Encore une mort qui fait très mal. Une fois de plus, un jeune ravi à la fleur de l'âge. Plusieurs zones d'ombre persistent autour de la disparition de Mahmoud Thabet dans un premier temps et la découverte dans un second temps de son cadavre à l'intérieur de son véhicule immergé dans une fosse d'environ cinq mètres de profondeur. Dans quelles circonstances a-t-il disparu ? Pourquoi a-t-il pris le risque après minuit et au moment du couvre-feu ? Comment a-t-il fini dans ce trou béant, comme il en existe beaucoup dans un pays où tout va de travers et où le citoyen peut passer de vie à trépas de la façon la plus absurde, comme dans un égout ou un oued ? C'est que la sécurité du citoyen passe en dernier lieu pour les décideurs et dans certaines zones du pays où la gouvernance locale s'apparente beaucoup plus à une gouvernance en cavale. Certes, il ne faut pas se perdre en conjectures mais plusieurs zones d'ombre persistent autour de la mort du jeune Mahmoud dont la disparition depuis vendredi dernier n'est pas passée inaperçue et a enflammé la Toile. A commencer par sa présence dans une zone abandonnée entre la GP9 et la zone dite «Lac Zéro» à proximité d'un bâtiment relevant de la Steg avant sa mort qualifiée d'accidentelle par le ministère de l'Intérieur dans son communiqué. Autre mystère, l'un des gardiens se trouvant sur les lieux a témoigné qu'il n'a rien vu de suspect dans un premier stade puis s'est rétracté et a déclaré avoir aperçu le véhicule de Mahmoud dans un chantier à proximité du lieu du drame, feux de détresse allumés, le moteur à l'arrêt avant la découverte macabre. Il a cru qu'il s'agissait d'une voiture de police, et n'a pas osé s'en approcher, d'après les confirmations de l'une des amies du défunt sur les ondes d'une radio privée, qui a ajouté que la victime n'était pas de nature à s'aventurer dans de tels lieux et qu'il prenait soin de sa nouvelle voiture. Ses amis confirment, de leur côté, que la victime passait la nuit en leur compagnie à El-Omrane Supérieur quand il a décidé à minuit et quart de sortir pour une affaire urgente en direction de La Marsa. La victime a promis d'être de retour après une demi-heure, pas plus. Il a même posté un bref storie au moment où il était en voiture et a eu des discussions avec ses amis avant sa disparition mystérieuse. Indubitablement, il y a anguille sous roche mais c'est à la police judiciaire de lever le voile sur cette affaire. Les caméras de surveillance confirment que la victime est entrée dans cette zone non fréquentée par les piétons et inaccessible aux voitures en empruntant une piste non bitumée. Il a fini par perdre le contrôle de la voiture, souligne dans son communiqué le ministère de l'Intérieur. Une conclusion qui a fait couler beaucoup d'encre et a soulevé plusieurs points d'interrogation, puisque l'enquête n'est pas encore bouclée. Avant l'autopsie et l'audition des témoins, est-il judicieux de tirer des conclusions à la hâte? Beau garçon, bon vivant, pilote de formation, Mahmoud Thabet s'apprêtait à passer une nouvelle thèse en rapport avec les énergies renouvelables dans un institut privé situé au Lac de Tunis, mais la mort ne lui a pas laissé le temps. En janvier dernier, et en hommage à l'un de ses amis disparus, il a résumé en quelques mots, sur sa page facebook, l'absurdité de la vie en écrivant ceci: « On me répète depuis quelques jours que la vie est parfois mal faite». Il n'avait pas tort.