"L'activité d'exploration et de production des hydrocarbures en Tunisie est réalisée en association avec l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (ETAP), soit sous la forme d'une association en participation, soit sous la forme d'un contrat de partage de production. 37 permis d'exploration ont été accordés à ce jour à 43 sociétés internationales et tunisiennes, la conjoncture nationale se caractérise par une croissance soutenue de consommation de l'énergie estimée à 4% par an, dans un contexte mondial marqué par la mondialisation, l'épuisement des réserves pétrolières, l'instabilité du prix du brut et les changements climatiques dus, selon les experts, aux émissions de gaz carbonique. Cette mobilisation nationale, si bien tracée, coordonnée et suivie par le ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME, est à la mesure des défis auxquels le pays est confronté. A l'horizon 2010, on prévoit une demande d'énergie primaire de l'ordre de 9 Mtep (millions de tonnes équivalent de pétrole) dont 54% de pétrole et 46% de gaz naturel. La demande d'énergie finale atteindrait 7 Mtep à l'horizon 2010 dont environ: 61% de produits pétroliers, 20% de gaz naturel et 19% d'électricité. La subvention des produits pétroliers de source officielle s'élèvent à 750 MDT en 2007 et de1.525 MDT en 2008. Une consommation en hausse face à une stabilité des ressources La situation tunisienne est caractérisée par un accroissement de la consommation et une stabilité des ressources. Pour mémoire, la balance de l'énergie première du pays a enregistré, à partir de 2001, un déficit accru qui a atteint 0,1 million de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2007, contre un excédent de 2,2 millions de TEP en 1987. La maîtrise de l'Energie s'avère par conséquent indispensable; à ce propos, l'objectif du gouvernement tunisien est d'arriver d'ici 2011 à économiser 20% de l'énergie et d'encourager le recours aux énergies renouvelables en y introduisant 4% dans la consommation globale du pays et 10% dans la capacité de production électrique (200 mégawatts d'éolien d'ici 2011). L'Etat envisage également d'augmenter la capacité de raffinage par la construction d'une nouvelle raffinerie de 6 MT (millions de tonnes) en attendant la construction d'une centrale nucléaire à 1'horizon 2020. 42 forages en 2009 Le nombre de forages en Tunisie est passé de 14 en 2005 à 42 en 2009, engendrant un accroissement dans la production des hydrocarbures de 6.1 à 7.9 pour la même période. Ceci grâce, en partie, à la diversification des investissements dans le secteur énergétique dans notre pays au bout de trois décennies dominées par la présence européenne et américaine du Nord. Aujourd'hui, nous remarquons des présences asiatique et russe (Petrovas China Petroleum Corporation, Petrovietnam et Russe vietsovpetro). Précisons que les investissements de l'exploration et de développement sont passés de 500 MDT en 2005 à 2.950 MDT en 2008. La maîtrise de l'énergie et la promotion des énergies renouvelables ont nécessité la mobilisation de grands moyens. Depuis 1987, l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME) s'est attelée à mettre en exécution un programme national de maîtrise de l'énergie, axé essentiellement sur la mise en place du cadre juridique et des incitations financières et fiscales pour atteindre les objectifs fixés en matière d'économie d'énergie. Par la suite, des programmes et des plans ont été mis en uvre. Ils ont été appuyés par plusieurs mesures présidentielles permettant la réalisation d'une économie d'énergie de 400.000 tep (tonne équivalent pétrole) en 2007 et la réduction continue de l'indice global de densité énergétique, pendant les deux dernières décennies. Deux programmes successifs de maîtrise de l'énergie ont été tracés à partir de 2005. Le premier (2005-2008) a abouti à une économie d'énergie évaluée à environ 700.000 tep en 2007 (soit environ 7% de la consommation nationale). L'objectif du deuxième (2008-2011) est de passer de 7% à 20 % d'économie d'énergie (2 millions de tep) et de réaliser 4% d'énergies renouvelables dans la consommation globale. Un appel d'offres a été lancé en septembre 2008 pour la construction d'une centrale de 1.200 MW dont 400 MW pour le marché local le reste pour le marché européen. Ce projet est le produit d'une coopération tuniso-italienne visant la réalisation d'une centrale électrique d'une puissance de 1200 KW dans la région du Cap Bon et d'une interconnexion sous-marine entre les deux pays. La centrale servira essentiellement à approvisionner les marchés tunisien et italien en énergie électrique à hauteur de 400 MW pour le premier et de 800 MW pour le second. L'importance du projet en question réside dans sa capacité à satisfaire les besoins annuels du pays en énergie électrique, estimés à 400 MW à partir de 2011. Il représente également une opportunité pour accéder au réseau européen par le biais de l'Italie. Ce qui permettrait à la Tunisie d'exporter son énergie électrique et de profiter pleinement de sa liaison avec l'Europe. Une raffinerie à Skhira L'implantation de la nouvelle raffinerie de pétrole à Skhira ne saurait tarder. La concession, remportée par Qatar Petroleum International, porte sur la construction et l'exploitation d'une raffinerie avec une capacité minimale de 120.000 barils par jour pour la fabrication de produits pétroliers et dérivés. Le coût estimé du projet est de 1,872 milliard de dollars. Les aspects fonciers ont été finalisés et les aspects techniques sont en train d'être étudiés par un grand bureau d'études français. Le projet de la nouvelle raffinerie devrait permettre de multiplier par trois la production nationale de pétrole raffiné, assurée jusque-là par l'unique raffinerie de la STIR créée en 1963 et dont la capacité de production est d'environ 2 millions de tonnes. Du nucléaire pour 2020 L'étude de l'opportunité d'introduction de l'option nucléaire dans le parc national de production d'électricité a permis d'identifier deux sites susceptibles d'accueillir la centrale produisant l'énergie nucléaire, l'un au Sud et l'autre au Sahel. La Tunisie ambitionne, à travers la création d'une station d'une superficie de 800 hectares, la production de 1.000 mégawatts pour un coût estimé à 3 millions de dinars. Suite à la décision présidentielle du 3 novembre 2006, une équipe multidisciplinaire a été constituée en 2007 à la STEG pour mener une étude de faisabilité technico-économique de l'introduction de l'électronucléaire. Les activités de cette équipe sont basées sur un plan d'actions stratégiques qui prévoit l'achèvement de l'étude à la fin de l'année 2011 et qui permettra d'entamer l'élaboration des cahiers des charges pour le lancement de l'appel d'offres. Cependant, la vigilance doit être de règle surtout en cette période de crise financière où beaucoup d'investisseurs cotés dans les Bourses ont été touchés de manière substantielle, notamment ceux impliqués dans l'exploration et qui, généralement, collectent les fonds à risque à partir de ces Bourses. Le renforcement de la coopération maghrébine et méditerranéenne est important (la question cruciale pour le projet de raffinerie de la Skhira est son approvisionnement en brut qui ne peut être fourni par le marché local, l'implication d'un pays voisin pourrait résoudre ce problème). Le secteur de l'énergie en Tunisie : stratégique L'épuisement des ressources pétrolières, l'augmentation de la consommation nationale de l'énergie, l'incertitude des prix internationaux du pétrole sont des défis parmi d'autres qui doivent être considérés dans chaque action prise ou plan conçue pour développer ce secteur. La maîtrise de l'énergie et la promotion des énergies renouvelables figurent parmi les pistes privilégiées par les pouvoirs publics pour faire face aux défis rencontrés dans le secteur énergétique. Le renforcement de la coopération maghrébine et méditerranéenne dans le domaine de l'énergie, le développement de l'utilisation du gaz naturel dans les secteurs industriels sont des moyens, entre autres, une fois employés peuvent donner leurs fruits dans le moyen et long terme.