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Débat de la présidentielle française : les Tunisiens vivent la démocratie par procuration
Publié dans Business News le 21 - 04 - 2022

Le débat télévisé entre les deux tours de la présidentielle française opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen a réuni quelque 15,6 millions de téléspectateurs français. Mais c'est sans compter les Tunisiens (et d'autres certainement) qui ont regardé ces 2h50 d'exercice démocratique.
Sur les réseaux sociaux, les Tunisiens passionnés de politique ont vécu la démocratie par procuration, comme l'a si bien résumé Souhaïeb Khayati, directeur du bureau tunisien de Reporters sans frontières.
Avant la révolution de 2011, le débat présidentiel était incontournable pour les Tunisiens. Ils rêvaient de démocratie et c'était un des rares moments pour eux de regarder comment les élections se déroulent dans les pays qui se respectent et respectent leurs peuples.
Après la révolution, l'audience tunisienne s'est érodée et on a peu suivi les débats de 2012 et de 2017. La démocratie ne se vit plus par procuration, on n'a plus besoin de voir de près ce qui se passe au nord de la Méditerranée, il y a des débats bien réels, et bien spectaculaires, dans le pays.
Sauf que voilà, le printemps démocratique tunisien n'a pas duré. Le 25 juillet 2021, le président tunisien Kaïs Saïed s'est accaparé les pleins pouvoirs, a limogé le chef du gouvernement et dissous l'assemblée. Depuis, on regarde de nouveau le nord de la Méditerranée pour « s'abreuver » de débats démocratiques, d'échanges contradictoires, de piques et de coups bas.
Pour le rendez-vous de 2022, c'est donc tout naturellement que les Tunisiens ont délaissé leurs parties de cartes et leurs feuilletons ramadanesques, pour regarder TF1, France 2 ou l'une des chaînes d'informations qui ont diffusé en direct le débat du mercredi 20 avril.
Tout au long de l'émission, mollement dirigée par Léa Salamé et Gilles Bouleau, les Tunisiens commentaient les interventions des deux candidats avec passion. Une majorité nette était du côté d'Emmanuel Macron. La candidate de la droite nationaliste (l'extrême droite comme on l'appelle généralement) a très peu de fans en Tunisie visiblement.
M. Khayati résume parfaitement la chose en très peu de mots : « Depuis 2011 : 6 présidents, 10 chefs du gouvernement, 4 élections : 2 générales, 1 municipale et 1 pour la constituante, un dialogue national internationalement labellisé, un coup de force, un gel et une dissolution après, nos élites, aiguillées sur l'ancienne métropole, continuent de vivre le débat démocratique par procuration. Quel gâchis ! »
L'animateur radio et enseignant, Anis Moraï, a une idée pourquoi les Tunisiens sont admiratifs devant ce qui se passe en France et tacle, au passage, les politiques tunisiens : « Vous êtes admiratifs face au débat entre Macron et Le Pen parce que vous avez regardé un duel de politiques professionnels, qui ne font pas du one shot pour faire des connaissances, des amis, des influences, ramasser du fric et passer des élections, puis s'en vont profiter de la manne récoltée durant un mandat et le fructifiant après avoir perdu !
Ceux que vous avez regardé aujourd'hui sont des professionnels qui même en perdant, n'abdiquent pas, ne renoncent pas, font la veille et continuent malgré la défaite à construire une opposition qui donne le tournis au régent !
Vous ressentez surement de l'amertume en comparant entre les politiques sous nos cieux et ceux que vous venez de regarder ce soir.
Votre comparaison est juste une hérésie car vous essayez de comparer entre des professionnels et des amateurs ! »
L'activiste politique Ahlem Hachicha Chaker savoure le moment : « Vivre par procuration quand on est tunisien.e.s.
Regarder un débat politique en bonne et due forme, un exercice intellectuel qui nous change. »

Sur la prestation des deux candidats, les avis ne divergent pas trop et les Tunisiens sont (pour une fois) d'accord sur la bonne performance du candidat sortant.
Coach d'initiation à la communication et la prise de parole en public, l'ancien animateur télé et radio Mehdi Kettou invite Marine Le Pen à le contacter. Il ironise ensuite pour lui dire : « Marine répète après moi : "on ne répond pas aux questions, on délivre des messages, surtout si les questions viennent de ton adversaire" ».
L'ancien secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse, Abdelkoddous Saâdaoui, fait un bilan sans appel et taggue la présidence tunisienne de la République, un peu comme pour montrer ce qui se fait vraiment dans les démocraties : « Encore une fois, sur l'économie, la géopolitique, l'énergie, l'industrie, l'Europe, l'éducation, la formation professionnelle, la santé… il la surclasse.
Je rêve d'un débat pareil en Tunisie, précis, chiffres à l'appui, idées… »
Après quelques posts brefs, publiés en direct, l'avocate Soundès Mejdoub résume le débat à la fin de l'émission : « Bon plus sérieusement, elle est d'une médiocrité flagrante et d'une incompétence crasse. C'est tout bonnement incroyable. Confier les destinées de la France et les boutons nucléaires à cette femme est juste surréaliste. À part une dialectique populiste de préférence nationale et son délire de papesse autoproclamée du pouvoir d'achat (qu'elle n'est pas, elle n'a même jamais travaillé de sa vie), il n'y a rien. Mais vraiment rien. Elle est tellement mauvaise sur les sujets techniques, elle ne maîtrise même pas les notions économiques de base, elle ne sait pas lire 1 budget, aucune notion de finances publiques, le passage RI/Europe était une véritable boucherie, le passage transition énergétique et écologique aussi, le numérique un grand moment.. Aucune cohérence dans le déroulé de ses propos. Elle n'arrive pas à expliquer et exprimer clairement ses 'idées'. Rien n'est budgétisé. Pseudo chiffrage invraisemblable. Quel naufrage, c'est un vide abyssal cette dame.. Elle va certainement se lâcher sur l'immigration et l'islam mais ce sera toujours d'une grande nullité. Sans doute plus laid. Je ne croyais pas possible qu'elle fasse pire qu'en 2017. Elle a au moins ce mérite. »
L'économiste et militant politique Moez Joudi a, pour sa part, axé sur la prestation économique de la candidate de droite : « Marine Le Pen est très faible sur les questions économiques ! Une faiblesse qui la perdra et qu'elle traîne depuis longtemps ! Macron est en train de la dégommer avec calme et pertinence ! ».
Idem du côté du chef d'entreprise Melik Guellaty : « A l'entendre je comprends pourquoi aucune banque n'a voulu lui prêter de l'argent... »

Conseiller politique et en communication, avocat et chef d'entreprise (et également administrateur de Business News), son frère Karim Guellaty anticipe pour sa part les réactions des médias : «
Macron arrogant. Non Macron dépité.
Macron avachi. Non Macron s'ennuyait.
Macron suffisant. Le Pen totalement insuffisante.
Voilà les éléments des langages que vous entendrez les 24 prochaines heures de part et d'autre.
Ceci pour la forme.
Pour le fond, Macron a gagné. »
Mais quand le sujet de l'interdiction du voile a été évoqué et que Macron a taclé Le Pen à propos de Bourguiba que M. Guellaty a réagi avec la passion, laissant la raison de côté : « Quand lors d'un débat du second tour à une élection présidentielle dans un pays profondément démocratique, quand ce pays est le pays des Lumières et de l'universalisme, de l'Encyclopédie et de la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, quand lors de ce débat c'est Bourguiba qu'on convoque pour parler de progrès humain, et de projet sociétal, je me dis que rien ne peut arriver à notre Tunisie.
Ce pays brille, brillait et brillera. C'est un phare, un modèle, un exemple et pour nous tous une passion viscérale. Alors quelques soient nos parenthèses, et nous sommes dans une de celles-là, je retiens une chose dans cet exercice démocratique, dans ce débat en France, je retiens une chose, c'est que je suis fier de ma Tunisie. Fier et ému, car quoi que fassent certains, nous restons un immense pays.
PS : Bourguiba n'a jamais interdit le port du foulard dans l'espace public. »

Quand est-ce que les Tunisiens retrouveront des débats démocratiques et une vie démocratique réelle composée de politiciens qui présentent des programmes chiffrés, des budgets détaillés, des projections dans l'avenir qui font rêver ?
C'est une règle hélas, les parenthèses dictatoriales, on sait seulement quand elles commencent. La Tunisie de Kaïs Saïed vit actuellement cette parenthèse depuis le 25 juillet. On sait à l'avance que ça va mal finir, mais pas du tout quand.


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