Est-il vrai que nous sommes perçus comme un peuple grossier, usant et abusant d'un vocabulaire ordurier ? Est-il vrai que nous avons, du moins dans les pays arabophones, une réputation de blasphémateurs ? Sommes-nous pour autant, les détenteurs du record de la perte du respect des humains, des choses et des autres ? Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il parait que le langage est le reflet de l'âme. Serait-il à ce point probable, que la notre soit aussi brouillonne pour ne pas dire noire ? Contrainte de reconnaître qu'on ne peut faire quelques pas en ville, sans être assommée de mots plus grossiers les uns que les autres, les insultes sont devenus tellement banalisées, qu'elles finiraient par perdre de leur impact ? Pas si sûre ! Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, ne semblent plus carburer qu'aux gros mots et multiples dérivés. Ils ponctuent leurs phrases de mots crapuleux, d'insultes, de propos tendancieux, et l'accompagnent souvent d'impolitesses et de comportements insolites. Le plus étonnant, est il seulement de constater que ces dérapages se déploient partout (lieux publics, administrations, rue, quartiers, foyers, institution scolaires...) ou faut-il s'étonner, que plus personne n'en est surpris ? Force est de constater que toutes les autorités réunies, acceptent paisiblement et passivement cette situation. A-t-on seulement conscience de cette violence verbale, de ce qu'elle cache et révèle? Combien même, nous différencierons les gros mots, des injures. Combien même, ces derniers peuvent être utilisés soit disant à titre affectueux. Qui faut-il blâmer ? Les premiers responsables, sont la famille où l'on se retrouve servie d'un « ya3tik la3mé » quand tu ne trouves pas quelques choses ou d'un « trach inchAllah » quand tu n'entends pas ce qu'on te dit. Une des exercices préférées des familles tunisiennes avec un bébé se familiarisant à peine avec le langage, n'est il pas de lui faire dire des mots obscènes. Cet exemple n'est il pas surtout révélateur de notre attitude général à éduquer et à s'auto déconsidérer ? Faut-il s'en prendre à l'école, où la violence verbale des enseignants fait légion ? Au moindre échec, incompréhension ou indiscipline, l'enfant est dévalorisé et ridiculisé. Cassé, l'insulte s'installe dans son univers. Il doit la faire sienne. S'imposer, passe par la violence verbale. J'insulte, humilie, maltraite et domine les autres, donc j'existe ou j'exulte. C'est au choix ! Certains se félicitent que la plupart des utilisateurs « chroniques » des insultes, s'arrêtent aux mots pour exprimer leur colère. Ils ne vont pas jusqu'à l'expression physique de ce sentiment. La violence verbale bien que virulente, va rarement jusqu'à la violence physique. Encore heureux ! L'utilisation de gros mots serait donc, une sorte de défouloir. Pourriez-vous seulement imaginer si cette violence verbale venait à être convertie en violence physique. ? Pourrions-nous seulement imaginer la rue ou le foot, sans les injures et gros mots ? A ce stade de propagation, ce fléau fait incontestablement des ravages. Faute de vouloir se pencher sur ces dérives comportementales, on continue de subir une violence qui ne cesse de proliférer. La télévision nationale coupe le son du public à l'occasion des grands rendez vous publics comme un match de football. Et nous, que pourrions nous faire à part mettre des boules quiès?