Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Mohamed Hammadi JARRAYA, Expert en économie, Président de l'observatoire Tunisia ProgresS à La Presse: « Il faut réformer le système politique actuel »
Mohamed Hammadi Jarraya, expert en économie, président de l'Observatoire Tunisia Progress, analyse la situation économique et propose des solutions qui pourraient contribuer à sauver une économie sinistrée. La reconstitution d'un nouveau gouvernement risque de retarder le déblocage d'une nouvelle tranche d'un financement étranger, qu'en pensez-vous ? Les partenaires financiers ont besoin de vis-vis stables pour les négociations. Malgré la continuité de l'Etat et de ses engagements, la vision stratégique et l'approche politique changent d'un gouvernement à un autre. La fréquence des changements peut être un facteur de blocage pour «instabilité politique». Quelles que soient sa forme et ses conditions, la décision d'accorder un financement se base sur une appréciation des risques. Le «rating» est une référence importante pour les bailleurs de fonds à l'international. La notation souveraine de la Tunisie, par les agences spécialisées, est influencée à 50% par l'environnement politique. Tout changement de gouvernement nécessite des délais légaux et une période de faits, imposée par les négociations politiques. La conséquence de ces délais serait le report des mises en place et déblocages des crédits. Pire encore, pour l'année 2020, déjà sinistrée, on enregistrera plus de récession économique avec une croissance négative du PIB d'environ -13%. Les tiraillements politiques risquent de porter atteinte aux finances publiques, comment résoudre ce problème ? Les finances publiques et l'économie, de façon générale, doivent être préservées des tractations politiques. Il faut réformer le système politique actuel, compte tenu des échecs essuyés depuis son instauration. Il faut redonner les reines à un seul capitaine au bord du navire. En quelques jours, la France vient de changer de gouvernement. C'est un modèle qui pourrait être suivi. Le retour au Conseil économique et social, comme autorité d'étude, d'encadrement et de conseil serait vivement recommandé. Comment atténuer, selon vous, les effets du coronavirus et stimuler l'investissement ? Il faut redonner la confiance aux investisseurs et arrêter la diabolisation des hommes d'affaires. Il faut incriminer le blocage ou le sabotage de la production nationale : phosphate, pétrole et tout produit national. Le retour au «collectivisme» spontané, entre les jeunes surtout, avec des mécanismes réels, serait une bonne chose. L'activation des conseils régionaux, à vocation économique, pourrait aider à résoudre certains problèmes spécifiques. La pression fiscale (30%) a entravé tout effort de relance de l'investissement. A ce titre, nous avons besoin d'une réforme audacieuse. A mon avis, il faut réduire la pression fiscale à 15%, avec une priorité à la taxe unique sur le chiffre d'affaires (contrôle plus facile), l'abolition de l'impôt sur les bénéfices et la suppression de la retenue à la source sur les dividendes.