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Tunisie: Hatem Ben Salem, ministre de l'Education nationale, "Aujourd'hui, nous sommes face à des élèves qui traversent tout le cycle du primaire sans être évalués ..."
Publié dans WMC actualités le 01 - 11 - 2010

Une étude réalisée dans le cadre d'un partenariat tuniso-canadien à propos de la qualité de l'enseignement de base en Tunisie a relevé des insuffisances se rapportant à la faiblesse du rendement des institutions éducatives, la prédominance de l'aspect quantitatif dans les programmes scolaires, la faiblesse des acquis des élèves, la centralisation de la gestion du système éducatif, le manque de professionnalisme et l'absence d'une culture de l'évaluation.
Sur chacun de ces points, Hatem Ben Salem, ministre de l'Education nationale, répond avec la conviction de l'homme qui croit en ce qu'il fait, l'humilité de celui qui rempli une mission et la modestie de celui qui ne fait que suivre une feuille de route dictée par la magistrature suprême du pays : «Je ne fais qu'appliquer les recommandations du programme présidentiel». Entretien.
Webmanagercenter: L'éducation a suscité beaucoup d'inquiétude ces dernières années à cause de ses insuffisances. Comment comptez-vous y pallier?
Hatem Ben Salem: La Tunisie a beaucoup investi dans l'éducation nationale. Pendant des décennies, nous avons tout mis en œuvre pour faire face au flux important d'élèves afin de garantir le droit à l'éducation pour tous. L'objectif essentiel, à l'avenir, c'est de faire en sorte que notre système éducatif procure une éducation de qualité pour tous comme cela est clairement énoncé dans le point 14 du programme présidentiel.
En fait, une école, c'est quoi ? C'est une structure dont le rôle, au départ, est de permettre d'abord aux élèves de lire, écrire et compter. Aujourd'hui, nous sommes face à des élèves qui traversent tout le cycle du primaire sans être réellement évalués quant à leur niveau d'apprentissage. En introduisant un système d'évaluation personnalisé et objectif, notre but est d'améliorer le niveau général afin de combattre une certaine baisse dans les acquis scolaires.
Il s'agit donc, aujourd'hui, de recentrer l'enseignement sur ses objectifs premiers, c'est l'objet de la réforme que nous sommes en train de mettre en œuvre, car nous croyons fermement que TOUT COMMENCE PAR L'ECOLE.
Qu'en est-il de l'absence d'un système qui permet d'évaluer les compétences des cadres enseignants et des élèves?
Nous sommes aujourd'hui en train de revoir un certain nombre de choses après avoir diagnostiqué une faiblesse de niveau qui n'est pas acceptable au vu des investissements de l'Etat. Avec le Danemark, nous sommes le seul pays au monde qui consacre 7,5% du PIB à l'éducation. Nous investissons 17% du budget de l'Etat dans l'éducation qui a le plus important budget, la plus grande masse salariale, le plus grand nombre de fonctionnaires, entre instituteurs, professeurs, inspecteurs et surveillants. Il n'est donc pas admissible qu'autant de moyens humains et financiers aboutissent à des résultats en deçà de nos attentes surtout dans le primaire.
L'idée était, tout d'abord, d'en connaître les causes. Nous avons donc, sur instructions du président de la République, passé toute l'année 2009 à évaluer la situation de l'éducation et de l'enseignement. Une appréciation scientifique grâce à la mise en place de comités d'évaluation. Nous avons fait en quelque sorte les états généraux du secteur en soumettant des questionnaires au corps enseignant. Nous avons constitué une commission de propositions représentative de l'ensemble du secteur, y compris les représentants du syndicat du primaire.
Les recommandations qui ont émané de la Commission ont fait l'objet d'un conseil interministériel sous la présidence du Premier ministre et ont été ensuite soumises au chef de l'Etat qui a décidé l'adoption de plusieurs d'entre elles lors du CMR du 20 août 2009.
Quelle en est l'idée maîtresse?
Pour le cycle primaire qui est fondamental, l'idée est de revoir le passage de classe en fondant l'évaluation de l'élève sur le mérite. Avant, le mérite ne se quantifiait pas et était soumis à des appréciations générales.
Cette méthode a créé d'importants problèmes d'adaptation chez les élèves, particulièrement à leur entrée au collège.
Aujourd'hui et selon la nouvelle réforme, il faut que toutes les matières soient notées, que les moyennes trimestrielles soient calculées et notées. Il sera possible de comparer les meilleures notes avec les plus mauvaises et la meilleure moyenne à la plus basse. La moyenne annuelle sera le résultat des trois trimestres divisés par trois et doit être équivalente à 10. Ce qui n'empêche pas un sursis selon les cas prévus par la circulaire ministérielle qui prévoit également le nécessaire respect de la loi qui garantit le droit de l'éducation jusqu'à l'âge de 16 ans.
Le mérite de cette évaluation est de nous permettre d'avoir une idée exacte sur le niveau des élèves avant d'accéder à la 7ème année de base.
Sur un tout autre volet et au niveau du contenu du cursus, nous avons décidé de nous recentrer sur les fondamentaux: la lecture, la dictée, les langues, la récitation, la rédaction, l'expression écrite, le calcul mental. Ce qui permettrait à l'élève la maîtrise d'un corpus et d'un socle minimum de connaissances.
Nous avons, d'un autre côté, réalisé que nos élèves qui ont des prédispositions, point de vue langues, ne les maîtrisent pas. Nous comptons privilégier l'apprentissage de la langue arabe. Une langue qui, aujourd'hui, est enseignée de telle façon que l'enfant en est effarouché. La modernisation des méthodes d'enseignement de cette langue sont donc à l'ordre du jour. Une commission se réunira à cet effet.
Le président de la République a décidé l'introduction de la langue française en 2ème année primaire et de l'anglais en 3ème année. Cette décision va outiller nos élèves vers un meilleur accès au savoir indispensable aujourd'hui pour les jeunes générations. Sans anglais et sans informatique, il est difficile de nos jours de faire face à la férocité de la concurrence au niveau mondial et particulièrement dans les domaines de la connaissance et de l'innovation.
Pour concrétiser ces objectifs ambitieux, il va falloir s'attaquer à un élément essentiel, celui du corps enseignant. Est-il prêt pour assurer?
C'est également un chantier auquel nous comptons nous attaquer, à commencer par des formations continues, par plus d'encadrement pour assurer un niveau acceptable et convenable à nos élèves. Nous sommes actuellement en train de mettre en place une stratégie pour une formation continue certifiante qui contribuera à l'amélioration des chances de promotion professionnelle comme cela est indiqué dans le programme présidentiel. Des formations sont déjà en cours au profit des enseignants particulièrement pour leur permettre de maîtriser les TIC.
Qu'en est-il de la dimension étique et morale du corps enseignant?
La question qui se poserait est plutôt, “peut-on couper l'école de son environnement social? “ . L'école est le miroir de la société. La relation entre l'enseignant et l'élève a évolué parce que le monde et la société évoluent. Il faut absolument préserver notre école de tout esprit mercantiliste. Et c'est pour cette raison que je crois au rôle fondamental de l'Etat dans le domaine de l'éducation.
De surcroît, en tant que ministère, nous veillons à ce que les enseignants bénéficient du meilleur statut. Nous prenons position dès que nous sommes sollicités particulièrement pour les cas de violence contre les enseignants. Tout élève qui agresse un enseignant est automatiquement exclu de toutes les institutions scolaires. Les sanctions sont irrévocables et notre saisine de la justice dans ce genre de cas se fait de façon automatique conformément aux lois en vigueur.
Par rapport au poids du cartable, y a-t-il eu des décisions de la part du ministère?
Nous avons publié une circulaire pour que, dans l'enseignement primaire, on n'exige pas de cahiers de plus de 24 pages et il ne faut pas que le cartable pèse plus de 2 kg. Si les parents choisissent d'acheter des cahiers à spirales ou 90, ils en sont seuls responsables.
Par ailleurs, nous sommes en train de faire des inspections pour voir si les écoles suivent. Quant au parascolaire, il est interdit dans nos institutions. Nous sommes en train de lutter contre ce phénomène.
Y a-t-il du nouveau quant à la qualité du contenu des programmes dans les écoles primaires? On voit nombre de matières enseignées mais les résultats ne suivent pas.
J'ai déjà insisté sur la primordialité de la qualité de l'enseignement à l'avenir. C'est ce que la réforme présidentielle compte mettre en œuvre. Le leitmotiv, le mot d'ordre général de la réforme est la qualité des programmes, des livres scolaires et des prestations à l'école. La mise à niveau et la formation continue des enseignants se feront à longueur d'année et à vie, ce qui n'a jamais eu lieu au niveau de ce ministère. Comme je l'ai mentionné, nous avons mis en place toute une stratégie pour atteindre ces objectifs car un enseignant non formé ne pourra pas assurer même si on mettait à sa disposition les meilleurs programmes du monde.
Nous nous sommes, comme cité plus haut, recentrés sur les fondamentaux, nous procèderons progressivement à l'allègement et la simplification des programmes ; mais plus important encore, nous allons dans les mois qui viennent et conformément aux décisions du CMR du 20/102010, nous lancer dans une expérience pilote que nous espérons réussir. Il s'agit d'un grand challenge pour la mise en place d'une programmation scolaire qui permettrait aux élèves d'acquérir la connaissance mais également de s'épanouir dans des domaines essentiels tels que le sport, la musique, les activités culturelles et artistiques d'une façon générale.
Mon rêve est qu'un jour -et le plus tôt possible- nous arrivions à faire en sorte que nos élèves considèrent que l'enceinte éducative leur procure du savoir et soit en même temps un lieu où ils peuvent s'adonner aux loisirs.
Ces activités existaient auparavant…
Oui et c'était d'autant plus facile, car le nombre d'élèves au siècle dernier ne dépassait pas les 600.000, aujourd'hui, nous en sommes à plus de deux millions. Parvenir à satisfaire toutes les demandes en salles de cours représente une performance en soi.
Ce que nous espérons à l'avenir, c'est réaménager le temps consacré aux études pour permettre aux élèves de s'adonner à des activités créatrices mais également résoudre le problème des heures creuses en mettant en place une application informatique pour les réduire, si possible les éliminer. C'est un véritable défi.
Nous avons lancé depuis l'année dernière les centres de ressources et d'informations. Ce sont de belles salles de révision où il y a la bibliothèque, la musique, la machine à café, les ordinateurs et le réseau Internet avec un encadrement du corps enseignant et la possibilité d'heures de rattrapage.
Cette expérience pilote a déjà commencé dans 50 lycées et collèges, 50 autres les rejoindront bientôt. L'objectif est de la généraliser dans les deux à trois années à venir. Nous n'avons pas réinventé la roue, ce sont des expériences qui marchent dans des pays comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ce que nous voulons, c'est ne plus laisser les élèves à l'extérieur des établissements scolaires, et ce n'est pas une tâche aisée. A titre d'exemple, une salle de classe toute simple coûte un minimum de 40 mille dinars sans oublier le recrutement de cadres enseignants. Nous essayons d'avancer sur nombre d'actions, lesquelles, faut-il le rappeler, ont été comprises dans le programme présidentiel. Je souhaite, pour ma part, constituer la dynamo qui fait tourner la machine en application de ce qui a été décrété au plus haut de la pyramide de l'Etat avec l'aide et le soutien des milliers de compétences dont regorge le ministère de l'Education.
Qu'en est-il de la formation technique moyenne dans nos institutions scolaires? Nous ne sommes pas tous des génies!
Le renforcement des composantes technologiques, l'amélioration de la qualité des études ainsi que l'introduction des études techniques sont autant de points qui seront développés dans la nouvelle réforme. Nous aurons ainsi le brevet technique en deuxième année secondaire grâce auquel l'élève sortira sur le marché de l'emploi ou entamera un cycle de formation professionnelle. Il y aura un baccalauréat technique, mais il y aura également ce brevet de fin d'études techniques qui formera les techniciens d'un niveau moyen pour répondre à des besoins bien précis au niveau de la demande en main-d'œuvre qualifiée.
La loi permet également à ceux qui iront vers la formation professionnelle, de passer le bac technique. L'idée est de créer des passerelles entre les branches techniques et les branches générales. Si le candidat satisfait aux critères, il n'y a pas de mur. D'ailleurs, pour ce qui est des études techniques au collège, nous ferons en sorte que le diplôme de fin d'études générales (9ème) et celui de fin d'études techniques ne se déroulent pas au même moment pour donner la possibilité aux uns et aux autres de passer l'un ou l'autre des concours. Nous voulons un système souple et qui offre le plus de possibilités aux élèves pour les rassurer.
L'objectif de cette nouvelle orientation de l'école et celui de toute la réforme mise en place est d'adapter les formations aux besoins du marché du travail. Nous ne voulons plus de bacheliers qui ne trouvent pas leurs places dans les marchés de l'emploi national et international.
Cette nouvelle démarche exige de grands investissements matériels et humains, comment comptez-vous vous y prendre?
Nous allons devoir trouver les moyens de répondre à ces nouvelles politiques. Nous comptons d'ores et déjà introduire des départements d'enseignement technique dans les collèges et les lycées, d'ici 2014, cela sera possible. En 2016, nous ambitionnons d'avoir 50% des élèves orientés vers le Technique.
Qu'en est-il de la décentralisation des systèmes de l'éducation?
C'est l'une des révolutions tranquilles que nous sommes en train de mettre en place. Nous avons d'ores et déjà refait l'organigramme du ministère en créant des directions totalement concentrées sur leurs missions de base et en mettant en avant les compétences de tout un chacun. La direction générale de l'enseignement secondaire se concentre désormais sur sa mission initiale qui consiste à développer les politiques pédagogiques, les programmes, la vie scolaire, etc. Pareil pour le primaire.
Avant, ces directions assuraient parallèlement à leurs prérogatives de base, la gestion des ressources humaines, nous avons créé une direction générale de RH qui gère tout ce qui se rapporte au management de l'humain, des carrières, des mutations et également des recrutements et des examens professionnels. Auparavant, 80% du potentiel de ces directions était consacré à la gestion mécanique des RH, réduisant les dimensions pédagogiques et scolaires au deuxième rang.
Nous avons également mis en place une nouvelle direction générale de l'évaluation et de la qualité. Elle jouera sur deux aspect, celui du niveau des prestations et de la gestion administrative et celui touchant aux programmes pédagogiques, à la qualité du rendu au sein des établissements scolaires. Cette nouvelle direction générale aura des directions régionales sur tout le territoire national.
Nous comptons aussi -et c'est nouveau- mettre en place une direction de la communication. L'un des points faibles de ce ministère est la communication.
A l'échelle régionale, le président de la République a ordonné la création de commissariats régionaux à l'éducation qui auront une gestion autonome et gèreront leur propre budget. Cette démarche vise à faciliter la mission de gestion de l'éducation confiée, aujourd'hui, à des secrétaires généraux. Le commissaire régional concentrera ses efforts sur des thématiques plus en rapport avec sa mission. L'un des points faibles du ministère est également le fait qu'il n'existe pas d'administrateur ou de gestionnaire de l'éducation, nous voulons créer des profils de spécialistes de gestion dans le domaine de l'éducation.
D'ores et déjà, dans le domaine de l'entretien et de la construction des bâtiments scolaires, 70 MDT des 140 MDT consacrés seront versés aux commissariats qui auront la responsabilité de mener à bien les projets du ministère dans chaque région.
Comment faites-vous pour venir à bout des résistances que susciteraient toutes ces réformes dans un ministère où, pendant des décennies, on s'est habitué à laisser les choses comme elles sont?
Il faut tout d'abord préciser qu'il y a de très bons éléments dans ce ministère qui ont tous la volonté d'améliorer la situation de l'éducation et la qualité de l'enseignement. Ceux qui veulent faire de la résistance finiront par s'adapter aux nouvelles mutations. Car finalement, notre but est de servir les intérêts des enfants de la Tunisie, de bien les former et d'assurer leur avenir. Car, c'est sur la base du consensus que l'on doit bâtir l'avenir des générations futures. C'est là, l'essence même de l'approche de bonne gouvernance mise en place par le président Ben Ali depuis le 7 Novembre 1987.
Qu'en est-il de la qualité des manuels scolaires publiés par le CNP et qui parfois souffrent d'insuffisances?
La préparation des manuels scolaires était assurée par la direction des programmes. Une direction qui n'existe plus maintenant. Nous avons commencé par réintroduire la conception des programmes dans leurs directions pédagogiques respectives. Nous avons soumis au président de la République qui a approuvé la création d'une commission nationale des programmes. Cette commission, qui regroupe plusieurs intervenants, comprendra des sous-commissions, par exemple une sur les livres scolaires, une autre sur les contenus et les programmes.
Dorénavant, les programmes ainsi que les livres scolaires se feront par appels à concours national et international. En tant que ministère, l'impératif est de mettre en place un ensemble de critères de qualité pour les programmes que doit comporter un ouvrage scolaire. Le corollaire de choix se fondera sur la qualité de l'offre, loin de tout bourrage de crâne car il faut apprendre à évoluer et s'adapter à un monde qui bouge.
Au niveau des programmes, que comptez-vous faire pour ancrer les élèves de nouveau dans leur environnement civilisationnel et culturel, car nous avons parfois l'impression qu'ils sont totalement coupés de leur «tunisianité»?
C'est vrai qu'il est parfois difficile de comprendre que le manuel scolaire soit tuniso-tunisien, les dimensions patriotiques et la fierté d'appartenir à un pays comme la Tunisie n'y sont pas tellement apparents. Sur instructions du président de la République, nous avons créé une commission qui mettra en place une ligne de programme pour renforcer le sens civique de l'élève.
Nous avons également changé la procédure pour ce qui est du salut du drapeau. Car il est inconcevable que dans une cour d'école sensée réunir 500 élèves autour du salut du drapeau, on trouve tout juste quelques dizaines devant l'étendard du pays, les autres en train de jouer, et les professeurs dans leurs salles de classe.
C'est scandaleux ! En principe, ceux qui doivent donner l'exemple en la matière sont les cadres enseignants. Aujourd'hui, le salut du drapeau se fait en classe. Il est composé d'un cérémonial qui comprend une phrase de 13 mots d'une simplicité désarmante. Devant l'hymne national écrit, on récite ces mots : Je salue le vénérable drapeau par loyauté envers la Tunisie, par fidélité envers ses martyrs, par considération pour les valeurs républicaines. Liberté, Ordre, justice.
D'autre part, nous n'accepterons plus que des élèves passent de la première en deuxième année primaire sans qu'ils aient appris à la perfection l'hymne national qui fera l'objet de leur première récitation.
On reproche également aux programmes de l'enseignement d'avoir engourdi l'esprit critique chez nos jeunes, les réduisant à de simples récepteurs de l'information sans aucune velléité de discussion ou de dialogue. Comment, dans ce cas, préparer le leadership du pays?
Nous voulons instaurer la communication positive à l'école, nous ne voulons plus d'enseignants qui intimident l'élève ou l'empêchent de s'exprimer. Nous voulons raviver l'esprit critique. Il faut que l'élève exprime haut et fort ses pensées sans risque d'être ridiculisé par son professeur ou maître. Nous sommes d'ailleurs en train de chercher des spécialistes pour assurer la formation des enseignants dans cette communication positive.
Nous voulons également instaurer de nouvelles traditions en créant des tribunes au sein des classes. Chaque élève pourra choisir une thématique et s'exprimer devant un pupitre en toute liberté. L'élève doit sélectionner un sujet de prédilection et s'exprimer à son propos dans une seule langue. Il sera soumis aux critiques de ses amis de classe et devra pouvoir défendre son point de vue. Nous voulons leur apprendre à communiquer en public.
Dernière question : qu'est-ce qui explique la mésentente entre le ministère et le syndicat de l'enseignement secondaire?
Le ministère n'a, objectivement, aucun problème avec les syndicats. Tant que les revendications restent professionnelles, le ministère se doit de les étudier avec sérieux et responsabilité, ce que nous avons toujours fait. Toutefois, aucun syndicat au monde ne peut revendiquer à la fois un 13ème mois, une prime équivalente à un mois de salaire pour les frais de rentrée scolaire, un15ème mois en tant que «prime de pénibilité», une retraite à 55 ans, un statut particulier spécial, le doublement des primes de correction des examens (qui viennent d'être doublées au mois de juin 2010) en plus d'autres primes spéciales. Je laisse à l'opinion publique la liberté de juger du sérieux ou pas de ces revendications. Pour sa part, le ministère n'a jamais fermé les portes du dialogue et demeure totalement à l'écoute du corps enseignant et de ses représentants.


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