La Tunisie a été classée 36ème mondiale en matière de compétitivité, elle occupe le premier rang à l'échelle africaine. C'est donc la meilleure performance africaine, mais ceci ne devrait pas «lui monter à la tête». Car la note de 4,6 qui la met en tête des dix premières économies africaines, d'après le rapport sur la compétitivité en Afrique présenté lors d'un déjeuner-débat récemment organisé par la BAD, ne la dispense pas de grands efforts à déployer pour améliorer ses performances. Entre autres, au niveau du marché de l'emploi, jugé trop rigide, d'après le rapport, et une rationalisation plus affirmée de la gestion macroéconomique afin d'améliorer sa position concurrentielle et réussir le défi et les programmes de l'innovation. Il va falloir également s'investir plus pour développer les différentes composantes en rapport avec les nouvelles orientations du pays pour une économie innovante. La Tunisie n'est cependant pas la seule à disposer d'atouts lui permettant de se distinguer économiquement parlant, elle est suivie de près par le Botswana, la Namibie et Maurice. Des pays qui, selon le rapport, peuvent être considérés comme une source d'inspiration pour leurs semblables à l'échelle africaine. Des pays qui doivent mettre en place au plus tôt des programmes pour diversifier leurs bases de production et l'accélérer afin d'accroître leur compétitivité, selon les experts. Entre 2004 et 2008, la compétitivité des pays africains s'est améliorée grâce à plus d'efficacité sur le marché des biens, à une meilleure formation et une meilleure qualité de l'enseignement supérieur, à une plus grande souplesse du marché du travail, à des institutions plus efficientes et des pratiques plus sophistiquées dans le domaine des affaires. Harmoniser les systèmes juridiques Ces progrès ne couvrent cependant pas tous les domaines de l'activité économique, telles les infrastructures, la stabilité macroéconomique et la situation de la santé, en particulier. Des efforts supplémentaires devraient donc être déployés pour remédier aux carences à ce niveau d'autant plus que la crise économique actuelle aurait tendance à accentuer les faiblesses accusées au niveau des économies africaines. Mais il n'y a pas que cela, le secteur financier aurait à jouer un rôle prépondérant pour soutenir les économies africaines, ses politiques frileuses d'aide à l'investissement freinent quelque peu le développement de secteurs privés performants. A première vue, les banques africaines seraient extrêmement liquides pour le court terme mais pas sur le long terme. Parmi les points les plus importants cités dans le rapport, nous pouvons mentionner le manque de coordination entre les pays africains pour harmoniser les systèmes juridiques et, particulièrement, les règlementations des investissements et les formalités douanières. Le retard enregistré à ce niveau freine considérablement le développement régional. Tout comme il devient impératif d'investir plus dans les logistiques de transport à l'échelle africaine pour développer les échanges commerciaux. Les infrastructures existantes seraient en piètre état, en particulier pour des raisons de maintenance. Sans oublier la concurrence accrue à laquelle se livrent les pays du Sud. Certains pays comme le Congo trouveraient des difficultés à soutenir la concurrence avec la Chine dont la politique commerciale agressive consolide de plus en plus sa présence sur le continent africain. La conjoncture de crise que le monde vit aujourd'hui rend plus difficiles les efforts déployés à l'échelle africaine pour marquer des points de croissance. La Tunisie, épargnée dans un premier temps en raison de son secteur financier «relativement fermé et aux restrictions sur le compte des opérations courantes», commence aujourd'hui à subir les effets de la régression de l'économie mondiale. Ces effets se manifestent particulièrement par le recul des exportations industrielles et celles du secteur des textiles. Mais la Tunisie peut se prévaloir, par rapport à d'autres pays africains, d'avoir réalisé des choix judicieux dont la diversification de son économie, la mise en place de stratégies pour le développement de nouvelles orientations économiques basées sur le savoir, l'innovation et l'éducation. Pour les observateurs, qui estiment que l'un des points forts d'un pays comme la Tunisie serait l'éducation, une politique plus efficace de la mobilisation du capital humain serait souhaitée. La qualité des ressources humaines et les compétences qui représentent la plus grande richesse pour le pays considéré par beaucoup comme le «Dragon» de la rive Sud de la Méditerranée, représenterait un facteur déterminant pour accroître la compétitivité du pays et la productivité de ses entreprises ainsi que le développement d'activités à forte valeur ajoutée. Selon le rapport sur la compétitivité en Afrique, des pays comme Maurice, la Tunisie, le Botswana ou encore la Namibie qui présentent des similitudes au niveau de leurs économies respectives, gagneraient également à introduire plus de souplesse sur leurs marchés de travail pour encourager les investissements extérieurs mais tout en préservant la cohésion sociale. Reste que ce rapport, qui a essayé de prendre en compte tous les critères permettant de juger de la qualité de l'environnement économique, n'a pas beaucoup insisté sur les conflits armés qui déchirent certains pays africains et qui représentent un frein sérieux pour leur développement économique. Nous aurions souhaité voir cette problématique plus étayée dans le rapport, mais aussi que des recommandations soient formulées par les experts en direction des dirigeants africains à ce propos. Même si, en définitive, tout le monde est conscient que recommandations ou pas, la situation dramatique de conflits perpétuels en Afrique, ne changera pas de sitôt.