Condamnée à six mois de prison en première instance, pour outrage à un fonctionnaire public, l'activiste queer (personne dont l'orientation ou l'identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants) Rania Amdouni, a été libérée le 17 mars dernier. Hier, jeudi 7 mai 2021, la militante a livré un témoignage déchirant, le premier depuis sa sortie de prison. Un post partagé sur les réseaux sociaux où elle raconte son calvaire et les sévices qu'elle est aujourd'hui « incapable de dépasser ».
Rania Amdouni a expliqué avoir été maintenue en garde à vue dans une geôle froide et humide pendant huit heures sans boire, sans manger et surtout sans ses médicaments, elle qui est diabétique. « Les pires huit heures de ma vie, je n'ai pas pu en guérir, ni oublier ni dépasser, même mes idées sont devenues confuses » a-t-elle écrit.
« A 18h ils ont commencé à sortir les détenus et moi, la seule fille j'ai été la dernière à monter dans le camion, parmi 38 détenus, qui devait nous conduire en prison. J'ai été humiliée, insultée pendant deux heures j'ai été abattue, désespérée et harcelée » a poursuivi la militante.
Rania Amdouni a expliqué avoir été sexuellement agressée par les codétenus dans un camion sombre sans aucune intervention des policiers qui ont laissé faire. Elle a précisé avoir été victime d'attouchements soulignant qu'elle n'a pas pu dépasser ces évènements et que depuis deux mois elle est incapable de vivre normalement à cause de ce qui s'est passé.
« Je ne peux plus dormir, je ne peux pas aller en cours, je ne peux pas vivre car je suis convaincue que je suis victime d'une injustice mais je n'ai pas pu en parler plus pour plusieurs raisons. Ma seule faute est d'être une citoyenne différente qui crie au visage d'un système honteux et indécent » a conclu Rania Amdouni.