Kaïs Saïed parle bien l'arabe. Il le parle extrêmement bien dans toutes les manifestations officielles. Sauf que parler bien l'arabe littéraire ne veut pas forcément dire que l'on dise quelque chose d'important. Et c'est souvent le cas avec le président de la République qui multiplie, dans ses discours, les lapalissades, les lapsus et les phrases qui ne veulent rien dire. C'était le cas ce matin du mercredi 17 mars 2021 lors de la conférence de presse commune organisée à Tripoli avec son homologue libyen. Kaïs Saïed a prononcé un discours de près d'un quart d'heure (sans document) dans lequel il rappelle les liens historiques fraternels qui unissent les peuples tunisien et libyen. Après avoir évoqué la disparition en Libye de nos deux confrères Nadhir et Sofiène, Kaïs Saïed a parlé de l'ouverture des frontières et des foyers libyens à leurs frères tunisiens et réciproquement. « Les deux peuples ont partagé ensemble leur pain et leur avenir commun est radieux ». Il a également évoqué l'Union du Maghreb Arabe et l'avenir radieux qui attend les deux peuples qui veulent réaliser leurs rêves communs. Dans sa lancée, et toujours dans son arabe littéraire qui se veut châtié, Kaïs Saïed a eu cette phrase qui ne veut rien dire qu'on pourrait qualifier de lapsus : « J'espère que l'avenir est passé ! ». Comment cela ? Avec Kaïs Saïed, on n'est plus dans la politique fiction, c'est plutôt de la science-fiction et une autre version de retour vers le futur.