Au rythme des chants et de la poésie patriotiques à la gloire des martyrs de la révolution algérienne du 1er novembre 1954, l'événement a été célébré lundi dernier en grande pompe dans la splendide résidence diplomatique située aux Berges du Lac. Les icônes nationales politiques, des affaires et médiatiques étaient au rendez-vous. Des représentants de chancelleries arabes et occidentales également. L'ambassade d'Algérie, le grand voisin et frère historique, a ratissé large en accueillant et en réunissant nouveaux et anciens ministres et même de l'ancien régime, parlementaires et représentants d'instances constitutionnelles et de la société civile tunisienne. A l'occasion de ce genre de rencontres, surtout en terrain ami et en présence de personnalités importantes et publiques, les rancœurs, les adversités et les vieux démons se dissipent pour laisser la place aux salutations chaleureuses, aux accolades des grandes retrouvailles et aux larges sourires complices. La circonstance était donc la bienvenue en ces jours de grave crise politique et de, paraît-il, scandale politico-financier. Ainsi donc, outre le chef du gouvernement, Habib Essid, et quelques-uns de ses ministres dont Taïeb Baccouche et Zied Laâdhari, les hauts représentants de Nida et d'Ennahdha étaient présents. Du côté de Nida : Mohamed Ennacer, Mohsen Marzouk et Ridha Belhaj, essentiellement. Du côté d'Ennahdha : Rached Ghannouchi, Lotfi Zitoune, les frères Laârayedh, Houcine Jaziri, principalement. De l'ex-Troïka, Ettakattol représenté par Mustapha Ben Jaâfar et Mohamed Bennour. De l'Ugtt : Bouali Mbarki. Du côté des députés, Mehdi Ben Gharbia du Bloc démocratique est accueilli en star. La bombe médiatique qu'il a lâchée deux jours plus tôt, en l'occurrence l'affaire de la banque Lazard, n'est pas encore oubliée. Le député déclare à La Presse qu'il ira jusqu'au bout : «Jusqu'à la démission du ministre». Affaire à suivre, bien sûr. La célébration de la révolution au 1 million et demi de martyrs a été aussi l'occasion des grands échanges et propos, ceux-là mêmes qui font particulièrement référence à l'histoire et aux batailles communes pour la liberté et pour la dignité. Pour l'Algérie et la Tunisie, ce sont des pans de l'histoire qui sont partagés. La Tunisie ayant soutenu la révolution algérienne et l'Algérie celle tunisienne. L'avenir est annoncé avec optimisme : «Les relations entre l'Algérie et la Tunisie sont exemplaires tout comme la coopération bilatérale qui se renforce de jour en jour», a déclaré Habib Essid. C'est, en effet, dans les moments difficiles qu'on reconnaît les amis : «Après les attentats sanglants du musée du Bardo et de Sousse, l'Algérie a soutenu la Tunisie moralement et financièrement», a affirmé S.E. l'ambassadeur d'Algérie en Tunisie. En termes d'échanges, de coopération et de soutien mutuel, il faut croire que les deux peuples, tunisien et algérien, aspirent à davantage de rapprochement, d'ouverture et d'opportunités pour l'avenir de la région.