. Mais depuis, l'arabe, langue du pays, allait dominer largement chacune des éditions de la manifestation. Douze années plus tard, donc en cette année 2008, le Comar d'Or a enregistré l'arrivée en lice de 325 romans (pour les deux langues). S'il est permis de présenter ainsi la situation, on va dire qu'en 12 ans, la tendance a été multipliée par 25 (en termes de nombre de romans en compétition).
Côté Compagnie, la COMAR a offert, de 1997 à 2008, exactement 200 mille dinars rien qu'en Prix décernés aux lauréats. Et c'est évidemment cela qui explique la dynamique littéraire insufflée dans le pays.