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Hayet Ouertani, ex-commissaire de l'IVD chargée des réparations et de la réhabilitation: «Réduire les réparations aux compensations matérielles est une grande erreur»
Intervenant lors de la séance inaugurale de la rencontre de lundi juste après le discours de Abderrazak Kilani, Hayet Ouertani, psychologue et ex-présidente de la Commission des réparations et de la réhabilitation des victimes, a tenu à rectifier une donnée du propos du président de la Commission de gestion du Fonds : «La loi cadre relative à la réparation et à la réhabilitation a été consignée dans notre rapport final, publié au Jort en juin dernier. Par conséquent, cette législation se voit également publiée sur le Journal officiel» Hayet Ouertani relève avec beaucoup d'inquiétude la focalisation de Kilani sur les compensations financières : «Où est la dignité des victimes dans une telle vision ? Réduire les réparations à une question de comptabilité est une grande erreur. Cela reviendrait à les stigmatiser en leur donnant une image d'opportunistes et de profiteurs. Au Maroc où le processus de justice transitionnelle a donné la part belle aux compensations matérielles négligeant les autres fondamentaux de la discipline, les victimes continuent à tenir des sit-in pour réclamer aux autorité de l'argent», souligne la psychologue, qui s'inquiète du déficit de stratégie chez le bâtonnier Kilani. Elle revient sur les travaux de sa commission qui a émis une vision globale de la notion de réparations conçue en concertation avec la société civile et les victimes sur la base de plusieurs cycles d'ateliers, de consultations et de sondages d'opinions. Les recommandations de sa commission vont des excuses officielles «à deux niveaux, précise-t-elle, à savoir la reconnaissance des violations et l'engagement à garantir leur non-retour», la restauration des droits, la révision de certaines lois ne protégeant pas les enfants et les femmes... Pour Hayet Ouertani, des actions simples et ne demandant pas beaucoup de moyens pourraient déjà être initiées afin de redonner espoir aux victimes en attente d'un geste en leur faveur depuis dix ans. «Que coûterait à l'Etat la publication de la liste des blessés et des martyrs de la révolution ? Que lui coûterait-il de procurer aux plus précaires un carnet de soins ? Que coûterait à l'Etat de diriger les investisseurs étrangers vers les régions victimes ? Que coûterait au ministère de la Culture de lancer un concours d'idées sur la mémoire ?», s'interroge la psychologue. Toute l'expertise accumulée par l'IVD le long de ses quatre années de fonctionnement à travers ses travaux sur les réparations et la réhabilitation gagnent à être transmise à la Commission de gestion du Fonds. C'est ainsi que des passerelles peuvent être jetées entre des instances travaillant sur une même thématique.