Le nouvel an s'approche et les Tunisiens vivent au rythme des préparatifs du Réveillon de la Saint-Sylvestre attendant avec impatience les douze coups de minuit. Une occasion propice notamment pour les planificateurs d'événements misant sur les soirées sophistiquées de la fin d'année pour accroître leurs profits. Malgré les prix exorbitants et la conjoncture économique délicate, de plus en plus de Tunisiens optent pour ce type de célébrations pour accueillir la nouvelle année. La célébration du Réveillon de la Saint-Sylvestre ou le Réveillon du jour de l'an est devenue une coutume qui continue à séduire les Tunisiens. Loin de l'aspect religieux, tout comme Noël, la Saint-Sylvestre en Tunisie est plutôt une fête commerciale suivant un modèle de mondialisation. Bien que la Saint-Sylvestre, dans sa dimension religieuse chrétienne, ne fait pas partie des traditions tunisiennes, beaucoup de Tunisiens adoptent cette fête s'est ancrée dans leur culture. Sorties, restaurants, hôtels, maisons d'hôtes, croisières ou même voyages à l'étranger sont tout autant de manières possibles de passer cette fête en famille, entre amis ou en amoureux et chacun ses préférences.
Plusieurs semaines précédant la fin d'année, les Tunisiens sont matraqués par les publicités de tout type faisant la promotion des soirées. Des affiches géantes couvrant les panneaux publicitaires présentant une panoplie d'artistes sont implémentées au niveau des artères des villes et que personne ne pourrait manquer. Les organisateurs d'événements partent dans une course effrénée pour attirer le maximum de clients en faisant appel aux artistes de renommée et en proposant des mets variés et raffinés de diverses cuisines. Tout semble alléchant, le seul hic étant les prix, pour le moins, excessifs. Tellement excessifs que certaines soirées proposent un paiement par facilité histoire d'inciter les gens à assister à ces soirées. Cependant, du côté des restaurateurs et des hôteliers, les packs offrant des promotions pour les dîners gala et le logement à l'hôtel sont omniprésents avec des prix raisonnables et concurrentiels.
Dans une société où un bon nombre de Tunisiens célèbrent les fêtes religieuses islamiques ainsi que les fêtes incontestablement commerciales, les commerçants, les restaurateurs, les hôteliers ainsi que les planificateurs d'événements trouvent leur bonheur et profitent de la situation pour renflouer leurs caisses. Curieusement, même face à l'excessivité des prix, le Tunisien se trouve contraint de suivre même par imitation. Les soirées deviennent, ainsi, une sorte d'identification sociale pour instaurer un sens d'appartenance et ne pas se sentir exclu. La baisse du pouvoir d'achat qui prend de l'ampleur, outre la cherté de la vie et les impôts et taxes imposés sur les citoyens ne semblent pas freiner les Tunisiens qui ne se privent pas de se faire plaisir. Au moment où le taux inflation qui s'est stabilisée à 7,4% selon les données les plus récentes, ce type de festivités ne cesse d'attirer les clients.
Toutefois, à voir le nombre d'accidents de la route qui augmente exponentiellement au cours des vacances scolaires coïncidant avec les fêtes de fin d'année, la vigilance reste de mise. Avec 5755 accidents de la route engendrant 1177 morts et 8679 blessés en 2018, les fêtards doivent être plus attentifs. Outre l'infrastructure des routes qui doit être révisée, l'entretien du véhicule est obligatoire. Les facteurs contribuant aux accidents de la route sont également inhérents aux chauffeurs notamment l'excès de vitesse qui représente la première cause de décès des jeunes entre 15 et 29 ans. Outre l'excès de vitesse, le non-respect de la signalisation routière et de la distance de sécurité sont également responsables des accidents de la route. L'usage du téléphone portable au volant, le non-port de la ceinture de sécurité ainsi que la conduite en état d'ivresse, extrêmement répandue pendant la période des fêtes, mettent en péril la vie des usagers de la route, qu'ils soient chauffeurs, passagers ou piétons. Ainsi, des efforts conjoints doivent être déployés en vue d'intensifier les campagnes de sensibilisation et de sauver des vies.
Pour ceux plus soucieux de leurs contraintes budgétaires, passer le réveillon de la Saint-Sylvestre chez soi est la solution. Par choix ou par obligation, cela reste une excellente alternative à ces soirées, perçues par certains, comme de l'arnaque. Outre le fait que cela est aussi plus économique, la sécurité est bien plus assurée et rester chez soi paraît plus judicieux. Quoiqu'il en soit, loin des m'as-tu-vu et au-delà aussi de certaines prétentions que ces fêtes aggravent la disparité sociale, ces célébrations restent toujours une preuve que les Tunisiens aiment profiter de la vie dans un contexte assombri par la précarité de la conjoncture socio-économique et les incidents de violence secouant le pays. Il est rafraîchissant de voir que garder une lueur d'espoir ainsi que la joie de vivre malgré toutes ces contrariétés est un message fort de l'optimisme et la force des Tunisiens qui tiennent encore contre vents et marées.