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Un sursaut de dignité face à nos « amis » de l'Europe
Publié dans Business News le 06 - 12 - 2017

Dieu, préservez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m'en charge. L'Europe a beau être le plus grand partenaire de la Tunisie, depuis la nuit des temps, cela n'empêchera pas pour autant le vieux continent de la poignarder dans le dos. La Tunisie a beau tourner le dos à ses marchés naturels que sont l'Afrique et le Monde arabe, l'Europe n'y verra que de la soumission ou, au mieux, de l'intérêt.
Concrètement pourtant, la Tunisie a beaucoup plus à gagner en s'intéressant à l'Afrique en pleine croissance qu'à l'Europe en plein vieillissement. Quant aux marchés arabes, elle aurait pu détourner vers elle une bonne partie des investissements faits dans le Louvre, le PSG et les multinationales européennes. Il lui aurait juste suffi de s'intéresser davantage à Ryadh, Doha et Abou Dhabi qu'à Berlin, Rome et Paris.
Le fait est là, et on ne peut pas le nier, on regarde ces dernières avec une certaine soumission et un complexe de sous-développé, alors qu'on oppose du mépris et un égo surdimensionné à l'égard de nos voisins africains et « frères » arabes. Oui, on a beaucoup plus d'affinités envers les Européens que les Africains et on croit ressembler davantage à un Marseillais ou Sicilien qu'à un Syrien ou un Saoudien.

Ainsi donc, 28 ministres des Finances de l'Union européenne ont décidé de classer la Tunisie comme paradis fiscal. On croit rêver ! On crie du matin au soir et depuis des années sur les pressions fiscales monstres que subissent les entreprises tunisiennes et nous voilà classés comme paradis fiscal.
Avec des critères opaques, une politique éhontée de deux poids deux mesures où l'on épingle les uns et pas les autres alors qu'on nous reproche tous les mêmes griefs, un aveuglement total sur la réalité du terrain et celle du marché, les Européens nous mettent tout simplement au ban des nations.
L'hypocrisie en plus, car la majorité de ces pays affirment haut et fort et crient sur tous les toits qu'ils sont nos partenaires, nos amis, nos soutiens… Il ne se passe pas un mois sans que l'un de nos plus hauts dirigeants ne rencontre son homologue européen. Sur les trois derniers mois, des rencontres au sommet ont eu lieu avec les dirigeants français, italien et allemand. Après l'hypocrisie, place à l'ingratitude.

Nous avons des choses à nous reprocher ? C'est indéniable. On ne fait que le dire et le dénoncer tous les jours. Depuis la révolution, médias, ONG et opposition se font un malin plaisir d'épingler les dirigeants politiques frisant carrément l'autoflagellation.
La Tunisie a besoin de réformer totalement son système fiscal et en profondeur, c'est une évidence. La Tunisie a besoin de lutter contre le commerce informel et l'évasion fiscale, c'est aussi une évidence.
Mais ce n'est pas pour ça que la Tunisie a été classée comme paradis fiscal, mais parce qu'elle accorde des avantages fiscaux à ses exportateurs et ses sociétés off shore.
Or il se trouve que ces mêmes avantages sont accordés par le Qatar, le Maroc, Malte, l'Irlande ou plusieurs îles britanniques. On est même moins souples que ces pays et territoires.
En clair, on n'a fait qu'encourager nos exportateurs à l'instar de ce qui se pratique ailleurs dans le monde développé.
Et encore, car malgré tout, nos industriels et exportateurs demeurent à la traine et n'obtiennent que très peu d'avantages comparés à leurs homologues européens.

On nous classe comme paradis fiscal et on oublie le paradis dans lequel baignent les industriels européens.
Un exportateur français débarque en deux heures à Tunis pour faire son business, alors que son homologue tunisien doit prendre rendez-vous un mois à l'avance dans un consulat européen pour obtenir un visa de 15 jours. Il se doit, au préalable, préparer un dossier en béton pour justifier son déplacement, présenter les invitations, la réservation, le billet d'avion, l'assurance. Ne manque à son dossier qu'un certificat contre la rage des cheveux. Une fois son dossier rempli et son visa accordé, cet industriel tunisien doit prier son bon Dieu qu'un simple agent des frontières ne daigne refuser son accès sur le territoire du pays européen visité, comme le stipule clairement la réglementation.
Une fois que l'on vous a donné le visa et que l'agent des frontières a toléré votre entrée, il va falloir prouver que votre marchandise est conforme aux normes (européennes), que votre chaîne du froid est conforme aux normes (européennes), que vos ressources humaines respectent les Droits (européens), etc etc… En retour, quand l'Européen veut vendre sa marchandise à Tunis, il n'a aucun souci à se faire puisque les normes tunisiennes sont le plus souvent des normes « copié-collé » aux normes européennes.

S'agit-il des seuls avantages « naturels » accordés aux Européens pour le seul motif qu'ils sont nés du « bon » côté de la Méditerranée ? Loin s'en faut.
Un Européen n'a aucune idée sur la mentalité de « arjaa ghodoua » (reviens demain) de l'administration tunisienne.
Un Européen bénéficie dès l'école d'avantages dont ne rêveraient pas les Tunisiens. Cela commence par l'environnement scolaire favorable jusqu'au civisme ambiant lui permettant d'être productif, en passant par les stages en entreprise quand il est étudiant et les facilités et les multiples encouragements accordés à la création de son business. Sans parler des accès aux crédits, de l'accompagnement public pour accéder aux marchés, de l'accès rapide et instantané pour obtenir la bonne information… Sans parler des moyens de loisir et de culture, pendant le temps de repos, qui favorisent la productivité pendant le temps du travail… Sans parler de nos brillants étudiants à qui on tend la carotte pour achever en Europe leur cursus universitaire et les placer, ensuite, dans leurs entreprises privant ainsi leur pays d'origine de rares compétences.

Mais de tout cela, les ministres européens des Finances n'en ont cure. Ils ne veulent que de l'égalité législative (et encore puisque les leurs et leurs amis ne respectent pas leurs propres critères) en oubliant qu'ils sont en train de comparer l'incomparable.

Hypocrites, ingrats, aveugles, injustes, on ne saura trouver suffisamment d'adjectifs pour qualifier la grotesque liste établie par les 28 ministres européens.
Je n'aime pas jouer aux victimes ni à l'adepte de la théorie du complot, mais les ministres de l'UE ont joué à fond la politique de deux poids deux mesures pour classer la Tunisie comme paradis fiscal. Il y a un objectif derrière et il est politique.
Hier, on était classés comme pays à risque terroriste alors qu'il y avait moins ou autant de risques d'attentats à Tunis qu'à Paris, Nice, Londres ou Istanbul. Aujourd'hui, on nous classe comme paradis fiscal alors qu'on accorde moins d'avantages que le Luxembourg, la Suisse, le Maroc ou l'Irlande. Il ne s'agit pas d'états d'âme que je livre, mais de faits connus par tous.

Comment répondre à cela ? Si l'on veut faire jouer la dignité comme l'ont fait depuis belle lurette nos voisins algériens, on imposerait de suite un visa d'entrée aux Européens et une multitude de barrières douanières et normatives devant leurs produits.
On ira faire nos emplettes au Japon (sans visa pour les Tunisiens), la Corée du Sud (classée paradis fiscal comme nous) et les Chinois. On ira vendre nos produits aux Africains, aux Arabes et aux nouveaux partenaires.
A un moment de l'Histoire, il faudrait avoir un sursaut de dignité et claquer la porte devant ceux qui ne font que nous humilier depuis des décennies par le regard, la parole et maintenant le geste. On sera perdants ? Sur le court terme, c'est certain, mais puisqu'on est en révolution (bien entretenue par les Européens et leurs ONG), allons jusqu'au bout de cette révolution et prenons des décisions révolutionnaires.
Sauf que nous n'avons pas de dignité, comme les Algériens. Faut-il en rire ou pleurer, celle chargée de l'instance de dignité est une ancienne mendiante des instances européennes.
A défaut de dignité et à défaut de vrai courage pour répondre à la gifle, osons quand même intenter un recours devant une juridiction (européenne) pour invalider la décision injuste et inéquitable de leurs 28 ministres des Finances !


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