Après une éclipse de quelques semaines, me voilà de retour. Il me fallait un peu de temps pour me ressourcer en ce début d'été. Avec cette chaleur qui commence à être suffocante, c'est bel et bien l'été qui s'installe à Tunis (au sud d'où je rentre après une petite mission, c'est pire). Et avec l'été qui s'installe, nos bonnes et vieilles habitudes de prendre un café sur la terrasse reprennent leurs droits. Ah, que c'est agréable de siroter son café ou son thé sur l'une des nos avenues ! Que ce soit celle de Tunis, de La Marsa, de Sidi Bou, d'El Manar ou de la Cité Ennasr,... c'est toujours agréable. Consommer sa boisson en regardant les voitures défiler et les filles (ou les mecs) trimballer, c'est un plaisir sans prix. Surtout si l'on est seul avec ses anges (c'est une expression dialectale que seuls les Tunisiens connaissent) où l'on peut penser sa journée, programmer son lendemain, réfléchir aux petites choses de la vie, rédiger son prochain papier dans la tête (l'étape la plus difficile et la plus délicate d'un article). Et en sirotant mon café, j'ai constaté une chose extraordinaire. C'était à la Cité Ennasr dans cette avenue principale qu'est l'avenue Hédi Nouira où l'on pourrait recenser le plus grand nombre de cafés au kilomètre carré du pays. C'est fou le nombre de cafés qu'il y a sur cette avenue et c'est fou le nombre de clients qu'il y a ! Mais où ses clients allaient avant qu'on crée cette avenue qui n'existait pas il y a à peine 5-6 ans ? Mais là n'est pas la question du jour. La question, je l'ai posée en titre «Un cahier des charges, cela se respecte combien de temps ?». C'est qu'attablé devant mon café, je constate que les très larges trottoirs mis en place par les promoteurs (ou la mairie) conformément aux exigences du cahier des charges et de la réglementation en vigueur, n'existent plus ! J'étais à même le trottoir, juste devant le pare-choc de ma voiture. Vu que j'étais sous un parasol, je conclus que ma table et moi-même n'avons pas bougé inconsciemment de quelques mètres pour nous déplacer depuis la terrasse «officielle» jusqu'à devant le petit parking. Je me rappelle qu'il y avait des escaliers tout au long des immeubles de cette avenue. Des escaliers sous de sortes d'arcades (un peu comme l'avenue de France à Tunis) qui permettaient aux piétons de trimballer sous l'ombre tout au long de l'avenue. A la place des escaliers, les cafetiers et autres commerces ont mis de grands bacs à fleurs. Il y en a même qui ont mis un mur en verre s'appropriant ainsi cette allée publique prévue par les architectes, approuvée par les autorités de tutelle et payée par les promoteurs ! Le piéton ? Vous pouvez le vérifier à l'instant même, dans certaines parties de cette grande avenue Hédi Nouira, il n'a d'autre choix que d'aller sur la chaussée même ! Imaginez une vieille personne ou une famille avec une poussette de bébé marchant au beau milieu de la chaussée. Il y a pire. C'est que cette chaussée était suffisamment large pour faire passer deux voitures. Comme les pancartes «d'arrêt interdit» (qui sont plus strictes que celles de stationnement interdit) ne sont respectées par aucun automobiliste, cette chaussée suffit à peine à laisser passer une voiture. Mais il y a encore pire ! C'est que les automobilistes de ce quartier sont généralement des jeunes fils'' qui ont obtenu fraîchement leurs permis de conduire et qui ont envie de tester leurs capacités de conductrices. Un peu pour s'impressionner eux-mêmes, beaucoup pour impressionner les autres et alimenter le registre du «m'as-tu vu ?». Que devient alors cette famille désirant faire promener son bébé dans sa poussette ou encore ces vieilles personnes ? Ils n'ont aucun choix que de marcher tout au long de cette avenue principale ! Je dis bien aucun choix ! Alors que des villes européennes prévoient des pistes cyclables, des trottoirs aménagés pour les handicapés et différentes autres commodités pour encourager les piétons à se délaisser de leur véhicule au profit de la marche ou du vélo, voilà qu'un quartier tout neuf qui se laisse bouffer par des gens qui ne respectent pas leur cahier des charges. Déjà que ce cahier des charges était suffisamment laxiste comparativement aux villes européennes, mais qu'il soit totalement ignoré par des commerçants qui viennent d'obtenir leurs autorisations, il y a de quoi se poser des questions sur la durée de vie d'un cahier de charges. Pour que les responsables de la mairie de l'Ariana (dont dépend la cité en question) ne m'accusent pas de ne citer que cet exemple, il sera honnête de ma part que le même constat s'opère à El Manar (où l'on trouve nettement plus de chauffards). L'avenue Slimane Ben Slimane (où se trouve la TAP pour Tunis Afrique Presse) et la rue qui lui est perpendiculaire (celle où se trouve Bonprix et où il n'y a même pas de trottoir et ce des deux côtés de la chaussée) au niveau des centres Al Akwas et Centre Ghazi, c'est l'enfer pour tout piéton à cause justement des commerces ayant envahi tout le trottoir ! A Tunis, par certains endroits (la rue de Ghana par exemple), idem ! Si un cahier des charges se respecte uniquement le jour où l'on vient contrôler les travaux pour donner l'autorisation de fonctionner, j'aimerai bien qu'on nous le dise !
Une chose est sûre, c'est qu'un cahier des charges ne se respecte pas beaucoup de temps, du moins au vu des exemples cités plus haut !