Que fait le gouvernement ? La question mérite légitimement d'être posée. Alors que l'épidémie du Covid-19 a pris une ampleur effrayante en raison d'un laisser-aller coupable dans l'application rigoureuse des mesures de prévention. Le gouvernement n'a fait que prendre acte du comportement désinvolte d'un large pan de la population face au fléau. Les structures hospitalières sont au bord de la rupture. Il demeure encore sans réaction. Quant à la gestion de la campagne de vaccination, elle est manifestement chaotique, c'est le moins que l'on puisse dire. Aucune information exhaustive sur cette fameuse campagne n'a été fournit jusqu'à ce jour alors que, on abreuve quotidiennement le pays de l'évolution des tests contaminations, de la prévalence de l'épidémie, des décès et des hospitalisations. Mais, presque rien en matière de vaccination. Le gouvernement devra bien rendre des comptes des flous ou plutôt de l'opacité qui entoure cette campagne. Face à la désastreuse situation économique, c'est du pareil au même. Ceux qui croient que les récents accords conclus entre le gouvernement et les partenaires sociaux, tout autant que les consultations de Beït El Hikma, représentent la voie idoine pour identifier des solutions, à tout le moins de dégager des perspectives viables de sortie de crise pour le pays, ceux-là risquent de déchanter plus vite qu'ils n'ont espéré voir dans l'initiative du gouvernement une voie de sortie du tunnel. Que valent en effet des accords qui ne fixent aucun calendrier, se suffisant d'établir une liste de thèmes sur lesquels les parties devront plancher pour dégager des orientations et des programmes qu'elles s'engageront de réaliser ? Autant dire que cela risque de durer. En étant raisonnablement optimiste, ce processus ne devrait pas connaître son terme avant l'été alors que l'urgence est absolue. Est-ce la raison pour laquelle le gouvernement tarde à présenter un projet de loi de finances complémentaire alors qu'il l'a annoncé pour la fin du premier trimestre 2021 ? Visiblement, cela en a tout l'air, à moins que l'on se fie aux propos tenus par le ministre de l'Economie, des Finances et de la promotion de l'investissement, Ali Kooli, lors d'une intervention sur la chaîne RTCI qui, tout en réfutant le fait que le Chef du gouvernement ait formulé une telle promesse, maintient les objectifs budgétaires inscrits dans la loi de finances 2021, d'un déficit budgétaire limité à 6,5% du PIB, et des besoins de financement de l'ordre de 18,5 milliards de dinars qui élèveraient l' encours de la dette à plus de 90% du PIB. Quant à la croissance, elle devrait, selon lui, se situer au-delà des prévisions de 4% sur lesquelles se fonde la loi de finances 2021, éludant le fait que ce qu'il considère comme une performance n'est en réalité que le reflet d'un rebond technique après la brutale chute de l'activité économique enregistrée en 2020. Dans ces conditions, il est clair qu'un projet de loi de finances complémentaire ne serait implicitement pas nécessaire. Dès lors, si un recadrage budgétaire ne serait plus à l'ordre du jour, on peut se demander de quelle manière le gouvernement compte satisfaire ses besoins considérables de financement (18,5 milliards de dinars en brut ou 7,9 milliards en net en 2021) dans la mesure où cela représente presque le double de ce qui est habituellement sollicité durant de ces dernières années (compte non tenu de l'année 2020) et que l'on peine déjà à atteindre. Pourquoi emprunter tant d'argent alors que le budget d'investissement ne s'inscrit pas dans la même trajectoire. Pourtant, c'est le seul poste budgétaire qui fournirait le rendement capable dans le temps d'amortir la charge de la dette. A la place, on se contente de maintenir en l'état les dépenses de subventions dont celle de l'énergie qui ont engloutit durant cette dernière décennie plus de 60 milliards de dinars dont près du tiers alloué à la compensation des tarifs de l'énergie, sans que cela n'ait mis un frein au taux de pauvreté, ni amélioré les conditions de vie des plus démunis, ni boosté la compétitivité des activités les plus énergivores. Quand le gouvernement va-t-il réagir ? Lorsqu'il s'agira d'annoncer le défaut de paiement ou carrément la banqueroute ?