Pauvre en énergies fossiles, la Tunisie est contrainte d'importer une grande partie de ses besoins en hydrocarbures du marché international, subissant les hausses des cours constatées de temps à autre. Le déficit de la balance énergétique s'établit à 435,5 MD (44,9% du total du déficit) en janvier 2020 contre 466,9 MD durant le mois de janvier 2019. Ces indicateurs montrent que notre pays est encore dépendant de l'étranger en matière d'énergie et particulièrement d'hydrocarbures. Les cours au niveau du marché international connaissent régulièrement des fluctuations avec des révisions des prix à la hausse, et c'est l'Etat qui doit dépenser des sommes faramineuses pour importer ces quantités de pétrole pour satisfaire une demande de plus en plus importante, compte tenu de l'évolution du parc des véhicules particuliers et utilitaires et des unités de production industrielle. Au niveau de la production nationale, les quantités de pétrole découvertes dans les champs pétrolifères tunisiens sont plutôt faibles et ne permettent en aucun cas de satisfaire tous les besoins. A noter que la Tunisie accorde, à travers le ministère chargé de l'Energie, des permis de prospection et de recherche pour des firmes internationales afin d'effectuer les travaux nécessaires (études sismiques, prospection, reconnaissance) en vue de découvrir les gisements de pétrole ou de gaz. L'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (Etap) entre en partenariat avec ces firmes afin de bénéficier d'une part de bénéfice au cas où les champs pétrolifères découverts s'avéreraient concluants. Or, les travaux effectués depuis quelques années ont confirmé la pauvreté du sol tunisien en ressources énergétiques fossiles capables de fournir un grand débit de pétrole exploitable par les différents secteurs économiques. Des perspectives incertaines Pour les années à venir, la Tunisie est obligée de continuer à importer une grande part de ses besoins. Mais ce qui est possible au niveau intérieur, c'est de rationaliser l'utilisation de l'énergie pétrolière en évitant le gaspillage autant que faire se peut. A noter que l'Etat a procédé, il y a quelques années et sur recommandation du Fonds monétaire international (Fmi), à la mise en place d'un mécanisme de régularisation du prix des hydrocarbures au niveau local en tenant compte des cours pratiqués sur le plan international. Ainsi, la fluctuation des prix se répercute directement sur les prix de vente au détail soit par la hausse, soit par la baisse. Cette mesure est mitigée mais la plupart des consommateurs exigent que l'Etat continue à compenser les hydrocarbures vu leur prix qui connaît de temps à autre une flambée inquiétante. Le marché des hydrocarbures en Tunisie se distingue aussi par le commerce parallèle. Certaines personnes importent, d'une façon illégale du carburant de Libye ou d'Algérie pour le vendre à prix réduit dans le circuit informel. La qualité de ce carburant est mise en doute mais plusieurs citoyens ne s'empêchent pas d'en acheter au lieu de se rendre dans les stations-services pour acquérir un produit sûr et fabriqué conformément aux normes. Sur certaines routes isolées, des contrebandiers vendent du carburant dans des bidons en plastique à des prix défiant toute concurrence. D'où la nécessité de renforcer les rondes de contrôle dans toutes les régions pour arrêter ces contrebandiers. Projets de gaz naturel Pour ce qui est du gaz naturel, la situation n'est pas plus reluisante dans la mesure où les champs gaziers découverts ne sont pas nombreux non plus. L'Etat a annoncé qu'un important projet de connexion des régions du Nord-Ouest au gaz naturel sera réalisé pour permettre aux habitants de ces zones de bénéficier d'un minimum de confort de vie. Récemment, le champ « Nawara » de gaz naturel a été inauguré par le chef du gouvernement, mais une grève y est annoncée les prochains jours. Une telle décision syndicale vient mal à propos d'autant plus que le champ en question n'est pas encore opérationnel à plein régime. A la faveur du gazoduc algérien qui passe par le territoire tunisien pour approvisionner l'Italie, depuis des années déjà, la Tunisie a droit à une redevance ainsi qu'à une part du gaz algérien, ce qui permet d'augmenter l'offre en matière de gaz naturel. Il fut un temps où l'Etat encourageait les unités industrielles de production ainsi que les ménages à utiliser le gaz naturel au lieu du gaz pétrolier liquéfié (Gpl) qui est plus coûteux. Ainsi, plusieurs entreprises ont effectué leur transition en se connectant au réseau du gaz naturel. En milieu urbain, presque toutes les familles ont introduit ce gaz même si certaines familles continuent encore à utiliser les bonbonnes de gaz Gpl. Après la révolution, les députés ont exigé une révision de certains permis de prospections de pétrole ou de gaz, et ce, pour préserver les intérêts supérieurs de l'Etat. Une telle mesure n'a pas été appréciée par certaines firmes qui n'ont pas voulu renouveler leur permis. Désormais, en tout cas, toute demande de permis de prospection doit être approuvée par le pouvoir législatif pour entrer en vigueur. Il s'agit de bien examiner les différentes clauses du contrat avec la firme étrangère qui sera chargée d'effectuer les différents travaux et études avant de commencer la prospection sur le terrain.