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Les Tunisiens croient-ils en l'Afrique ?
Publié dans WMC actualités le 13 - 10 - 2009

La démarche est clairvoyante et subtile, car comme l'explique un expert tunisien de la finance: «Quoi de plus intelligent que d'investir dans le secteur banquier et financier, tisser des relations de partenariat avec l'entrepreneuriat local, maîtriser les réseaux économiques et politiques du pays d'accueil, développer un solide portefeuille relationnel avant d'inviter les investisseurs potentiels de la mère patrie à y venir faire du business. Le terrain est déjà balisé et les promoteurs n'ont qu'à procéder à la cueillette».
Il y a pourtant plus d'une trentaine d'années que la Tunisie s'est intéressée à l'Afrique subsaharienne, avant de changer de trajectoire, s'en détournant et focalisant son intérêt sur l'Europe.
Les pays africains ont, pendant longtemps, été la chasse gardée de pays comme la France, la Belgique ou l'Angleterre, jaloux de conserver leur prééminence sur leurs anciennes colonies; ce n'est plus le cas, d'autres y vont. Serait-ce l'effet de la crise financière et économique, ou une certaine prise de conscience quant à l'importance du continent africain en tant que réservoir de croissance potentiel pour la planète ?
C'est un engouement sans précédent que nous voyons aujourd'hui pour le continent noir, pas seulement de la part de la Chine et du Japon qui s'y sont implantés depuis des décennies, mais également de la part des Etats-Unis, dont les intérêts qui se limitaient aux ressources énergétiques, virent déjà vers d'autres secteurs économiques. L'Angola, le Rwanda, l'île Maurice, le Tchad et d'autres pays subsahariens représentent un intérêt plus que certain pour les USA. Un responsable de l'américaine Millenium Challenge Corporation (MCC - Société du compte du millénaire) soulignait à l'occasion du Sommet américano-africain des entreprises tenu récemment à Washington que les investissements en Afrique sont aujourd'hui plus intéressants pour les entreprises qu'ils ne l'étaient avant la crise financière mondiale.
Les Marocains "plantent des arbres, d'autres s'assoiront à leurs ombres"
Le Maroc, pour sa part, n'y est pas allé de main morte pour conquérir l'Afrique. Lobbying politique, aide au développement, opérations de relations publiques, tout est bon pour se déployer dans le Sud et en profondeur. Comme souligné plus haut, sa stratégie est construite sur une démarche sûre et bien étudiée. Tout est mis en œuvre pour soutenir les hommes d'affaires marocains dans leurs efforts de dénicher des partenariats ou de lancer des projets dans les pays africains. La banque marocaine Attijari Wafa a, tout le long de ces dernières années, accompagné le développement des petites et moyennes entreprises (PME) dans plusieurs pays africains à travers la mise à la disposition des opérateurs de produits bancaires et financiers innovants et en facilitant les procédures pour l'accès aux crédits à l'investissement.
«Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps», assure l'Américain Warren Buffet, PDG de Berkshire Hathaway. Cette situation correspond à celle des banques tunisiennes qui attendent, avant de s'aventurer en Afrique. Adoptant sans retenue le dicton, ''prudence est mère de sureté'', oubliant dans l'intervalle que dans le monde des affaires, celui qui ne risque rien, n'a rien, et que si l'on n'investit pas dans le long terme, il n'y a pas de court terme, ce qui se traduit dans les faits qu'en Afrique, le premier arrivé est le premier servi. La seule banque tunisienne qui a pignon sur rue dans le continent noir est la Banque de l'Habitat et en grande partie grâce au savoir-faire dont elle a su faire preuve en matière de produits logement. Plusieurs pays africains on pu bénéficier de son expertise dont le Sénégal, le Mali, le Bénin, le Congo et la Côte-d'Ivoire.
La centrale patronale a eu, pour sa part, juste le temps, de se remettre de la crise économique engendrée par le marasme financier qui a touché la planète, qu'elle a commencé à lorgner sérieusement du côté de l'Afrique. Il y a deux ans, en 2007, Hédi Djilani, présidant une délégation d'hommes d'affaires, s'est déplacé à Lisbonne à l'occasion du sommet entrepreneurial Union européenne-Afrique. L'objectif du sommet était le renforcement de la dimension économique des relations entre l'Afrique et l'Union européenne pour un partenariat effectif visant l'accroissement de l'investissement et du commerce.
La Tunisie de fait africaine a-t-elle besoin de passer par l'Europe pour tisser des relations économiques avec l'Afrique ? Le président du patronat, qui a été président de la Confédération panafricaine des employeurs a, à différentes reprises, sermonné les milieux d'affaires tunisiens. Leur reprochant de ne pas investir et s'investir suffisamment en Afrique, un continent demandeur et qui décèle d'énormes potentialités pour le secteur privé tunisien qui étouffe dans son petit pays. «Les pays africains accusent une forte présence libanaise, explique un homme d'affaires tunisien qui y travaille, les Marocains y sont aussi très actifs, les opérateurs marocains sont même allés jusqu'à affréter un cargo pour ne pas dépendre des compagnies maritimes dans le transport de leurs marchandise. C'est vous dire à quel point ils sont commercialement agressifs et réactifs», ajoute-t-il.
Un plan pour la promotion des exportations
La Tunisie a mis au point, depuis 2007, un plan pour la promotion des exportations et des échanges commerciaux avec l'Afrique. Les dernières statistiques montrent une progression des exportations vers l'Afrique subsaharienne avec un recul des importations. En 2007, la Tunisie a exporté pour 132 millions de DT, passant en 2008 à 356 millions de DT. En 2009, pour le premier semestre, elle a exporté vers l'Afrique pour 189 millions DT soit une progression de 9,9% par rapport à la même période de l'année précédente.
Les importations ont pour leur part enregistré un net recul passant de 128,2 millions de DT en 2007 à 104,0 millions DT en 2008, soit une baisse de 18,9%. Au cours du premier semestre 2009, les importations n'ont pas dépassé les 42,310 millions DT affichant une nouvelle régression de 17,2%.
Les principaux produits tunisiens exportés sont la margarine, mélanges ou préparations alimentaires de graisses ou d'huiles animales ou végétales, fils, câbles conducteurs, isolants pour l'électricité, pâtes alimentaires et autres produits industriels et agroalimentaires.
Quant aux produits importés, ce sont surtout les feuilles de placage et feuilles pour contre-plaqués, bois bruts et bois sciés et le café.
Une stratégie de niches
Personne ne doute de l'importance du marché africain pour la Tunisie, reconnaît-on au Centre tunisien des exportations (CEPEX), seulement pour pouvoir s'y implanter et percer, il faut adopter une stratégie de niches.
Le ministre camerounais du Commerce, questionné sur la coopération économique entre son pays et la Tunisie a, il y a quelque temps, affirmé que l'excellence des relations politiques entre la Tunisie et le Cameroun sera traduite au niveau économique : «Non seulement dans le sens de l'amélioration et du renforcement de nos échanges commerciaux, mais davantage dans le développement des relations de partenariat, un partenariat solide. Un partenariat, comme on dit aujourd'hui, gagnant-gagnant», avait-il précisé ajoutant que la Tunisie peut apporter beaucoup au Cameroun en matière de savoir-faire et d'expériences dans les négociations internationales puisqu'elle a réussi le processus d'ouverture sur le marché européen.
La Tunisie peut beaucoup offrir à l'Afrique. Les services, tels que l'éducation, la formation, la santé, le transport, le conseil et l'expertise, l'ingénierie et le bâtiment public sont autant de produits qu'elle peut non seulement commercialiser sur le continent noir mais en devenir le leader.
Des mesures concrètes ont d'ailleurs été prises pour réussir ce pari. Un salon sur le tourisme de santé où sera exposée toute la panoplie des soins disponibles en Tunisie, et ciblant les pays africains, se tiendra au début du mois de mars prochain. Mais pas seulement, au CEPEX, on est décidé, malgré des moyens relativement réduits, à développer le marché africain. Un rendez-vous annuel sera donc organisé en partenariat avec l'UTICA, et réunira les hommes d'affaires tunisiens avec leurs homologues africains, des rencontres B 2 B y seront orchestrées ainsi que des réunions avec des vis-à-vis institutionnels ou des représentants des secteurs bancaires et financiers et des organismes de soutien.
A l'ouverture d'une conférence nationale organisée cette année sous le thème “La Tunisie dans son espace africain : rapprochement civilisationnel et partenariat solidaire”, M. Abdelwaheb Abdallah, ministre des Affaires étrangères, a insisté sur l'importance des liens historiques et civilisationnels unissant la Tunisie à l'espace africain qui revêt pour elle une profondeur stratégique. Des actions ont été entreprises dans ce sens pour encourager l'organisation de visites de délégations, d'hommes d'affaires et des opérateurs économiques dans les pays africains, ce qui fut fait durant cette année, a-t-il affirmé. Les cadres de coopération mis en place par la Tunisie et les règles juridiques les régissant ont élargi les domaines de coopération et de la mise à profit des potentialités et des opportunités offertes et ont contribué au développement des échanges commerciaux avec les pays africains. A ce propos, nombre de sociétés et de bureaux d'études tunisiens se sont implantés dans plusieurs Etats africains et y dirigent des projets qui marchent.
Toutefois, tous ces efforts resteront insuffisants s'ils ne sont pas accompagnés de mesures réalistes et pratiques correspondant au contexte africain. «Maîtriser et comprendre la culture africaine est très important pour s'imposer sur le marché, les Africains ont besoin de reconnaissance, d'assistance et de réactivité de notre part, ce qui n'est pas toujours évident», explique un opérateur tunisien travaillant sur l'Afrique.
Pour cela, les services commerciaux au sein des représentations diplomatiques tunisiennes dans les pays africains doivent être consolidés. Ils doivent également disposer de plus de moyens pour faire de la communication économique d'influence et développer leurs réseaux de relations publiques. La réputation de la Tunisie en matière de know how l'a déjà précédée sur ces pays. Un exemple édifiant, celui réussi de l'installation de la bourse de Douala grâce aux experts tunisiens.
«Il y a dix ans, les pays africains francophones étaient sous la coupe de la France, aujourd'hui, les Tunisiens ont réussi à s'y frayer un chemin, tout ce dont ils ont besoin est une machine administrative plus réactive, une coordination plus efficace entre les organismes chargés de promouvoir la Tunisie tels les ministères de la Coopération internationale, du Tourisme, du Commerce et des Affaires étrangères, mais également des moyens plus appropriés pour arriver à se positionner dans les rangs des premiers partenaires économiques de l'Afrique». L'appel est lancé par un opérateur économique en Afrique subsaharienne. Pour conquérir, il faut réunir toutes ses forces, pour réunir les forces, il faut y croire. Les Tunisiens croient-ils en l'Afrique ?


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