En responsabilisant cette main-d'œuvre, que l'on suppose volontaire et disposée à relever bien des défis pour se mettre au service de la famille et de l'employeur, il est possible de créer une dynamique insoupçonnable au service de notre économie. On dirait que c'est la mode. Pour se débarrasser d'un problème qui se veut urgent, on crée une «société de l'environnement de plantation et de jardinage». Pour en faire quoi ? Personne ne le sait ou du moins, faute de conviction, on donne l'impression de naviguer à vue avec l'espoir de franchir un gué et pour boucler un dossier. Combien y a-t-il au travers du territoire de «sociétés» pareilles et qui ont été créées pour clore un dossier de revendications et faire taire ceux qui, le ventre vide, ont quitté leurs domiciles, abandonnant femmes et enfants pour bloquer une route, fermer une vanne ou...brûler quelque chose ? Presque tous les dossiers en suspens ont été réglés de cette manière. C'est la corde au cou que l'on a négocié et nul ne sait comment se terminera ce feuilleton à plusieurs épisodes. Bien entendu, nous passons sur les fondements juridiques de pareilles façons de protester. On a tous les droits pour protester, donner son idée, proposer et observer une grève de la faim aux dépens de sa santé, mais nul n'a le droit de « bloquer un instrument de production ». C'est le secrétaire général de l'Ugtt qui l'a dit et il sait de quoi il parle. Maintenant que le... mal est fait, ces «sociétés de l'environnement, de plantation et de jardinage», on doit absolument en faire des outils de production. De la rentabilité de ces sociétés La Presse a proposé dans une de ses dernières éditions de faire le nécessaire en planchant sur une future rentabilité de ces sociétés que l'on monte sans projet, et nous avions donné l'exemple de ce qu'ont fait les soldats de notre Armée nationale dans le désert tunisien. Grâce à leurs efforts, ils ont transformé ces étendues désertiques en oasis verdoyantes où, aux côtés des palmiers dattiers de la meilleure qualité, poussent des primeurs qui constituent de véritables ressources à même de conforter l'agriculture et d'ouvrir de nouveaux horizons pour l'économie tunisienne. Bien entendu, l'Armée nationale possède deux atouts majeurs : les moyens et... la discipline. Ce deuxième point, cette qualité incontournable, est le propre de cette très honorable institution vouée à la sécurité et à l'expansion du pays. Une qualité que l'on ne peut acquérir du jour au lendemain et que l'on inculque dès le jeune âge pour sensibiliser et montrer le chemin à suivre. Elle devient une condition sine qua non de réussite. La seconde condition n'est autre que la logistique et les moyens. L'Etat, ne l'oublions pas, tel que c'est le cas dans tous les pays du monde, est le plus grand employeur. C'est l'employeur potentiellement le plus riche, étant donné qu'il possède des terres, des édifices de tout calibre, les richesses qui se trouvent à la surface de la terre ou enfouies et, surtout, détient la Bourse et la décision. Il dormait sur ses millions Ce qui se passe actuellement chez nous, et d'ailleurs dans tous les pays sous-développés, ressemble à l'histoire de ce vieux que l'on trouve, une nuit d'hiver, gisant à même la chaussée en train de rendre l'âme. On le transporte aux urgences et on découvre à sa mort qu'il possédait des dizaines de millions, enfouis quelque part, et dont il n'a jamais bénéficié pour vivre une vie normale ! Les raisons (aussi bêtes que la mort qui l'a frappé): il est le seul à les connaître. Mais si nous ignorons les mobiles du vieux, nous ne saurons ignorer ceux qui font que l'Etat possède des richesses qu'il refuse tout simplement d'exploiter. Et nous en venons aux « sociétés de l'environnement de plantation et de jardinage ». Ces sociétés, que l'on crée à tour de bras, doivent absolument devenir productrices. Il faut qu'on les adapte à la géographie des lieux, aux possibilités spécifiques de chaque région et qu'on les mobilise pour en faire cet outil de production qui enrichira l'Etat et donnera à ceux qui y travailleront la dignité, en se sentant rentables et utiles. Pour alléger la misère Actuellement, pourquoi le cacher ? Aussi bien au niveau des observateurs avertis qu'à celui du simple citoyen, ces «sociétés» constituent de véritables boulets que l'on traînera indéfiniment. Tout le monde comprend que c'est dans l'urgence qu'on les a lancées, ne serait-ce que pour alléger la misère de ceux qui, diplômés ou sans aucune spécialité ni connaissances, sont dans le besoin, alors qu'ils ont à leur charge des familles. Mais cette compréhension finit par s'estomper face à la durabilité du phénomène. Jusqu'à quand paiera-t-on des gens à ne rien faire ? Sommes-nous à court d'idées pour «trouver l'astuce» qu'il faut à l'effet de les impliquer dans une économie complètement asphyxiée par les dettes et qui se retrouve avec des dépenses, non rentables, dont personne ne connaît la fin ? Ces terres que l'on récupère, ces biens que possède l'Etat et qui pourraient devenir encore plus rentables au bénéfice de toute la société, ne devraient, en aucun cas, devenir des poids à supporter, mais bien des appareils de production. Impliquer directement En responsabilisant cette main-d'œuvre, que l'on suppose volontaire et disposée à relever bien des défis pour se mettre au service de leurs familles et de leur employeur, il est possible de créer une dynamique insoupçonnable au service de notre économie. Il faudrait cesser cette frilosité dont font preuve les responsables pour libérer cette énergie. Le fait d'intéresser directement les employés de ces «sociétés de l'environnement, de plantation et de jardinage» pourrait jouer en faveur d'une gestion honnête et surtout efficace. Rien à voir avec ces «offices» que l'on a créés à une certaine époque et qui sont devenus des gouffres financiers. Bien des jeunes voudraient lancer leurs propres affaires. Ils butent contre des lenteurs administratives qui les dégoûtent et finissent par leur souffler la maléfique nécessité d'aller voir sous d'autres cieux ce qu'ils n'ont pu trouver dans leur région, dans leur pays. Alors qu'en Australie, on a besoin au plus de cinq minutes pour créer une société, il nous faut toute une vie pour compléter un dossier, le déposer et attendre, outre-tombe, la réponse qui risque de ne jamais venir ? A quoi sert-il de...constater ? Tous les responsables qui défilent à différents niveaux constatent et avouent qu'il y a trop de paperasse. Qu'ont-ils fait pour mettre un terme à cette maladie contagieuse qu'ils transmettent d'une génération à une autre? Rien. On continue à vous réclamer une montagne de documents qui finiront dans l'humidité d'une cave tout en encourageant ceux qui n'attendent que cela pour vous soustraire un «petit quelque chose» à même de débloquer votre dossier. Et encore. Le sort de ces «sociétés de l'environnement, de plantation et de jardinage » ne doit pas être confié à une «commission» constituée à la hâte, mais à des responsables conscients de ce qu'on attend d'eux, pour étudier la meilleure manière pour en faire un outil de production. Dans le cas contraire, ce sera le meilleur moyen de les enterrer. Si l'on est sincère et qu'on veut tirer bénéfice de cette trouvaille, il est urgent de se débarrasser de ces vieux reflexes et de cette frilosité qui ont déjà figé et dilapidé bien des efforts.