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A la Bibliothèque de la rue Sidi Saber: Une visite hors du temps
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 06 - 2021

Cette découverte/visite dans la Médina de Tunis se mérite. Il s'agit de traversées, de montées, de ruelles, d'enjambements d'étalages de babouches, de petits tapis de prière et de couffins ornés de mains de Fatma. Gare à ceux qui ont le pied hésitant ou la vue défaillante : les dénivellements sont multiples et les chausse-trappes généreuses ! Entre l'imposante « Porte de France », Bab el Bahr, Porte de la Mer, ou vice-versa et notre lieu de rencontre, il y a tout un monde à franchir. Celui du temps. Dès que l'on pénètre dans la première trouée face aux juvéniles fontaines jaillissantes, vous êtes transporté ailleurs. Porte-faix et voyageurs, ménagères et écolières se croisent, s'esquivent, s'ignorent avec souplesse et franchissent allègrement obstacles et pas de portes, chats échaudés et passants pressés. La ville ici n'est pas carrée, rectangulaire, angles droits et bordures d'arbres maîtrisés. Non. Ici c'est la courbe, l'orbe, l'éclatement de la géométrie, le plongeon dans les siècles passés, bien avant le « Monde dit Moderne », inspiré des lignes droites romaines permettant aux armées de circuler librement. Non, trois fois non. Ici on tourne autour du sommet où est juchée la Mosquée Zitouna, d'auguste renommée, par cercles de bon aloi, les teinturiers et les bouchers, puis les vendeurs de légumes, de fruits, puis de tissus, de chéchias et de colifichets, puis les bijoutiers et enfin les plus fins, délicats et rares, les parfumeurs, proches des lieux sacrés.
Vous voilà vous engouffrant dans la rue Jemaa El Zitouna, la bien nommée. Ne prenez pas celle plus à droite, longeant l'ancien consulat d'Angleterre, dite rue de la Kasbah, vous iriez vous perdre du côté de la rue aux Nègres ou de la rue du Divan. Enfilez gaillardement la bonne montée, évitez la troisième ruelle sur votre droite, celle dite « du Bon Secours », et marchez résolument vers la quatrième, entre la rue des Marchands d'huile et celle dite « Moniquettes », qui fleure bon le nom d'une congrégation de Bonnes Sœurs s'inspirant de la mère du grand Saint Augustin. Et là, à une croisée des chemins, une simple pancarte : Bibliothèque Paroissiale, anciennement Ecole des Sœurs de saint Joseph de l'Apparition, qui débarquèrent à Tunis en...1840 ! Et qui, vaillantes, perdurèrent jusqu'en 2001, où elles furent obligées, pour, dit-on, des raisons de « sécurité et d'absence de lieux de détente suffisante pour les élèves », de lever l'ancre.
Mais l'archevêché veillait sur cet antique bâtiment et son patio fleuri, fit discrètement migrer, on ne sait où, la statue de la Bonne Sainte Vierge aux pieds foulant les roses et transforma avec raison ce lieu secret et paisible en « Bibliothèque des Religions », comportant aussi un ample volet « civil ».
Et c'est ainsi que nous arrivons enfin à notre sujet : en ce samedi matin 29 mai 2021, cette nouvelle et déjà renommée Bibliothèque accueillait une « rencontre » d'un type étrange : un moment festif, littéraire et amical autour d'un donateur septuagénaire. En effet, le Père Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis, prêtre de Jérusalem, ayant vécu plus de quarante ans du côté de la Terre Sainte et de la Palestine, accueillait avec chaleur un ami de la Tunisie, François-George (sans « s », car il est franco-britannique, ) Barbier-Wiesser, ancien directeur (2004-2008) des Médiathèques françaises de Tunisie, en écritures François-G. Bussac, autrement dit « Le capitaine », non pas « au long cours », comme son père, mais « des mots ». Ce dernier, en partance pour l'autre côté de la Méditerranée, a fait don de l'essentiel de sa bibliothèque à ce lieu hautement symbolique pour lui. Il s'agit de plus de 300 volumes de romans, classiques, modernes, tunisiens, francophones, d'essais, de mémoires politiques, de poésie, avec six boîtes imposantes de « matériel pédagogique », à savoir une partie des archives de la « Compagnie des Vives Voix », qui aura porté haut durant une décennie (2009-2020) onze saisons de Lectures à haute voix, soit environ 250 soirées uniques et éphémères. Le don comprend aussi l'essentiel des 25 ouvrages publiés par F-G. Bussac, soit en Tunisie (éditions La Nef, et Arabesques), soit en France (éditions L'Harmattan, Orizons, etc.), avec en particulier Le Jardinier de Metlaoui, (L'harmattan, 2009), l'histoire romancée de son grand-père, Henri Wiesser, intendant des Mines de Phosphates à Metlaoui, de 1895 à 1926.
Interrogé par nous, le « Capitaine » nous a révélé cette « signification symbolique ». Il se trouve que sa propre mère, Augusta Wiesser, devenue Mireille Barbier en 1938, avait été ... pensionnaire de 1919 à 1924 dans ce même bâtiment, au temps où les Sœurs y officiaient. Elle l'écrit même au début du roman à elle consacrée par son fils : « C'est tout petit cinq ans... », in-Le Siècle d'Augusta, Orizons, l'auteur nous en a lu ces premières pages, et l'auditoire, réuni ce matin-là par Nadia Jellouli Chauvin, chargée du développement culturel à la Bibliothèque diocésaine, pouvait imaginer sans peine l'entrevue poignante entre cette « toute petite fille », sa mère, maman Rose, et la Sœur Tourière, dans ce même patio plus d'un siècle auparavant...
Et cette lecture-là n'avait rien d'anecdotique. À la veille de la Fête des Mères, elle proclamait l'attachement d'un fils à sa mère, par-delà les ans et les disparitions, et elle annonçait... un bien joli projet d'écritures. En effet, ce moment festif et littéraire était orchestré par un jeune universitaire tunisien, M. Raouf Medelgi, par ailleurs spécialiste de littérature caraïbe, récemment « tombé en amitié » devant les écritures de François-G. Bussac et se proposant de conduire un essai intitulé « Bonjour Monsieur Bussac ! ». Les prémices de cet ouvrage en construction auront été présentées ce samedi-là, en particulier trois des cinq interviews prévues, selon les « grandes lignes » de l'œuvre de l'écrivain. Le style par Madame Maryvonne Radix, agrégée de Lettres classiques ; La littérature jeunesse par Madame Chadia M'Hirsi, inspectrice de français ; Nouvelles et chroniques, par Madame Rabaa Ben Achour Abdelkefi, professeure des Université et écrivaine. Deux autres interviews sont prévues : celle sur Le fil des familles, par M. Hatem Bourial, animateur culturel et écrivain, et Les sensibilités autres, par M. Haythem Haouel, journaliste culturel.
Quand nous vous disions que la Médina de Tunis recelait bien des merveilles...Ne vous laissez pas décourager par les bruits, l'impossibilité saine d'y pénétrer en voiture, les difficultés à ranger son véhicule à proximité. Prenez votre temps, laissez-vous envahir par d'autres « valeurs », et grimpez hardiment. La Bibliothèque Diocésaine est ouverte du lundi au vendredi de 9h00 à 15h00. Le Père Marc, la Sœur Monique et Mademoiselle Karima vous accueilleront, au 9, rue Sidi Saber. Le lieu est propice au calme, à l'étude, aux rêveries et au savoir. Aux rencontres aussi, littéraires ou non. Le catalogue est en ligne et les informations relatives au lieu sont disponibles sur FB : Bibliothèque diocésaine de Tunis.
(En collaboration avec François G.Bussac, écrivain et Raouf Medelgi, universitaire)


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