M. Slim Tlatli, le nouveau ministre du Tourisme, s'est vu confier une lourde tâche, celle de la montée en gamme de la qualité des prestations offertes par le tourisme tunisien, enjeu vital d'un secteur représentant près de 7% du PIB, et souffrant d'une forte concurrence (nouveaux entrants comme les pays des Balkans) et de la crise internationale. Posons la problématique : la Tunisie a appuyé le développement d'un tourisme de masse, en pratiquant la surenchère de bétonnage pour multiplier ses capacités d'accueil, mais ce au détriment de la diversité de son offre et de son service (et de son littoral !). - les conséquences : une fréquentation touristique qui diminue d'année en année et dont l'origine se déplace. En 2009, la Tunisie a accueilli 6,9 millions de touristes, soit une diminution de 2,1% par rapport à 2008 (7,04 millions de visiteurs) et la proportion d'Européens (3,74 millions, baisse de 8,8%) est passée de 80% à moins de 60% (les touristes libyens et algériens ont compensé cette diminution avec 2,7 millions soit 38% des entrées de non-résidents en Tunisie). De plus, même si les recettes touristiques augmentent (légèrement, environ 2%), les revenus par nuitée (57 euros) et par touriste (266 euros) demeurent les plus faibles du Bassin méditerranéen. - des ébauches d'explications : - la détérioration de la qualité des services : le programme de mise à niveau des établissements hôteliers n'a pas été particulièrement suivi et les opérations de contrôle qualité ont un effet limité ; - le produit balnéaire-type offre des débouchés limités et une clientèle de classe moyenne peu dépensière : l'agence de notation Fitch Rating relève à ce propos «la stratégie de croissance a abouti à une surcapacité d'offre peu diversifiée qui rend les hôtels très dépendants des tour-opérateurs internationaux et favorise ainsi le bradage des prix», cette tendance a été accentuée par l'endettement excessif des établissements hôteliers ; - un espace aérien relativement fermé aux compagnies low-cost alors qu'il est proche de toutes les capitales européennes : son ouverture est programmée, avec un nombre de liaisons aériennes qui devrait donc augmenter ; - la faiblesse du budget consacré à la promotion du pays Tunisie, qu'un supplément d'enveloppe est venu renflouer en 2009. - et bien sûr, quelques pistes qu'un vétéran de la remise à niveau de l'industrie, comme M. Tlatli, a évidemment déjà en tête pour parvenir à ses objectifs annoncés en janvier 2010 : 10 millions de touristes et 5 milliards TND de recettes d'ici à 2014. Commençons par les mesures déjà définies depuis 2009 pour redynamiser le secteur qui seront sans doute approfondies, et citons entre autres : crédits pour préserver la propreté et embellir les zones touristiques, poursuite du traitement de l'endettement des unités hôtelières, promotion du tourisme culturel à travers la mise en place d'une stratégie de communication et de promotion des sites archéologiques et des musées et la réhabilitation des routes menant à ces sites, lancement des travaux de modernisation des centres de formation touristique, et développement de l'utilisation des nouvelles technologies de la communication dans le domaine touristique... Et bien sûr, les axes dont tout le monde parle, c'est-à-dire les prestations qui permettent d'obtenir plus de recettes, à savoir : le tourisme médical et sportif. Dans la première catégorie, nous comptons la thalassothérapie et sa quarantaine de centres de soins, ainsi que le tourisme médical (45.000 patients occidentaux en 2009) à proprement parler et ses cliniques, notamment de chirurgie esthétique. La Tunisie dispose actuellement d'une dizaine de parcours de golf et ce nombre tend à être porté vers une vingtaine d'ici 2020. La mise à niveau' du secteur est déjà amorcée par l'adhésion de 150 hôtels au programme de modernisation (31% de la capacité d'hébergement globale). Mais l'émergence de ces 2 spécialisations touristiques, pour le moins porteuses, devra évidemment être renforcée par la certification des établissements d'accueil via notamment l'écolabel existant conforme aux normes européennes et la création de labels sectoriels reconnus.