La Tunisie célèbre sa fête de l'Indépendance, le mercredi 20 mars. Evénement marquant de l'Histoire moderne de la Tunisie, le 63ème anniversaire de cette réalisation mémorable sera non seulement fêté par les Tunisiens, mais remettra à l'ordre du jour de vives polémiques qui ne cessent d'alimenter la scène nationale, notamment, en ce qui concerne l'indépendance économique et financière de la Tunisie.
Loin de toutes les polémiques, la fête de l'Indépendance de la Tunisie, demeure un événement incontournable. Il s'agit d'un événement mémorable qui a marqué notre pays et a changé le cours de son histoire. C'est dire que la Tunisie a réussi à se libérer de la colonisation et de la dépendance politique. Elle a regagné sa souveraineté et sa liberté grâce à l'action d'une élite ayant combattu pour réaliser le rêve de tout un peuple.
Le 20-Mars, est, désormais, le moment privilégié pour immortaliser les souvenirs d'une œuvre alliant l'action sur le terrain et l'approche diplomatique qui a changé le cours de l'histoire de la Tunisie. Une œuvre menée d'une main de maître par un groupe de patriotes et de compétences prêts à tous les sacrifices. Elle a constitué la fierté de plusieurs générations qui ont contribué par la suite au fondement de l'Etat moderne. Toujours est-il, en ces moments de festivités célébrant l'Indépendance, certaines voix s'élèvent pour contester la nature même de celle-ci et rappeler la dépendance financière et économique de la Tunisie vis-à-vis des institutions financières internationales. La souveraineté de la Tunisie est remise en cause par plusieurs parties politiques et syndicales, considérant qu'au vu de la crise économique actuelle, le pays ne peut et ne fait qu'obéir aux édictions desdites instances, dont plus particulièrement, le Fonds monétaire international (FMI).
Loin des critiques obéissant à de la politique politicienne ou à des considérations d'ordre syndical et à des agendas particuliers, une des analyses, rationnelle et objective pour résumer ces orientations, est celle émise par l'expert économique et financier, Taoufik Baccar, ancien ministre et ancien Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Pour lui, l'accord avec le FMI a été, manifestement, mal négocié. Et d'expliciter en substance : « Je ne parle pas du contenu de l'accord car pour moi, il était inéluctable au vu du mauvais démarrage de la prise en charge, dès l'année 2011, des questions économiques et financières et de la marginalisation de celles-ci depuis la période de la troïka, mais de son échéancier et de ses conditions d'application. Cet accord dois-je le rappeler, fait d'abord l'objet de discussions avec l'Administration et le gouvernement pour être par la suite adopté par l'ARP… » Il faut dire aussi que les gouvernants ont commis bien d'erreurs à l'orée de la révolution, plus précisément avec l'avènement de la Troïka. Une de ces erreurs est, de l'avis général des spécialistes, celle d'avoir voulu, à tout prix, rompre avec le passé qui compte, pourtant, certains aspects positifs, notamment au niveau économique.
Ainsi, la mauvaise négociation avec les institutions financières internationales n'est pas l'unique défaut commis par le pouvoir postrévolutionnaire. En entrant dans certains détails, on constate l'existence de bon nombre d'autres faux-pas. On peut citer cette manie de financer des dépenses budgétaires récurrentes dont l'augmentation des salaires et autres recrutements en puisant dans des ressources telles celles provenant de certaines privatisations ; ou cette libéralisation des taux de change sans les garanties adéquates pour défendre le dinar. On mentionnera, également, cette nonchalance d'avoir permis la rétrogradation d'une notation souveraine à 6 reprises d'affilée sans réagir. Et les cas de mauvaises décisions et approches ainsi que les erreurs d'appréciation sont multiples. Pourtant, la Tunisie regorge de compétences à la réputation solide et reconnue sur le plan internationale. Ce qui fait dire et répéter aux experts que notre pays paie les frais de cette volonté délibérée pour la rupture avec le passé.
D'autre part, force est de constater qu'hypothéquer l'avenir, donc, l'indépendance de la Tunisie, provient de cette impuissance de tous les gouvernants depuis 2011 jusqu'à nos jours, à imposer le respect de l'état de droit et des institutions et à appliquer les lois, un des principes élémentaires de toute démocratie. Et dire que Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes ont fait de la restauration du « prestige de l'Etat » un de leurs slogans et crédos pour le quinquennat 2014/2019. Mais rien n'a été fait sur ce plan et les différents gouvernants ont passé leur temps à se chamailler et à se tirailler sans jamais parvenir à imposer cet état de droit par la force de la loi. Les résultats ne se sont pas fait attendre avec la multiplication des concessions face aux mouvements sociaux et aux revendications de tous bords, même celles provenant de petits groupes sans oublier, bien entendu, les demandes syndicales dans les différents secteurs dont celui de la Fonction publique, de l'enseignement, du bassin minier ou de l'énergie qui coûtent énormément à la trésorerie de l'Etat.
Ce sont, donc, toutes ces causes qui obligent le pouvoir à se retrouver dans une sorte de cercle vicieux de recours aux crédits tous azimuts afin de satisfaire aux exigences des uns et des autres. Par voie de conséquence, le pouvoir tourne en rond dans le tourbillon des crédits à n'en plus finir s'est mis à la merci de ces instances financières internationales dont il est plus que dépendant.
En tout état de cause, la fête de l'Indépendance demeure pour les Tunisiennes et les Tunisiens un motif de fierté et un fait déterminant pour l'avenir de la patrie. Et abstraction faite de toutes les difficultés, le 20-Mars doit être l'occasion pour réfléchir à l'avenir du pays et aux perspectives de son développement, notamment, en cette période de crise, où l'on reproche au gouvernement, ainsi qu'à l'Etat de manière générale, un manque de vision et l'absence de programmes.