Peu importe comment on fait la rétrospective d'une année, mais le bilan de 2019 n'a rien de réjouissant. Le constat est sans équivoque : l'année qui vient de s'écouler laisse un héritage qu'on peut, sans exagérer, qualifier de lourd. Une année difficile à tous les niveaux et sur tous les indicateurs et en particulier l'endettement qui s'est nettement aggravé et qui a un grand impact sur le contexte social, rendant les défis de 2020 et les années qui suivent plus difficiles. Pour un bon nombre de Tunisiens, l'année 2019 n'a pas été une année facile, mais plutôt une période difficile à bien des égards. Le Tunisien a dû avaler bien des couleuvres, dont notamment la baisse du pouvoir d'achat, le problème principal des ménages qui ont du mal à joindre les deux bouts à la fin du mois. Beaucoup sont exposés au risque de pauvreté, voire vivent déjà dans la pauvreté. Nous pourrions allonger la liste, mais il est regrettable que ce soient le citoyen moyen, les salariés et les retraités qui payent et assurent la majeure partie des recettes fiscales. D'ailleurs, la réforme fiscale et la guerre annoncée contre la corruption, dont chaque gouvernement a fait son cheval de bataille, n'ont jamais allégé les charges pesant sur les petits et moyens revenus. Année après année, c'est la déception qui est plutôt la norme. Il semble que les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011aient un rapport problématique avec le concept social. Encore une année qui n'aura pas été de tout repos pour les Tunisiens, secoués, il est vrai, par plusieurs épreuves et qui souhaitent une plus grande justice sociale. Une justice qui rompe impérativement avec tout ce qui est entrepris actuellement et qui risque de perdurer. L'on sait qu'on va nous reprocher de tomber dans un pessimisme radical. Nous serions certes heureux de commenter les bonnes nouvelles, mais elles sont jusqu'à présent rares dans la vie quotidienne des tunisiens. Neuf ans après la révolution, on est de plus en plus convaincu que la gouvernance de la Tunisie dans sa grandeur nature est toujours inaccessible à ceux qui n'ont pas le profil adéquat. Surtout par rapport à ce qui est demandé dans le contexte actuel. Non, la Tunisie n'est pas encore guérie. Elle demeure clairement fébrile sur les plans économique et social. De manière générale, les gouvernements se suivent et se ressemblent. Et ce ne sont pas les quelques éclaircies qui vont rassurer sur l'avenir du pays. Souhaitons quand même qu'en 2020 nos politiques se montrent plus conscients des intérêts communs qui, au-delà de leurs désaccords et conflits, les lient les uns aux autres ; qu'ils se rendent compte que la Tunisie a besoin du concours de toutes les parties prenantes pour avancer sur la voie du progrès matériel et moral.