Comme annoncé précédemment, nous avons eu l'occasion de cerner un peu mieux les relations commerciales tuniso-canadiennes lors du déjeuner-débat du jeudi 8 juillet 2010. Les différents speechs d'ouverture ont tout de suite donné le ton, morose, de la situation bilatérale. Même si le nouveau président de la Chambre de commerce tuniso-canadienne, M. Moncef Zouari, a émis beaucoup d'espoir d'accéder à un «autre pallier [de coopération] ensemble», l'ambassadeur du Canada, M. Ariel Delouya, tout en soulignant que la Tunisie est un des plus anciens partenaires du Canada en Afrique et le plus ancien au Maghreb, a rappelé la faiblesse du commerce entre les deux pays, l'équivalent de seulement 16O millions de DT de marchandises importées et à peine 65 millions d'exportées vers le Canada en 2009. La balance commerciale est donc largement déficitaire du point de vue tunisien avec un taux de couverture de seulement 39% pour 2009 qui tombe à 21% sur les 5 premiers mois de l'année 2010. «Politiquement, c'est l'accord parfait», mais alors où le bât blesse ? Le secrétaire d'Etat auprès du ministre du Commerce et de l'Artisanat, chargé du Commerce extérieur, M. Chokri Mamoghli, a lui aussi présenté un bilan bilatéral, pourtant basé sur un «accord parfait politique», très modeste, voire un volume d'échanges qui reste «marginal». La situation commerciale est parfaitement illustrée par le nombre de personnes détentrices de la nationalité canadienne entrant chaque année en Tunisie : à peine 20.000, et surtout un chiffre qui stagne, faute de différenciation attractive en matière touristique. Pourquoi rapprochons-nous ces deux thématiques ? Car dans ces deux cas, rien ne décolle : ni les avions ni les échanges commerciaux Le 10ème investisseur dans le pays (2ème dans le secteur des hydrocarbures), avec à peine 3 millions DT cumulés en IDE, ne représente que 0,04% dans le volume des échanges globaux de la Tunisie ! Pourtant, même si l'accord sur la protection des investissements n'est pas encore finalisé, le cadre légal canadien offre, comme à l'ensemble des pays émergents, un système préférentiel d'exonération de droits de douane. Or, selon les dires de M. Mamoghli, celui-ci est sous-exploité par les entreprises tunisiennes, et ce faute de capacité de production suffisante, notamment dans les domaines agricole et artisanale. Alors, oui, tout le monde est d'accord pour réduire la dépendance de l'économie tunisienne face à l'Europe en diversifiant les marchés, mais l'appareil productif n'en a tout simplement pas les moyens Mis à part quelques secteurs, l'aéronautique notamment. Restent les services là c'est un problème de communication Les services, quant à eux, sont invisibles dans les échanges, tout immatériels qu'ils sont. Les participants ont mis le point dessus : pourquoi ce secteur porteur, où la matière grise tunisienne est compétitive, ne se développe pas ? Et là, le secrétaire d'Etat réfute : le secteur se développe, soit, d'abord vers les marchés proches et francophones, mais «beaucoup de choses nouvelles sont à venir», assure-t-il. Face à ce lapin resté caché sous le chapeau, un dirigeant tunisien d'une société de services installée au Canada et qui, attaché à son pays, y a créé une filiale offshore, met en lumière, fort de son expérience, les difficultés rencontrées, notamment par ses partenaires, pour trouver les informations recherchées concernant les coûts d'installation et des ressources humaines en Tunisie. Problème qui, selon l'ambassadeur, a déjà été mis en lumière lors d'une réunion multilatérale entre la Grande-Bretagne, les USA, le Canada et la Tunisie. Un axe à approfondir donc, qui, dans le cadre de cette réunion, n'a pas été relevé par les instances concernées Par ailleurs, les opportunités offertes par la mobilisation des anciens étudiants devraient, elles, être mieux exploitées par l'ambassade canadienne, promet-il, malgré le manque de personnel de cette petite structure, notamment lors du Salon canadien de l'éducation. La relation TunisieCanada décollera-t-elle autrement que par voie aérienne ? La question demeure