Le régime du transport international routier, très avantageux, n'est pas encore appliqué en Tunisie, ce qui constitue un handicap pour le développement des échanges de marchandises Bien qu'il offre plusieurs avantages, le carnet du transport international routier (TIR) n'est pas encore appliqué en Tunisie. Pourtant, on en parle depuis des années, d'autant plus que le gouvernement tunisien a ratifié la convention relative au transport international des marchandises — sous le couvert des carnets TIR — le 2 juillet 1977 et a désigné la Chambre de commerce et d'industrie de Tunis (Ccit), le 21 octobre 1980, en tant qu'association garante des carnets en question. Pour étudier l'application du régime TIR, en Tunisie, sur le plan logistique et législatif, et analyser les obstacles et les contraintes qui empêchent la mise en œuvre dudit régime, la Ccit a organisé, le 30 septembre 2015, dans un hôtel à Tunis, une journée d'information sur «la dynamisation du régime TIR en Tunisie». Logiciel informatique de suivi Selon M. Mournir Mouakher, président de la Ccit, «le régime TIR a été mis en vigueur par la Chambre, le 24 juillet 1992, avant d'être réactivé le 1er mars 2002, et ce, conformément à de nouveaux amendements et procédures, en l'occurrence l'accord SafeTIR (logiciel informatique de suivi des carnets TIR). Désormais, le rôle de la Ccit est d'assurer le suivi des opérations et des carnets TIR étrangers sur le territoire tunisien et non pas l'émission de ces carnets». Pourtant, la Ccit paye annuellement à l'Union internationale des transports routiers (IRU) environ 9.000 DT pour garantir son droit comme membre actif. En plus de la Tunisie, l'Algérie — signataire de la convention TIR — n'a pas encore appliqué ce régime de carnets de transport international. C'est aussi le cas pour la Libye qui n'a pas encore signé l'accord. D'où la nécessité, comme l'a proposé le président de la Ccit, «de réexaminer la situation actuelle du régime TIR avant de le réactiver afin d'aider le secteur du transport terrestre des marchandises à se développer». Par ailleurs, la deuxième phase du projet EuroMed du transport ferroviaire, routier et urbain a été évoquée par M. Michalis Adamantiadis, chef d'équipe et expert dans le domaine du transport routier (projet Euromed RRU). Financé par l'Union européenne, le projet RRU, qui a atteint sa quatrième année, concerne 10 pays dont la Tunisie, où se trouve son bureau. Il vise la facilitation et la sécurité du transport terrestre ainsi que l'échange d'expériences entre les pays ciblés. Nouvelles activités planifiées En Tunisie, les interventions ont été axées sur la sécurité routière, la législation, la formation des conducteurs professionnels, les voyages d'études... De nouvelles activités sont planifiées dans le cadre de ce projet, dont un voyage d'étude en Turquie pour bénéficier de l'expérience de ce pays dans le domaine du transport terrestre. Au programme, également, des sessions de formation et une assistance technique sur la législation et la sécurité routière, et ce, pour fournir des connaissances aux transporteurs professionnels. De son côté, M. Jean Acri, consultant senior en transport et facilitation des passages des frontières (projet Euromed RRU), a indiqué qu'à la faveur de la convention TIR «il est possible que les véhicules transportant des marchandises franchissent les frontières dans un environnement sécurisé. Un système d'autorisation aux frontières est appliqué, mais les procédures sont simplifiées grâce à l'utilisation d'un document unique, en l'occurrence le carnet TIR qui est disponible en document papier. En Europe, on utilise déjà le numérique pour faciliter le contrôle. «La Tunisie étant essentiellement une économie de sous-traitance, ses échanges commerciaux avec l'Europe sont importants et a, donc, intérêt à appliquer le régime des carnets TIR», estime l'expert. Mais au préalable, le secteur du transport des marchandises doit être adapté en prenant en compte certains éléments comme la qualification du conducteur — D'où l'importance de la formation — les spécificités du véhicule à utiliser... La Ccit a étudié la situation du secteur en collaboration avec des experts et a émis certaines recommandations comme, à titre d'exemple, la nécessité d'identifier les flux des marchandises, des opérations, des transporteurs et des opérateurs qui pourraient bénéficier des avantages économiques offerts par le régime TIR. Il s'agit aussi de réaliser une analyse comparative des coûts et bénéfices de quelques opérations typiques entre celles qui sont exécutées sous le régime TIR et celles qui ne le sont pas. La Ccit souhaite également organiser une campagne d'information et de communication ciblée sur les opérateurs économiques, qui peuvent potentiellement bénéficier d'une utilisation du régime en question. Les agents des douanes tunisiennes devraient, quant à eux, être sensibilisés à la prise en charge des carnets TIR. Il est possible, de même, d'entreprendre une action politique concertée auprès du ministère des Finances (douanes) et celui du transport pour la préparation et la publication d'un décret qui désigne la douane en tant qu'autorité compétente chargée de l'examen et de la délivrance des habilitations TIR aux transporteurs.