L'attaque de l'ambassade américaine par des salafistes en septembre 2012 avait fait la Une des journaux, aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale. Cependant, cette affaire, a refait surface, puisque la justice s'apprête à rouvrir le dossier et revoir les peines infligées aux accusés. Retour sur une affaire loin d'être classée. L'affaire remonte au mois de septembre 2012, plus exactement le 14 septembre. Ce jour-là, l'ambassade américaine était la cible d'une attaque perpétrée par des salafistes. Ces derniers se sont rassemblés après le prêche du vendredi et se sont dirigés à pieds vers l'ambassade américaine pour manifester contre un film qu'ils jugent offensant le Prophète Mohamed. Des affrontements ont, donc, eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre déjà déployées sur les lieux. La situation a dégénéré rapidement avec des jets de pierres, de cocktails Molotov, des tirs intensifs de balles en caoutchouc et des jets de bombes lacrymogènes… Des nuages de fumée dense se sont propagés, par la suite tout autour de l'ambassade, annonçant la mise en feu des lieux. Malgré le contingent des forces de l'ordre et de l'armée, des manifestants ont pu accéder à l'intérieur de l'ambassade, ont fait baisser le drapeau américain et l'ont remplacé par leur bannière en noir et blanc, symbole des islamistes.
Ainsi, ces affrontements ont fait 2 morts et 28 blessés. Plusieurs journalistes ont été pris à partie par les salafistes, dont deux journalistes de Mosaïque Fm qui ont été agressés physiquement et leur matériel volé.
Cela dit et malgré la gravité de ce qui s'est passé, la cour d'appel du Tunis avait décidé en 2015, de supprimer tous les verdicts assortis d'un sursis. En effet, sur les 20 accusés, 5 d'entre eux ont été condamnés à 3 ans de prison ferme alors que le reste des verdicts était partagé entre un an et deux ans de prison ferme outre des non-lieux. Un verdict qui a déçu le département américain qui avait estimé que «le verdict en appel constitue une réponse sérieuse à l'attaque de l'ambassade américaine de septembre 2012», il a exprimé «sa déception face la lenteur de la justice tunisienne dans le traitement de cette affaire outre le fait que cette sentence reste incomplète avec plusieurs suspects toujours en fuite», espérant que tous les responsables de l'attaque de l'ambassade et l'école américaine seront traduits en justice dans les plus brefs délais.
Toujours est-il le ministère public n'a pas lâché l'affaire. Il a déposé un pourvoi en cassation de la condamnation en estimant que la cour a négligé deux chefs d'accusation, à savoir association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat. Des accusations qui peuvent être passibles de peines de prison allant jusqu'à 20 ans. Et du coup un autre bureau de la chambre criminelle près de la cour d'appel de Tunis se chargera, dans les jours à venir, de rouvrir le dossier de l'attaque de l'ambassade américaine après un pourvoi en cassation du jugement émis en appel contre les accusés.
Ce dossier nous ramène vers plusieurs affaires et autres attaques terroristes, où la vérité n'est toujours pas élucidée. Des éléments terroristes et des criminels circulent librement dans la nature. D'autres ont été relâchés dans le cadre de l'amnistie générale, ou encore, relâchés par la justice pour manque de preuves. L'affaire de l'organisation secrète d'Ennahdha révélée par le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi témoigne parfaitement des manœuvres et des entraves qui peuvent survenir lorsque l'aspect politique s'ingère dans le pouvoir judiciaire, au détriment de la vérité.
En tout état de cause, le retour de cette affaire entre les mains de la justice met en évidence que la guerre contre le terrorisme et l'extrémisme est un combat de longue haleine. Il s'agit, en effet, de toute une stratégie qui n'implique pas, uniquement, l'aspect sécuritaire puisque l'aspect juridique est tout aussi important. Pénaliser lourdement tout acte terroriste fait partie de la guerre contre ce fléau et permet de rétablir le prestige de l'Etat. Sans omettre, non plus, le plan social et culturel qui sont primordiaux, sachant que dans plusieurs cas, le terrorisme trouve son refuge au sein même de la société. La Tunisie n'est pas un pays où l'extrémisme peut prévaloir, pour cela, il est nécessaire de conjuguer tous les efforts afin de mettre un terme à cette gangrène, le tout avec une véritable volonté politique.