Une entreprise en bonne santé paie ses impôts, dégage du bénéfice et participe à la création de richesse. Au-delà d'un certain seuil d'imposition, l'entreprise commence par arrêter d'investir en termes de création d'emploi par exemple, ensuite vire du personnel avant de penser à la fermeture ou à la fuite. Du coup, l'Etat se trouve perdant. En voulant percevoir plus d'impôts, il perd toute l'entreprise qui payait au moins quelque chose auparavant. D'où l'expression « trop d'impôt tue l'impôt ». Ce principe économique, pourtant simple, semble échapper à une partie non négligeable de nos députés chargés de voter la Loi de finances 2019. Mais au diable la logique et les principes économiques, la tentation de mettre la cape de Robin des Bois et de jouer le rôle de celui qui prend aux « riches pour donner aux pauvres » est bien trop grande pour des députés qui baignent dans le populisme. Quand le bon sens arrive, dans certains cas, à prendre le dessus, les accusations pleuvent, de la part de ces mêmes élus, sur l'influence des lobbies et sur le fait que les autres sont de méchants vendus. L'élue Sabrine Ghoubantini a bien répondu à cela en disant qu'il ne manquerait plus que les élus de Chafik Jarraya donnent des leçons de transparence et de lutte contre la corruption. Pour d'autres, c'est le fait de l'ignorance du fonctionnement de l'économie en général et d'une entreprise en particulier. Comment expliquer autrement que des élus aient souhaité taxer le chiffre d'affaires ? Indépendamment de la nature des entreprises ou de leur champ d'activité, taxer le chiffre d'affaires est une aberration. Une entreprise qui réalise un gros chiffre d'affaires n'est pas forcément bénéficiaire, lui imposer une taxe supplémentaire revient à signer directement son arrêt de mort.
Mais le populisme est tellement plus vendeur que le pragmatisme économique ! C'est pourtant pas compliqué : toute augmentation de taxes se répercutera systématiquement sur les prix. Une augmentation des taxes, surtout d'une manière aussi peu étudiée, crée quasi systématiquement de l'inflation par l'augmentation des prix. Tout comme les augmentations de salaires d'ailleurs. On parle ici de gens qui ne semblent n'avoir aucune idée de la manière dont les équilibres d'une entreprise sont tenus. Ils ignorent également la vraie situation des entreprises et la conjoncture du pays et se contentent du préjugé absurde concernant certaines entreprises qui gagnent beaucoup d'argent à leur goût. L'avantage du populisme est que c'est un discours qui s'adresse aux émotions et qui excite les peurs. Cette logique ne peut en aucun cas s'appliquer à l'économie. Il ne s'agit pas d'un champ propice aux sentiments même s'il s'agit d'une science humaine. Cette distinction est inaccessible à un certain nombre de députés qui, devant l'aberration de leur proposition démontrée plus tard, n'hésitent pas à reculer et à retirer leurs propositions. C'est dire la conviction qu'ils ont et leur maitrise de la chose économique. La sur-taxation au gré du bon vouloir de députés populistes rebute les investisseurs et entrave les efforts des entreprises déjà installées. Près de 500 millions de dinars de capitalisation boursière sont partis en fumée à cause de l'adoption de l'article concernant le 1%. Dans les conditions actuelles il devient bien plus avantageux pour quelqu'un qui a de l'argent de le laisser dans la banque plutôt que de tenter l'aventure de l'entreprenariat. Ceci implique qu'il n'y aura pas de création de richesse et de croissance, et donc pas de création d'emplois, avec tout ce que cela implique aux niveaux économique et social. Des députés qui votent et qui interviennent sur une loi de finances devraient maitriser au moins les rudiments du raisonnement économique. A défaut, il ne leur est pas interdit de demander conseil ou de revenir vers les structures de leur parti, s'ils en ont. Mais marquer des points politiques et se lancer dans des discours pleurnichards diffusés à la télévision est bien plus séduisant que de faire correctement leur travail.