L'ancien élu, membre de la commission parlementaire des finances, de la planification et du développement et ancien ministre des Finances, Slim Besbes a expliqué qu'il comprenait les raisons de l'annonce des mesures exceptionnelles temporaires, même si la situation générale du pays prête à confusion. « Bien que le maintien de ces mesures amplifie cet état de confusion, nous devons unifier nos forces afin de trouver des solutions aux problèmes du pays… Nous devons apprendre les leçons du pays et tisser un meilleur futur », a-t-il déclaré lors de son intervention à la date du 15 septembre 2021, sur les ondes de la radio Express FM. « Les lois et stratégies approuvées dans le passé avaient seulement pour but de débloquer des emprunts contractés auprès du Fonds Monétaire International (FMI) et autres institutions qui appuient la Tunisie », a-t-il poursuivi. L'ancien ministre a précisé que la masse salariale représente entre 1,5 et 1,6 milliard de dinars en Tunisie. L'Etat doit, également, rembourser des prêts à hauteur 8 milliards de dinars. « J'estime que le train de vie actuel de l'Etat coûte plus de quatre milliards de dinars par mois. En ce qui concerne les dépenses, la somme est donc aux alentours de 18 milliards de dinars… Le pays a prouvé qu'il est capable de contracter des emprunts à court terme. Il y a moins de risques pour les banques et le taux d'intérêt de 6.5% est acceptable », a-t-il ajouté. « Du temps du gouvernement de Habib Essid, les quatre partis politiques au pouvoir avaient élaboré en collaboration avec les ministres une feuille d'orientations stratégiques. Celle-ci avait été adoptée officiellement par le gouvernement le 15 septembre 2015 », a-t-il déclaré.
Il a expliqué que ce document comportait des visions économiques et sociales qui ont permis de mettre en place le plan 2016-2020. L'ancien député a affirmé que la crise ne réside pas dans le contenu du plan et des stratégies, mais dans leur application. Ceci nécessite une équipe gouvernementale homogène, ainsi que de l'audace. Cette homogénéité doit, également, s'étendre aux institutions de l'Etat. « Malheureusement, nous avons constaté de l'hésitation en ce qui concerne la mise en place de réformes… Tel est le cas en ce qui concerne les caisses sociales. Il y a eu un blocage dans la réforme de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) ou encore au sujet de la caisse des compensations », a-t-il expliqué.
Par la suite, Slim Besbes a affirmé que l'Etat ne peut se pencher sur le projet de Loi de finances pour l'année 2022 qu'après avoir élaboré la Loi de finances complémentaire de l'année 2021. La Tunisie doit trouver les ressources nécessaires pour couvrir les dépenses, selon lui. Les ressources propres à l'Etat, c'est-à-dire, revenus fiscaux, atteignent neuf milliards de dinars. La clôture du budget de l'Etat pour l'année 2021 n'est pas problématique. « L'année 2021 peut être clôturée par plusieurs moyens », a-t-il insisté. Afin de redresser la situation, Slim Besbes a estimé que la Loi de finances doit retrouver sa véritable vocation. « Les Lois de finances élaborées ces trois dernières années ne s'inscrivent pas dans le cadre de la Loi Organique du Budget de l'Etat. La Loi de finances ne doit pas être une loi comptable qui sert à couvrir les dépenses. Il s'agit d'une approche purement libérale qui détache l'Etat du quotidien social et économique, ainsi que des choix stratégiques. La Loi Organique du Budget de l'Etat présente la Loi de finances comme étant un outil de mise en œuvre de la politique économique et des programmes de l'Etat afin que ce dernier puisse exercer son rôle de régulateur », a-t-il continué.
Toujours selon la même déclaration, Slim Besbes a affirmé que les lois de finances adoptées depuis 2019 visaient à consoler et non-pas à réformer. Il a estimé que le prochain gouvernement tombera dans le même piège. « La politique fiscale, qui est l'un des outils les plus importants du gouvernement, est consacrée à travers la Loi de finances. En l'absence de cet outil, nous pouvons déduire que la politique fiscale est totalement absente. En l'absence de réforme et de visibilité, nous sommes menacés par la baisse de sa notation par les institutions internationales telles que Fitch Ratings », a-t-il déclaré. Slim Besbes a affirmé que plusieurs pays Etats, tels que l'Allemagne, considèrent qu'il n'y a pas de vis-à-vis pour continuer à collaborer. « Nous devons, soit retourner dans la légalité constitutionnelle, soit adopter un nouveau cadre constitutionnel », a-t-il conclu.