De musique, de chanson, de théâtre, de spectacles, de galas ? Motus, plus rien. Deuxième vague oblige. Les travailleurs «indépendants» se font entendre, bien sûr. Les musiciens, à «plus forte raison». Eux ont campé à «Carthage», réclamant leur droit à la nuit. La nuit des noces festives, leur presque unique gagne-pain. Le ton est même monté l'autre jour. On a menacé de résistance, voire de désobéissance. Parole de syndicat. Qu'en penser, maintenant ? A la vérité, rien de précis. Plaider pour compatir demeure difficile. Les journaliers ont beau rappeler à mars dernier et aux aides promises et non tenues par l'Etat, le corona tue, ne pardonne nul répit. L'exemple de l'été reste vivace. On y a crié victoire finale sur le virus, tôt, trop tôt ; on y a même «moqué» les supposés ratages de l'Amérique et de l'Europe. Résultat: ce que nous écopons aujourd'hui. Un millier de positifs, et une trentaine de décès, au quotidien. Le doute est tel, désormais, l'épidémie est telle et il y a un tel manque de moyens, que nous sommes enclins à donner raison aux uns comme aux autres. Le chômage technique ne peut être imposé aux artistes, soit. Mais confiner le plus possible, essayer de stopper la contagion, de réduire le nombre des atteintes et des décès, y a-t-il, pour l'heure, autre solution pour l'Etat ? Ce que dicte le bon sens, dès lors : D'abord ne plus perdre de temps. Se convaincre, surtout, de l'inutilité de revenir sur les erreurs commises. D'aucuns appellent encore à poursuivre ceux qui ont décidé la réouverture des frontières. Juste, mais le mal est fait. À quoi bon à l'heure où, au contraire, la priorité est de rattraper les manques. D'aller de l'avant. Trouver, ensuite, équilibre entre l'économie et la santé. Beaucoup y échouent encore, ici ou ailleurs. Pas par impossibilité. La vérité, presque toujours, est idéologique. Socialisme face au libéralisme. Idéal social contre pouvoir d'argent. En temps de crise grave la solution est de laisser de côté les credos, on trouvera plus facilement ce qui convient. Le bon et juste milieu. Maîtriser, enfin, les ego. Etre citoyen et humain à la fois. Les musiciens qui ont campé à «Carthage» songent-ils un peu aux victimes possibles du corona ? Idem pour les entrepreneurs libéraux, gardent-ils aussi à l'esprit ce que peuvent être les mérites d'un confinement ?