Les dérives de Fathi Laâyouni, maire de la commune du Kram, ne sont plus à compter. Les derniers évènements enregistrés à la radio Shems où il avait envoyé ses recrues pour encercler l'établissement médiatique sont un exemple parmi tant d'autres de ses dépassements et sa volonté d'assoir sa loi. Cet évènement nous ramène à l'origine de l'affaire. Un scandale qui mérite d'être dénoncé, la fermeture forcée de la boutique du citoyen actif dans la société civile Slim Ben Achour.
Pour en savoir davantage sur les dessous de cette affaire, Business News a contacté l'avocat et activiste des droits de l'homme Me. Hazem Ksouri. L'avocat a indiqué que Slim Ben Achour est citoyen de la ville du Kram. Depuis l'année 2016, il était actif dans la société civile, dont le rôle est de consolider la démocratie à travers le contrôle et la régulation. « Avec l'installation de Fathi Laâyouni, Slim Ben Achour a poursuivi ses actions. Il pointait du doigt toutes les défaillances et tout ce qui n'allait pas dans la commune. D'ailleurs, il était le fameux initiateur « de l'anniversaire du trou géant au Kram ». Un mouvement de protestation ironique ayant été partagé en masse pour attirer l'attention sur les manquements de la municipalité », déclare Me. Ksouri. « Au lieu de réagir positivement aux lacunes relevées et procéder aux réformes nécessaires, Fathi Laâyouni s'en est pris à Slim Ben Achour. D'abord, on a voulu fermer sa boutique de vente de GSM parce qu'il n'y avait pas de sanitaire ! Or, la nature de son activité ne le nécessitait pas. Ensuite, c'est sous prétexte de taxes municipales impayées qu'on lui ferme sa boutique, son unique moyen de subsistance. Des taxes municipales revendiquées alors que le pays est en pleine crise sanitaire et les petits commerçants ayant besoin d'accompagnement économique et d'aides de l'Etat. Et pourtant ses taxes ont été payées! Voilà, où nous en sommes », s'indigne l'avocat.
Cependant, l'avocat Hazem Ksouri a indiqué qu'il était nécessaire de tirer la sonnette d'alarme face à cette politique visant à terroriser les citoyens en les privant de leurs droits élémentaires. « Priver un père de famille de ses sources de revenues est inadmissible. Slim Ben Achour ne peut même plus accéder à sa boutique pour prendre ses affaires et ses documents. Aujourd'hui, ce qui s'est passé est une atteinte à la dignité des Tunisiens. Au-delà de Slim Ben Achour et de sa personne, la situation est très grave. Les municipalités ne sont plus au service des citoyens, elles usent des moyens de l'Etat pour servir des intérêts partisans étroits. Voir le maire du Kram mobiliser les moyens de l'Etat pour encercler un établissement médiatique, mais aussi un bien confisqué par l'Etat est juste immonde ». L'avocat a dénoncé, dans ce contexte, le mutisme de l'Etat face à ses dépassements indignes de la Tunisie post-révolution et de la démocratie qu'on cherche à installer en Tunisie. « Aujourd'hui, il faut lutter contre cette politique orchestrée visant l'Etat de droit et des institutions. La liberté d'expression est menacée, pourtant elle constitue l'un des principaux acquis durant ses dix dernières années. Un sursaut est nécessaire et toutes les forces vives doivent unir les efforts pour garantir les libertés et préserver la dignité ». Hazem Ksouri a tenu à souligner que Slim Ben Achour va poursuivre en justice Fathi Laâyouni en sa personne, mais aussi en sa qualité de maire.